Alors que certains se préparent à la fin de la Terre en 2012, les scientifiques voient évidemment beaucoup plus loin et travaillent même depuis des années sur un projet pharaonique : une horloge géante qui donnera l’heure et la position des planètes pendant dix mille ans. Juste avant de changer d’année, un petit rappel sur ce projet déjà médiatisé : L'Horloge du Long Maintenant.

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    Daniel Hillis n'est pas un inconnu. Cet informaticien était un grand ami de Richard Feynman et il avait même recruté le prix Nobel de physique dans son entreprise fondée au début des années 1980 : Thinking Machines Corporation. Avec elle, il s'est fait un nom en devenant l'un des pionniers des superordinateurs fonctionnant en parallèle (et non de façon séquentielle). En 1992, la cinquième version de sa Connection Machine, CM-5, était considérée comme l'ordinateur le plus rapide du monde.

    L'ambition de Hillis était, à terme, de permettre de créer un ordinateurordinateur capable de passer le test du Turing. Pour lui, l'une des caractéristiques essentielles du cerveau humain est sa capacité de fonctionner en parallèle. La constructionconstruction d'une première Connection Machine était donc une étape pour réaliser un but qu'il a exprimé à peu près en ces termes :

    « J'aimerais trouver un moyen pour permettre à la conscience de transcender les limites physiques du corps humain. La construction d'une machine capable de penser est vraiment une recherche d'une sorte d'immortalité terrestre. Quelque chose de beaucoup plus intelligent que nous peut exister. Faire une telle machine à penser, c'est ma façon de tendre vers ce but. »

    Après avoir réussi à construire l'ordinateur le plus rapide du monde, Hillis est maintenant préoccupé depuis des années par la réalisation de ce qui pourrait être considéré comme... le plus lent ! En l'occurrence, une sorte de calculateur mécanique capable à la fois de donner l'heure et d'être une horloge astronomique (c'est-à-dire un planétaire) pour l'humanité pendant... dix mille ans !

    Un prototype de l'Horloge du Long Maintenant. © Rolfe Horn

    Un prototype de l'Horloge du Long Maintenant. © Rolfe Horn

    Cela fait maintenant des années que l'on parle de cette horloge qui fait partie des projets de la Long Now Foundation (LNF). Baptisée l'Horloge du Long Maintenant, les principes de son fonctionnement viennent d'être exposés dans un article d'arxiv.

    Des ordinateurs digitaux mécaniques monumentaux et mondiaux

    Les membres de la LNF veulent marquer les esprits et tenter de contrebalancer la tendance générale de l'humanité à penser toujours plus vite et à vivre dans l'instant en prenant des décisions à court terme. Des prototypes de l'Horloge du Long Moment ont déjà été construits en réduction et une première réalisation à grand échelle est en court au sein d'une montagne à la frontière des États du Texas et du Nouveau-Mexique. Une Horloge du Long Maintenant ne doit pas simplement traverser les millénaires comme les pyramides égyptiennes, elle doit frapper les esprits et s'inscrire durablement dans la civilisation et la conscience des gens dans leur vie. Si ce premier prototype en place réussit, des réalisations de grandes tailles et sur plusieurs continents devraient s'en suivre.

    Pour l'un des membres de la LNF, dans tous les cas, indépendamment de la réussite complète du projet : « Cet objet physique sert de point de départpoint de départ pour une réflexion plus générale. Nous voulons inciter les gens à prendre conscience que leurs décisions d'aujourd'hui, même insignifiantes en apparence, ont un rôle important dans le monde de demain. Réfléchir à long terme ajoute une dimension au quotidien ».

    Inutile de dire que la construction d'une horloge mécanique capable de fonctionner de façon autonome pendant dix mille ans, sans pannes et en restant précise, n'est pas une mince affaire. La technologie à employer ne peut être celle des horloges atomiques de Norman Ramsey. Elle se rapproche plutôt de celle de l'ordinateur mécanique de Babbage.

    Une horloge qui peut se corriger même au bout de 100 ans sans Soleil

    Des matériaux particulièrement résistants au temps sont nécessaires, comme du titane, du quartzquartz, du saphir et des céramiquescéramiques. L'énergie devrait provenir de l'exploitation de la différence de température entre l'intérieur de la montagne, où se trouve l'horloge, et l'extérieur. La période du pendule en titane est de dix secondes mais elle n'est pas stable pendant la journée. Bien que l'horloge fonctionne comme un oscillateur mécanique couplé à un ordinateur digitaldigital (lui aussi mécanique) qui calcule un temps solaire à partir d'une équation de temps ainsi que la position de la LuneLune et de plusieurs planètes, l'ensemble doit rester synchronisé avec le vrai temps solaire pendant dix mille ans. Pour cela, un capteurcapteur utilise les rayons solaires au zénithzénith tombant dans un puits. En l'absence de ces rayons pendant une longue période, que ce soit à cause du temps ou d'une éruption volcaniqueéruption volcanique, l'horloge continue à fonctionner en attendant de pouvoir se recaler sur le Soleil.

    Et les concepteurs de l'horloge voient très loin car de cette façon, si l'horloge n'a pas dérivé de plus de 12 heures, elle peut retrouver le temps exact même en n'ayant pas vu la lumièrelumière du Soleil pendant... cent ans ! Elle peut même tenir compte de légères modifications de la rotation de la Terre, par exemple en cas d'accumulation de glace aux pôles ou de redistribution des massesmasses, ce qui changerait le moment d'inertieinertie de la Terre et donc sa rotation.

    L'Horloge du Long Maintenant affichera avec son planétaire la position et la phase de la Lune, l'année tropiqueannée tropique, le jour sidéral, les orbitesorbites des planètes visibles, et la précessionprécession de l'axe de la Terre.