Deux à trois ans : c’est le temps nécessaire à un producteur pour assurer sa conversion en agriculture biologique. Un délai nécessaire mais délicat, notamment financièrement puisque pendant cette période, les produits sont vendus à des prix conventionnels avec des coûts pourtant supérieurs. C’est là où PourDemain intervient en assurant en moyenne une rémunération 60 % supérieure aux agriculteurs pour réussir leur conversion.


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    La réalité d'un chiffre dépend de la lecture que l'on en fait. Selon l’Agence Bio, si la France reste leader européen en ce qui concerne la production biologique devant l'Espagne et que les surfaces bio représentent désormais 10,3 % dans la surface agricole française, la part bio de la consommation alimentaire des ménages reste stable à 6,6 %. Encourageant mais nettement insuffisant selon Maxime Durand, cofondateur de PourDemain, si l'on veut pouvoir avoir un effet de massemasse.

    Maxime Durand et Stéphane Delebassé, confondateurs de PourDemain. ©PourDemain
    Maxime Durand et Stéphane Delebassé, confondateurs de PourDemain. ©PourDemain

    Quelle est votre solution ?

    Maxime Durand : Nous aidons les agriculteurs à se convertir au bio avec une marque éthique qui les accompagne et les rémunère pendant cette période délicate. Il faut savoir que cette démarche implique au moins trois années de difficultés et de pertes financières importantes. Un prix juste est alors fixé avec l'agriculteur pour prendre en compte les nombreux surcoûts liés à sa conversion et ses produits sont commercialisés sous la marque PourDemain, anciennement BioDemain, dans les magasins spécialisés et Transition dans la grande distribution. Trois ans après nos débuts sur les marchés lillois, la première marque nationale de soutien à la conversion biologique est aujourd'hui présente dans plus de 2.000 points de vente en France et a déjà accompagné 150 producteurs !

    La gamme des produits PourDemain. © PourDemain
    La gamme des produits PourDemain. © PourDemain

    Pourquoi votre start-up va-t-elle changer le monde ?

    Maxime Durand : Après avoir connu une belle dynamique et une explosion des ventes en 2020, le marché du bio n'est malheureusement pas en grande forme. La faute en partie aux coûts encore trop importants, surtout en période d'inflation comme celle que nous connaissons. Nous devons notamment nous professionnaliser et massifier nos productions pour atteindre des tarifs plus abordables tout en continuant à rémunérer justement les filières.

    C'est un enjeu énorme sur lequel nous avons besoin du soutien des citoyens. Tant que nous n'avons pas atteint des volumesvolumes pour faire pencher la balance en faveur du bio, le changement sera difficile. Il faut aussi que, tous, nous prenions conscience des externalités positives de ce type d'agricultureagriculture qui permet de réduire les maladies, de ne pas épuiser les sols, d'être plus résiliente aux caniculescanicules, d'être moins consommatrice d'eau, etc. Elles ne sont actuellement pas pris en compte par l'État dans ses subventions... À quand un soutien plus direct pour nos agriculteurs ?

    Comment a grandi le projet ?

    Maxime Durand : Après nos études à l'Institut technologique européen d'entrepreneuriat et de management (l'ITEEM) où nous nous sommes rencontrés avec Stéphane Delebassé, également cofondateur, nous avons développé notre conscience écologique pendant deux années avec des expériences dans les biomatériaux, l'agriculture durable, le coaching social ou encore, pour moi, la création de la filiale d'une entreprise néerlandaise spécialisée dans des solutions zéro déchetdéchet pour les festivals. Puis, un jour, l'échec de mon grand-oncle agriculteur breton de convertir sa production en bio nous a donné l'idée de BioDemain. Nous avons intégré l'incubateur Évident et avons bénéficié d'accompagnements, comme Euralimentaire et Pépite France par exemple.

    Le projet s'est mis en place progressivement, d'abord avec trois producteurs, et a pris un coup d'accélération avec le contact d'un magasin lillois qui voulait tester la commercialisation de nos produits. Le bouche-à-oreille a fait le reste. Nous avons juste connu un petit couac fin 2021, à la suite d'une dénonciation d'un gros acteur du marché, avec l'obligation de la DDPP qui nous a contraint à changer de nom car nous n'étions apparemment pas assez clairs sur le fait que nos produits n'étaient pas bio. Pour une marque dont le slogan est Ce produit n'est pas (encore) bio, il faut avouer que c'est paradoxal... Après quelques nuits blanches, nous avons revu un peu nos plans et changé de nom avec PourDemain et de nouvelles ambitions pour accompagner toujours plus loin l'agriculture durable.

    PourDemain est la première marque nationale de soutien à la conversion biologique aujourd’hui présente dans plus de 2.000 points de vente en France et qui a déjà accompagné 150 producteurs. © PourDemain
    PourDemain est la première marque nationale de soutien à la conversion biologique aujourd’hui présente dans plus de 2.000 points de vente en France et qui a déjà accompagné 150 producteurs. © PourDemain

    Quelle est la suite de l’histoire ?

    Maxime Durand : Idéalement, dans cinq ans, j'aimerais que PourDemain devienne une belle PME qui accompagne une majorité d'agriculteurs en conversion bio, puis en bio équitable, en permaculturepermaculture, avec des solutions d'achat-revente, du conseil et de l'aide à la recherche de financements. Nous tenons vraiment à rester à taille humaine. Nous nous considérons comme des éclaireurs qui ouvrent des voies dans lesquelles d'autres acteurs plus importants pourront s'y engouffrer et dynamiser l'approche.

    Si vous étiez Premier ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

    Maxime Durand : La première chose : m'entourer de personnes compétentes (rires). En fait, plus qu'une mesure, c'est une vision à long terme que j'essaierais d'instaurer. Le système ne fonctionne que par à-coups en fonction des crises alors qu'il faudrait plutôt essayer de réfléchir aux solutions d'avenir, investir massivement maintenant pour en récolter les fruits dix ans après. C'est particulièrement important pour l'agriculture bio. Il faut dans le même temps essayer d'en donner l'accès au plus grand nombre, par exemple par une baisse de la TVA ou encore un chéquier alimentation pour l'achat de produits bio ou locaux.

    À quoi va ressembler le monde en 2050 ?

    Maxime Durand : Je ne suis pas très optimiste sur le moyen terme, tant le changement nécessaire et attendu est trop lent à se dérouler. Je suis en fait plus confiant pour 2100 car nous allons affronter tellement de dégâts d'ampleur massive que la population et les pouvoirs publics n'auront plus d'autres choix que de changer radicalement de modèle.

    Quel sujet d'actualité de Futura vous a passionné ?

    Maxime Durand : Sans lien avec le sujet que nous venons d'aborder, et c'est d'ailleurs cette diversité qui fait la grande force de Futura : j'ai lu l'article sur les crampes au mollet en course à pied et la manière de les résoudre... En tant que coureur, j'ai beaucoup apprécié !