La nouvelle version de l’avion solaire des Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg vient d’être dévoilée dans la ville helvète de Payerne. Solar Impulse 2 devrait partir pour son tour du monde par étapes de cinq jours et cinq nuits dès mars 2015.

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    Toujours plus grand, toujours plus vite, toujours plus fort. Après les huit records du monde décrochés par Solar ImpulseSolar Impulse 1, devenu le premier avion solaire capable de voler de nuit, de relier deux continents et de traverser les États-Unis, les Suisses Bertrand PiccardBertrand Piccard et André Borschberg voient encore plus grand : faire un tour du monde par étapes.

    Pour relever ce défi fou, l'ingénieur et l'ex-pilote de chasse devaient concevoir un nouvel appareil, plus adapté encore que le premier au périple autour du globe. Après 12 années de calculs, de tests et de simulations, les deux hommes ont présenté ce mercredi 9 avril leur nouvel avion, Solar Impulse 2, immatriculé HB-SIB, devant un parterre de 500 invités et d'une centaine de médias.

    Une obsession : limiter le poids de Solar Impulse 2

    Cet engin innovant ne se distingue pas tant par la technologie utilisée pour le vol, assez classique, que par ses matériaux de constructionconstruction et ses caractéristiques techniques. Malgré son envergure de 72 mètres, soit un peu moins que les 77 mètres d'un Airbus A380, Solar Impulse 2 ne pèse que 2,3 tonnes, contre 270 tonnes à vide pour le géant européen. Sur toute la surface supérieure des ailes, 17.248 cellulaires solaires fines de 135 µm captent la lumièrelumière pour fournir de l'énergieénergie. La précédente version n'en comptait que 11.628.

    Ces cellules photovoltaïques alimentent des batteries lithiumlithium-polymèrepolymère de 260 Wh/kgkg, légèrement plus performantes que celles de Solar Impulse 1. Elles peuvent ainsi faire tourner quatre moteurs électriques de 17,4 ch chacun, situés sous les ailes et entraînant des hélices.


    Cette simulation 3D donne un petit aperçu de cette nouvelle version de Solar Impulse, cet avion solaire amené à faire le tour du monde. © Solar Impulse, YouTube

    Pour limiter le poids du HB-SIB, le squelette de l'avion se compose de fibres de carbonefibres de carbone extrêmement légères, ne pesant que 25 g/m2. À titre comparatif, le papier classique est trois fois plus dense. La cabine, de 3,8 m3, n'est ni pressurisée ni chauffée. Elle doit donc être hermétiquement isolée pour éviter les froids glaciaux qui règnent à 9.000 m d'altitude.

    Le tour du monde par étapes

    Avec un appareil ainsi conçu, les deux Suisses veulent réaliser ce qui n'a jamais été fait auparavant : voler durant cinq jours et cinq nuits d'affilée sans carburant et avec un seul pilote à bord, afin de traverser les océans. En mars 2015, ils comptent se lancer dans un tour du monde de 35.000 km, qui les verra partir du golfe Persique, en direction de la mer d'Arabie, de l'Inde, de la Birmanie, de la Chine, suivi d'une traversée du Pacifique jusqu'aux États-Unis, avant cette fois de traverser l'Atlantique en direction de l'Europe, puis voler vers l'Afrique du Nord, avant de revenir au point de départpoint de départ. Un périple qui demandera du temps, puisque Solar Impulse 2 ne peut pas voler à plus de 140 km/h en haute altitude.

    Le défi est de taille pour les pilotes qui se relaieront étape après étape, amenés à vivre seuls dans un petit cockpit pendant 120 heures. L'intérieur est plutôt cossu et le siège de pilotage est conçu de manière à faire couchette et toilettes. La cabine contiendra aussi les réserves de nourriture et d'oxygène, ainsi qu'un parachuteparachute et un radeau de survie au cas où l'épopée tournerait mal. Au passage, une porteporte latérale a été ajoutée afin de sauter plus vite en cas d'urgence.

    Autre problème à régler : l'inclinaison maximale de l'avion (l'angle des ailes avec l'horizontale). Si un appareil classique peut atteindre sans problème 45°, HB-SIB ne peut pas aller au-delà de 5°, au risque d'une perte de contrôle. Les pilotes porteront en permanence au bras un instrument vibrant qui les préviendra lorsque l'appareil s'approchera de cette limite fatidique.

    L'aéroplane solaire devrait bénéficier d'une autonomieautonomie quasi perpétuelle. Reste à faire en sorte que le pilote tienne aussi bien le coup ! Les deux Suisses s'entraînent déjà. En décembre dernier, Bertrand Piccard tenait déjà 72 heures dans le simulateur.

    Ce projet montre une fois encore que ce défi, qui paraissait impossible aux avionneurs, nous tourne déjà vers l'avenir. Si un tel engin ne tient pas la comparaison dans les performances avec les avions actuels et ne préfigure pas le transport aérien du futur, il montre qu'il est possible d'envisager les énergies renouvelables dans des domaines où on ne les attend pas.