Apophis passera au plus près de la Terre en 2029. Ce sera l’occasion pour les astronomes d’affiner leurs modèles. Et de comprendre, au-delà des risques de collision, quelles peuvent être les conséquences d’un passage d’un astéroïde aussi près d’une planète. Des simulations numériques nous en offrent un aperçu dès aujourd’hui.
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Apophis. Il a été découvert en juin 2004. Un astéroïde de quelque 350 mètres et d'environ 27 millions de tonnes. Et l'espace de quelques semaines, la communauté scientifique s'était inquiétée d'un impact possible avec notre Terre en avril 2029. Quelques semaines seulement. Car dès le mois de décembre 2004, des données d'archive ont montré que la collision était très improbable. Et de nouvelles données recueillies depuis - notamment à l'occasion du passage d'Apophis à seulement 17 millions de kilomètres de notre Terre, le 6 mars 2021 - ont encore éloigné le risque. L'orbite de l’astéroïde est désormais suffisamment définie pour exclure, avec certitude, tout impact pendant au moins cent ans.
« La collision n'est pas la seule possibilité dans les événements d'approche comme celui-ci », précise Gabriel Berderes-Motta, chercheur à l’université de Madrid (Espagne), dans un communiqué. « L'interaction gravitationnelle entre une planète et un corps comme Apophis peut modifier la forme du corps, le briser en morceaux, désintégrer d'éventuelles roches détachées à la surface de l'astéroïde ou même éliminer d'autres corps en orbite autour de l'astéroïde (des roches, des satellites ou des anneaux). »
Avec son équipe, il a analysé les caractéristiques physiques d'Apophis. Sa forme. Ainsi que son champ gravitationnel. Et les facteurs qui pourraient influencer sa trajectoire et son angle de pente. La pression de radiation, par exemple. Ou les perturbations dues à ses passages à proximité de la Terre.
Apophis ne s’en sortira pas indemne
Les chercheurs ont réalisé une série de simulations numériquessimulations numériques pour essayer justement de comprendre comment les objets - des particules, essentiellement - en orbite autour d'Apophis pourraient être touchés par un rapprochement avec notre Planète. Dans un premier cas, tenant compte uniquement des perturbations gravitationnelles. Dans un second cas, incluant les perturbations dues à la pression du rayonnement solaire. Le tout par périodes de 24 heures sur une durée de 30 ans. Avec une densité d'objets en orbite variable.
La conclusion, c'est que l'angle d'incidenceincidence de l'astéroïde apparaît plus important pour une faible densité d'objets en orbite (4°) que pour une forte densité (2°). Par ailleurs, lorsque la densité des particules diminue et que la pression du rayonnement solairerayonnement solaire augmente, ces objets en orbite peinent à rester intacts. Et finalement, dans un scénario où Apophis aurait une faible densité, environ 90 % des roches détachées à sa surface seraient arrachées à l'approche de la Terre. Les chercheurs montrent aussi que l'approche d'Apophis pourrait avoir une incidence minime sur les marées et produire quelques glissements de terrain à la surface de l'astéroïde.
Les astronomesastronomes espèrent désormais profiter du passage d'Apophis à proximité de notre Planète en 2029 pour affiner leur modèle. Et mieux prévoir, à l'avenir, les effets que pourraient avoir les événements d'approche d'astéroïdes en général.
L'astéroïde de 350 m Apophis ne représente pas une menace pour les 100 prochaines années
De nouvelles observations de l'astéroïde Apophis excluent tout risque d'impact pendant au moins un siècle. Après 17 ans d'observations et d'analyses d'orbite, l'astéroïde se voit en conséquence retirer de la liste des impacteursimpacteurs potentiels.
Article d'Adrien CoffinetAdrien Coffinet paru le 05/04/2021
L'astéroïde Apophis, qui mesure environ 350 mètres de diamètre, fait régulièrement les gros titres depuis sa découverte en 2004, en raison des risques, faibles mais non nuls, qu'il avait d'entrer en collision avec la Terre lors des décennies suivantes.
Peu de temps après sa détection, les astronomes avaient prédit deux risques d'impact, en 2029 et en 2036. Des observations supplémentaires de l'objet géocroiseurgéocroiseur les ont heureusement exclus. Jusqu'à il y a peu, il restait cependant un petit risque d'impact en 2068.
Impact exclu grâce aux mesures radar
De nouvelles observations radar d'Apophis ont été réalisées début mars par le Goldstone Deep Space Communications Complex de la NasaNasa, en Californie, et le Green Bank Observatory, en Virginie-Occidentale. Ils ont fourni suffisamment de données sur l'orbite de l'astéroïde pour finalement exclure, avec certitude, tout impact avec la Terre pendant au moins 100 ans.
Ces dernières observations ont été possibles car l'astéroïde est passé dans le voisinage de la Terre le 6 mars dernier, à une distance d'environ 17 millions de kilomètres (44 fois la distance Terre-LuneLune). Bien que l'astéroïde fût encore relativement éloigné, les astronomes ont pu mesurer avec précision sa distance et affiner son orbite avant son prochain passage très rapproché en 2029.
Pas de passage dans le « trou de serrure »
La position et l'orbite des planètes sont connues très précisément, mais pour les objets plus petits comme les astéroïdes, l'incertitude est souvent plus grande, surtout quand on en a encore peu d'observations. Pour compliquer les choses, lorsque les astéroïdes passent à proximité d'objets massifs comme les planètes, ils sont déviés et l'incertitude sur leur trajectoire est amplifiée.
Avant les dernières mesures radar d'Apophis, son orbite était connue suffisamment précisément pour prédire une série de passages rapprochés sans risque au cours des prochaines décennies. Le prochain et le plus proche aura lieu le vendredi 13 avril 2029, lorsque Apophis passera à 38.000 kilomètres du centre de la Terre (32.000 kilomètres de sa surface) et sera visible à l'œilœil nu. L'astéroïde sera alors dix fois plus proche que la Lune, plus proche que les satellites géostationnairessatellites géostationnaires (à 36.000 kilomètres d'altitude).
Davide Farnocchia, du Center for Near Earth Object Studies (CNEOS) de la Nasa, explique que, « grâce aux récentes observations optiques et radar, l'incertitude sur l'orbite d'Apophis est passée de centaines de kilomètres à quelques kilomètres seulement lorsqu'elle est projetée jusqu'en 2029 ». Ces observations radar ont réduit l'incertitude sur la trajectoire d'Apophis à un point tel que tout risque d'impact en 2068 ou longtemps après a été exclu.
En conséquence, Apophis a été retiré de la liste des objets à risques de l'ESA et de celle de la Nasa.
« La découverte d'Apophis et les premiers travaux effectués pour suivre et comprendre son orbite ont eu lieu alors que les activités de défense planétaire d'aujourd'hui en étaient encore à leurs balbutiements », explique Juan Luis Cano, du Near-Earth Object Coordination Centre de l'ESAESA.
« Le fait que cela se soit produit à une période aussi précoce dans la discipline a été une forte motivation pour améliorer nos capacités à prédire précisément le mouvementmouvement de ces objets intéressants et potentiellement dangereux. Avec le retrait aujourd'hui d'Apophis de la liste des risques, nous clôturons un chapitre très instructif de l'histoire de la défense planétaire. »
Le gros astéroïde Apophis, qui frôlera la Terre en 2029, a sa trajectoire modifiée
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman, publié le 31 octobre 2020
Tout le monde a entendu parler, ou presque, d'Apophis, astéroïde aussi grand que la Tour Eiffel qui va frôler la Terre en 2029. Sans risques de collisions, comme l'ont montré les calculs des astronomes. Mais de récentes observations invitent les chercheurs à réévaluer les risques pour sa visite de 2068.
Depuis que les astronomes ont découvert, en 2004, qu'Apophis -- (99942) Apophis -- est un astéroïde potentiellement dangereux qui devrait frôler la Terre de très près en 2029, 2036, 2068, 2085, 2088 selon leurs calculs, le corps céleste d'environ 340 mètres de diamètre est devenu célèbre dans le monde entier. Pour son passage à quelque 31.860 kilomètres au-dessus de nos têtes, le vendredi 13 avril 2029 (la date n'est sans doute pas étrangère à sa renommée !) -- nous pourrons voir traverser le ciel à l'œil nu --, les chercheurs certifient qu'il n'y a quasiment aucun risque d'impact avec la Terre. Tant mieux car s'il fonçait droit sur nous, il commettrait des dommages importants à une échelle régionale. Mais, encore une fois, les experts de la Nasa ne redoutent pas de collision, ni en 2029, ni en 2036, ni en 2068.
Quoique... pour cette dernière date, il va falloir revoir les prédictions.
Apophis « s'éloigne d'une orbite purement gravitationnelle »
Lors du meeting Division for Planetary Sciences de l'AAS (American Astronomical Society) qui vient de se tenir virtuellement avec la communauté de chercheurs, Davide Farnocchia, du JPLJPL de la Nasa, a présenté ses derniers calculs de la trajectoire d'Apophis, lesquels tiennent compte de la récente découverte d'un léger effet d'accélération de Yarkovsky observé par des collègues à l'observatoire japonais Subaru, à Hawaï. Cet effet lié à la radiation thermique est très faible et presque imperceptible, mais tout de même suffisant pour obliger les scientifiques à revoir leurs copies.
« Les nouvelles observations [...] montrent que l'astéroïde s'éloigne d'une orbite purement gravitationnelle d'environ 170 mètres par an, ce qui est assez pour maintenir le scénario d'impact de 2068 probable » a déclaré Dave Tholen, de l'IfA (Institute for Astronomy) à l'université d'Hawaï, qui a conduit les observations.
Rien se sert de paniquer néanmoins, car les calculs doivent être réévalués à l'aune des observations à venir du comportement de l'astéroïde. Les astronomes assurent qu'on devrait savoir si Apophis sera oui ou non sur une trajectoire de collision avec notre monde bien avant sa visite de 2068. Affaire à suivre.