Alors que le printemps vient officiellement de commencer dans l'hémisphère Nord, Futura se penche sur des phénomènes parfois méconnus mais intrigants : les équinoxes et les solstices. Célébrés par diverses cultures à travers le monde, ces événements annuels ont aussi été marqués par la construction d'ouvrages architecturaux remarquables et de rituels parfois étonnants. 


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    Les équinoxes et les solstices marquent le rythme et les saisonssaisons tout au long de l'année. Entre le 20 et le 21 mars, le Soleil traverse l'équateur céleste durant environ 33 heures : la journée sera aussi longue dans l'hémisphère sudhémisphère sud, que dans l'hémisphère nordhémisphère nord. L'équinoxe de septembreéquinoxe de septembre (autour du 20 septembre), fonctionne sur un principe similaire. Quant aux solstices, ils marquent la journée la plus longue en été dans la partie nord de la Terre, le 21 juin. La journée la plus courte étant le 21 décembre lors du solstice d'hiver. Si nous sommes aujourd'hui habitués à ces phénomènes annuels, les solstices et les équinoxes présentaient pourtant un aspect rituel chez de nombreux peuples anciens. À travers le monde, des sites construits il y a plusieurs siècles célèbraient ces événements de façon parfois spectaculaire.

    En décembre 2022, la Nasa célébrait le solstice d'hiver en publiant une photo du coucher de Soleil, à sa position la plus au sud. © Goran Strand, Nasa
    En décembre 2022, la Nasa célébrait le solstice d'hiver en publiant une photo du coucher de Soleil, à sa position la plus au sud. © Goran Strand, Nasa

    Des événements ritualisés, du Mexique au Cambodge, en passant par l’Angleterre

    À l'instar des éclipseséclipses, des comètescomètes ou de potentielles supernovaesupernovae, le mouvementmouvement du Soleil dans la voûte céleste était grandement observé par les civilisations préhistoriques et antiques. Bon nombre de structures étaient taillées pour correspondre au mouvement des astresastres. À 140 kilomètres à l'est de Londres, s'étend l'un des plus fascinants sites mégalithiques. Composé de pierres massives stratégiquement placées, Stonehenge a suscité l'interrogation chez les archéologues et les historienshistoriens durant des siècles. Tantôt haut lieu de rituels druidiques, tantôt constructionconstruction extraterrestre, les hypothèses les plus farfelues ont alimenté l'histoire de Stonehenge. Une certitude subsiste : l'équinoxe de printempséquinoxe de printemps est un événement annuel mis en exergue par la structure. Vers 6 h 00, le matin du 21 mars, le lever de Soleil vient frapper le cercle selon un angle très spécifique, offrant une vision singulière.

    Le site de Stonehenge, en Angleterre, est particulièrement prisé pour ses impressionnantes vues lors des équinoxes et des solstices. © CC BY-SA 2.0, Simon Wakefield, Wikimedia Commons
    Le site de Stonehenge, en Angleterre, est particulièrement prisé pour ses impressionnantes vues lors des équinoxes et des solstices. © CC BY-SA 2.0, Simon Wakefield, Wikimedia Commons

    On retrouve cet effet dans d'autres pays et sur différents sites préservés à travers le monde. Une étude publiée dans Nature en 1976 détaille les observations d'un groupe de chercheurs dans l'enceinte d'Angkor Vat, au Cambodge. En se positionnant à un point précis du complexe, les scientifiques ont constaté que le Soleil s'élevait parfaitement au-dessus de la tour centrale lors de l'équinoxe de printemps. Au Mexique, la pyramide de Kukulkán, construite au XIe siècle, subit un effet saisissant lors des équinoxes de mars et de septembre. La lumièrelumière du Soleil éclaire le temple à l'aubeaube, créant un jeu d'ombre mimant une forme serpentant tout le long de la pyramide. En Égypte, le Soleil se couche derrière les pyramides lors des équinoxes. Mais en 2020, les autorités remarquaient que les derniers rayons de lumière disparaissaient selon un axe très précis, derrière le Sphinx. Des études complémentaires laissent à penser que la chimèrechimère iconique, allongée au pied des pyramides, a été construite à cet endroit précis pour correspondre à la trajectoire de l'astre lors de ces événements.

    Des événements astronomiques majeurs tout au long de l’année

    Les équinoxes et les solstices sont des moments de célébration dans de nombreuses cultures à travers le monde. Plusieurs sociétés amérindiennes profitent de ces phénomènes astronomiques pour tenir des rituels destinés à honorer les dieux. Pour certains peuples, tels que les Zuni Pueblo du Nouveau-Mexique, ces cérémonies portent notamment sur l'agricultureagriculture et l'abondance des récoltes pour l'année à venir.

    Les feux de la Saint-Jean sont célébrés dans l'ouest de l'Europe depuis le Moyen Âge au moment du solstice d'été. Ils sont ici représentés par le peintre Jules Breton en 1875. © Musée des beaux-arts de Philadelphie
    Les feux de la Saint-Jean sont célébrés dans l'ouest de l'Europe depuis le Moyen Âge au moment du solstice d'été. Ils sont ici représentés par le peintre Jules Breton en 1875. © Musée des beaux-arts de Philadelphie

    Antérieurement, dans la Grèce antique, équinoxes et solstices servaient d'outils aux savants pour tenter d'appréhender le mouvement des astres dans le ciel. Des mécanismes comme la machine d’Anticythère, créée au Ier siècle avant J.-C., utilisent mars, juin, septembre et décembre comme référentielsréférentiels. Ce calculateur, composé de rouages et réputé pour sa technicité, permettait d'observer le mouvement des astres et pouvait théoriquement prédire les éclipses. Dans l'Inde médiévale, au IXe siècle de notre ère, les habitants du Kerala commençaient à célébrer l'équinoxe de printemps lors du festival Vishu. Ce dernier est toujours respecté dans le sud-ouest de l'Inde. En France, le solstice d'étésolstice d'été est tous les ans célébré lors de La Fête de la musique, le 21 juin. Si l'on peut attribuer ce choix de date à une coïncidence pure, le Word Music Day se tient dans une centaine de pays à travers le monde à la même date, célébrant le jour le plus long et la nuit la plus courte par le biais de concerts. Toujours en France, les feux de la Saint-Jean découlaient directement d'une tradition médiévale propre aux solstices d'été : de grands feux étaient allumés aux croisements de chemins pour éloigner les esprits impurs, tout au long de cette courte nuit...