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Page d'un parchemin de la Gesta Danorum, page 1 du Fragments d'Angers, Saxo Grammaticus, Bibliothèque royale de Copenhague
Connu depuis des millénaires, le parchemin a définitivement supplanté le papyruspapyrus à partir du VIIe siècle de notre ère. Complexe à fabriquer, et donc cher, ce matériaumatériau issu de peaux de chèvre, de mouton, d'agneau, de veau ou de porc était traditionnellement utilisé pour la transcriptiontranscription de documents précieux, surtout à partir du XIVe siècle.
Bien plus résistant que le papier, supportant la pliure sans se rompre, le parchemin était aussi considéré comme une matièrematière précieuse qu'on évitait de gaspiller. Ainsi, les vieux exemplaires étaient réparés avec du fil et souvent réutilisés après que l'on en ait gratter l'écriture de textes considérés comme sans intérêt. On obtenait alors ce que l'on appelle un palimpseste (du grec ancien palímpsêstos, gratter de nouveau). De nombreux écrits ont été ainsi perdus, bien que la technologie moderne permette souvent d'en retrouver la trace et le sens.
Beaucoup plus délicate, en revanche, est la datation de ces écrits, ce qui contrarie souvent le travail des historienshistoriens ne pouvant que très difficilement les resituer dans leur contexte, d'autant que datation et origine sont souvent liés.
Timothy Stinson, spécialiste des langues médiévales et chercheur de l'université d'état de Caroline du Nord (Etats-Unis), résume ainsi la situation actuelle : « Une des méthodes les plus utilisées pour déterminer l'origine de tels manuscrits passe par la comparaison des stylesstyles, du langage utilisé ou encore de l'écriture des écrivains de l'époque. Autant de points de comparaison qui n'apportent jamais une réponse définitive aux questions posées ».
Un exemple de palimpseste : le Codex Ephraemi. Musée national de Paris
Une centaine d'animaux dans chaque parchemin
Stinson propose de déterminer l'origine des manuscrits en prélevant un échantillon de l'ADNADN contenu dans les peaux et de l'analyser. Les résultats seraient ensuite comparés avec ceux d'une base de données rassemblant les données ADN des manuscrits et livres de parchemin dont on connaît précisément la date et l'origine. « Chaque livre est un véritable trésor. Il n'est pas rare qu'ils contiennent jusqu'à une centaine de peaux provenant d'animaux différents », ajoute le chercheur.
Il serait alors possible de déterminer quel rapport existe entre les manuscrits tracés sur des peaux d'origine inconnue et ceux provenant de la base de données. Stinson espère que cette mise en corrélation des ADN de provenances différentes permettra de recenser des similitudes génétiquesgénétiques qui pourraient, au minimum, donner une indication sur l'époque et le lieu d'origine des pièces étudiées.
Sur une plus grande échelle, Stinson indique que cette recherche devrait permettre, à terme, de tracer la route commerciale des parchemins à travers l'ensemble de l'Europe médiévale, de précieuses données qui fourniraient de nouvelles indications sur l'industrie du livre à travers les âges.
Le Dr Stinson présentera officiellement le résultat de ses recherches à l'occasion de la conférence annuelleannuelle de la Bibliographical Society of America qui se tiendra à New York le 23 janvier prochain.