Objectif de la prochaine mission Osiris-Rex, l'astéroïde 1999 RQ36 est l'objet de toutes les attentions. Une équipe de la Nasa vient de fournir des résultats très précis sur son orbite, qui tiennent compte de l'infime poussée engendrée par la lumière solaire, un phénomène connu sous le nom d'effet Yarkovsky.  

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    C'est au XIXe siècle que le savant russe Ivan Osipovich Yarkovsky proposa le premier l'idée selon laquelle la lumière solaire pourrait très légèrement modifier la trajectoire dans l'espace d'un corps rocheux lorsqu'elle est réémise sous forme de chaleur. D'autres études menées plus tard par différents chercheurs (O'Keffe, Radzievskii et Paddack) ont permis de préciser l'idée de Yarkovsky en tenant compte de la forme, de l'albédoalbédo et du mouvement de rotation des astéroïdes, conduisant à une modélisation de l'ensemble du processus sous le nom d'effet Yorp. Ce phénomène a déjà été mis en évidence à partir de mesures radar (réalisées sur l'astéroïde 6489 « Golevka »)) puis avec des télescopes optiques dans le cas de 2000 PH5.

    Même s'il est particulièrement faible, l'effet Yorp est suffisant pour modifier sensiblement la trajectoire des astéroïdes, les scientifiques doivent impérativement le prendre en compte pour le calcul de l'orbiteorbite des corps les plus dangereux (susceptibles de croiser la Terre). La mesure la plus précise de cet effet concerne l'astéroïde 1999 RQ36 et vient d'être présentée lors du congrès ACM 2012 (Asteroids, Comets, Meteors) qui s'est tenu du 16 au 20 mai à Niigata (Japon).

     <br />Série d'images radar de l'astéroïde 1999 RQ36 obtenues par l'antenne du Goldstone Solar System Radar en Californie le 23 septembre 1999. © Nasa/JPL-Caltech
     
    Série d'images radar de l'astéroïde 1999 RQ36 obtenues par l'antenne du Goldstone Solar System Radar en Californie le 23 septembre 1999. © Nasa/JPL-Caltech 
    Petite poussée, grands effets

    En 2016 la NasaNasa prévoit le lancement de la sonde Osiris-Rex (Origins Spectral Interpretation Resource Identification Security-Regolith EXplorer) en direction de 1999 RQ36, un astéroïde d'un peu plus de 500 mètres de diamètre qu'elle atteindra en 2020 pour y prélever une soixantaine de grammes à la surface avec de revenir sur Terre en 2023. Steve Chesley, membre du JPL (Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory), a étudié les données acquises sur cet astéroïde par le radiotélescope d'Arecibo à Puerto Rico, l'antenne du Goldstone Solar System Radar en Californie et le télescope spatialtélescope spatial infrarougeinfrarouge Spitzer au cours des passages rapprochés de 1999, 2005 et 2011. Il s'avère que l'orbite de 1999 RQ36 a dévié de 160 kilomètres en douze ans, une modification qui ne peut être attribuée qu'à l'effet Yarkovskyeffet Yarkovsky. La précision de cette mesure est tout bonnement stupéfiante, quand on sait qu'au périhéliepérihélie, lorsque l'astéroïde est au plus près du SoleilSoleil, la poussée exercée par la lumière solaire est comparable à celle de trois raisins posés sur cet astreastre d'environ 70 millions de tonnes !

    Chesley et ses collègues ont également découvert que 1999 RQ36 est un astéroïde très léger, sa densité étant comparable à celle de l'eau. Il s'agit sans aucun doute d'un agglomérat très poreux de roche et de poussière.