Ils cherchaient de l’ADN de tortues ou de microbes, et ils sont tombés sur de l’ADN humain. Un ADN suffisamment abondant et préservé pour en tirer des informations précises. De quoi pousser ces scientifiques à alerter quant aux problèmes éthiques qui pourraient se poser.


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    Sur les plages, dans les océans, dans les forêts, dans les airs et dans des excréments. Des régions chaudes et humides aux climatsclimats plus frais. Cette fois, ce ne sont pas des microplastiquesmicroplastiques que les chercheurs de l’université de Floride (États-Unis) et de l'université d’Osaka (Japon) ont trouvés -- indépendamment les uns des autres -- un peu partout dans le monde. Mais des traces de vie humaine. Des morceaux d’ADN -- les scientifiques les qualifient de eDNA pour « ADNADN trouvé dans l'environnement ». Un peu partout sauf sur des îles et des sommets isolés.

    Des morceaux d'ADN de très bonne qualité, en plus. À tel point qu'ils ont pu identifier des mutations associées à des maladies, déterminer l'ascendance génétique des populations voisines. Et même retrouver l'ADN errant de quelques volontaires. De quoi donner l'espoir de pouvoir suivre les mutations cancéreuses dans les eaux uséeseaux usées ou repérer des sites archéologiques non découverts en recherchant l'ADN humain caché. Des détectives pourraient même identifier les suspects à partir de l'ADN flottant dans l'air d'une scène de crime.

    De l’ADN humain peut même aujourd’hui être recueilli dans le sable d’une empreinte de pas, disent les chercheurs. © Alexander Ozerov, Adobe Stock
    De l’ADN humain peut même aujourd’hui être recueilli dans le sable d’une empreinte de pas, disent les chercheurs. © Alexander Ozerov, Adobe Stock

    Une question d’éthique

    Les chercheurs soulèvent toutefois un problème lié notamment à la facilité avec laquelle ils ont pu collecter ces ADN humains dans des tas de sablesable, dans des flacons d'eau ou dans l'haleine d'une personne alors même qu'ils travaillaient sur de tout autres sujets comme les tortues marines, concernant l'équipe de l'université de Floride. « Nous avons été surpris par la quantité d'ADN présente dans l'environnement. Mais aussi par sa qualité. Elle est presque équivalente à celle d'un échantillon prélevé sur un individu », commente David Duffy, professeur en génomiquegénomique des maladies, dans un communiqué de l’université de Floride (États-Unis). Résultat, des personnes mal intentionnées pourraient être tentées d'utiliser ces données.

    « Chaque fois que nous faisons une avancée technologique, il y a à la fois des choses bénéfiques pour lesquelles elle peut être utilisée et des choses moins bénéfiques. Ce n'est pas différent ici », remarque David Duffy. Et la capacité des scientifiques à exploiter les données ADN ne cessera d'augmenter, confirment ses collègues d'Osaka. « Nous soulevons ces problèmes dès à présent afin que les décideurs politiques et la société aient le temps d'élaborer des réglementations. » Avant que des dérives ne soient observées...