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L'hiverhiver est en train de s'installer dans l'hémisphère sudhémisphère sud de Titan, la plus grande lune de SaturneSaturne. Explorant l'univers de la planète géante - ses anneaux, sa cour de petits satellites, etc. - depuis 2004, la sonde Cassini est un précieux témoin des changements qui s'opèrent au sein de l'atmosphère de cet astre de 5.150 km de diamètre, par ailleurs le seul satellite naturel du Système solaire à posséder une atmosphèreatmosphère aussi épaisse. Une fois et demie la pression atmosphériquepression atmosphérique terrestre et quatre fois plus dense, elle s'étend jusqu'à 600 km au-dessus de la surface (voici 10 ans, le module Huygens accomplissait sa descente à travers afin de l'étudier plus en détail).
Ces derniers temps, un grand nuagenuage s'est formé au-dessus de la région du pôle sud, dans les basses couches de la stratosphèrestratosphère à environ 200 km au-dessus du sol où, rappelons-le, la température moyenne est de -180 °C. Révélée dans l'infrarougeinfrarouge par l'instrument CIRS (Composite Infrared Spectrometer), cette formation nuageuse aplatie apparaît aussi peu dense qu'une brumebrume terrestre. En tout cas, « il nous saute littéralement au visage » a indiqué Carrie Anderson du GSFC (Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center de la NasaNasa) qui a présenté ces résultats la semaine dernière lors de la rencontre annuelleannuelle de la division des sciences planétaires de l'AACAAC (American Astronomical Society) dans le Maryland.
L'hémisphère sud de Titan, avec la formation nuageuse qui se développe à son pôle sud, photographié par Cassini le 30 juillet 2013. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute
Les débuts de l’hiver sont rudes sur Titan
Comme nous l'avons appris ces dernières années à travers les différentes études réalisées à partir des données glanées par Cassini : en lieu et place d'un cycle de l'eau sur TitanTitan, nous avons plutôt affaire à un cycle du méthane, un élément qui, dans les conditions qui règnent dans ce monde neuf fois plus éloigné du SoleilSoleil que la Terre, peut être à l'état liquideétat liquide et solidesolide. Il pleut et il neige du méthane (peut-être une fois par décennie, mais abondamment...) et on connaît plusieurs mers et lacs de méthane liquide près des pôles.
À l'instar de nos nuages de vapeur d'eau, ceux de Titan se forment dans la troposphèretroposphère à des températures et pression qui permettent leur condensationcondensation, à la différence toutefois que les ingrédients (hydrocarbureshydrocarbures, nitriles) ne sont pas les mêmes et que la circulation dans son atmosphère de l'airair chaud coule par effet de subsidencesubsidence. Aussi, en rencontrant les couches inférieures de plus en plus froides, la condensation des éléments s'étage, présentant une superposition de brumes à différentes altitudes.
Quand la mission a débuté en 2004, c'était le milieu de l'hiver au pôle nord de Titan. Le grand nuage glacé qui le coiffait alors allait peu à peu s'estomper à mesure que le printemps s'installait (les saisonssaisons y durent un peu plus de 7 ans). À présent, c'est au tour du pôle sud. Le solstice d'hiversolstice d'hiver sera en 2017 dans cet hémisphère.
Au cours des recherches, l'équipe a relevé que la signature spectrale des éléments qui composent le nouveau nuage est la même qu'il y a 11 ans aux antipodes, à la fin de l'hiver : hydrogènehydrogène, carbonecarbone et azoteazote. Cependant, cette signature était plus faible. Pour les chercheurs, cela témoigne que l'arrivée de la « saison froide » sur cette deuxième plus grosse lune du Système solaire se fait plus violemment que son départ. « L'opportunité de voir les premières étapes de l'hiver sur Titan est fascinant », conclut Robert Samuelson du GSFC qui, comme ses collègues, se réjouit de pouvoir suivre l'évolution de ce nuage et, à travers lui, le déroulement de l'hiver ainsi que son intensité. Pour l'instant, « tout ce que nous découvrons au pôle sud nous raconte que l'arrivée de l'hiver austral est beaucoup plus sévère que la fin de l'hiver boréal ».