Un navire marchand romain a sombré à Majorque il y a environ 1.700 ans. La cargaison qu'il transportait ainsi que les effets personnels de l'équipage ont été rapidement ensevelis après le naufrage et leur préservation exceptionnelle permet de savoir qui se trouvait sur le navire mais aussi de connaître le contenu de la cargaison.


au sommaire


    Il y a environ 1.700 ans en arrière, un navire romain voguait dans l'ouest de la mer Méditerranéemer Méditerranée. Alors qu'il effectuait une escale sur l'île espagnole de Majorque, la plus grande des îles Baléares, ce navire a fait naufrage. Fut-il victime d'une tempêtetempête ou d'un violent orageorage ? Les causes de ce naufrage sont inconnues et l'épave est demeurée cachée des yeuxyeux de tous durant 1.700 ans.

    Il y a trois ans cependant, une tempête estivale a tant remué les eaux de la baie de Palma de Majorque que la carcasse du navire est clairement apparue à plusieurs palanquées. La présence évidente d'un site archéologique ainsi que l'occurrence prometteuse de trésors engloutis a incité le Conseil de Majorque à prendre des mesures afin d'explorer le site. Ce projet Arqueomallornauta est destiné à sauvegarder les restes de l'épave et de ce qu'elle contient.

    Une épave pleine de surprises

    Ce projet durera trois ans, pourtant l'épave n'est pas particulièrement difficile d'accès. Elle se situe en effet à 50 mètres de la plage et repose à deux mètres seulement sous la surface de l'eau. L'incroyable conservation de l'épave a toutefois permis la préservation exceptionnelle de nombreux objets dont la remontée nécessite les plus grandes précautions. Préservation que le navire et ses trésors doivent à leur rapide enfouissement dans les sablessables du fond marin après le naufrage.

    Le navire de 12 mètres de long transportait une cargaison composée de plusieurs centaines d'amphores. © Arqueomallornauta - <em>Consell de Mallorca, Universitat de Barcelona, Universidad de Cádiz, Universitat de les Illes Balears</em>
    Le navire de 12 mètres de long transportait une cargaison composée de plusieurs centaines d'amphores. © Arqueomallornauta - Consell de Mallorca, Universitat de Barcelona, Universidad de Cádiz, Universitat de les Illes Balears

    Le vaisseau mesurait 12 mètres de long et cinq à six mètres de large, il était probablement un navire marchand, à en déduire par la cargaison qui a sombré avec lui. Cette cargaison comprenait en effet des centaines d'amphores contenant du vin, des olives, de l'huile et de garum. Le garum est une sauce qui était utilisée notamment par les Romains et qui était fabriquée à partir de poissonpoisson fermenté dans du sel. Cette sauce était probablement caractérisée par un goût d'umamiumami.

    Cette sauce était probablement caractérisée par un goût d'umami

    Les archéologues qui étudient les objets engloutis à Majorque n'ont pas eu beaucoup de difficultés à identifier les contenus des amphores car celles-ci sont dans un état de conservation exceptionnel. Leur conservation dans les amphores scellées et enfouies dans le sable les a en effet isolés de l'oxygène ainsi que de la lumière et des courants. Cette préservation ne concerne pas uniquement le contenu organique des amphores.

    Les plongeurs explorent l'épave qui se situe à deux mètres seulement sous la surface. © Jose A Moya/Arqueomallornauta - <em>Consell de Mallorca, Universitat de Barcelona, Universidad de Cádiz, Universitat de les Illes Balears</em>
    Les plongeurs explorent l'épave qui se situe à deux mètres seulement sous la surface. © Jose A Moya/Arqueomallornauta - Consell de Mallorca, Universitat de Barcelona, Universidad de Cádiz, Universitat de les Illes Balears

    Les plongeurs ont également trouvé des morceaux de textile, une chaussure en cuir ainsi qu'une espadrille. L'équipe d'archéologues et de plongeurs est par ailleurs impressionnée par l'état de conservation du navire car le boisbois dont il est composé est en si bon état qu'il est encore solide et permet de compléter la connaissance de l'architecture des navires marchands romains.

    L'équipage a-t-il coulé avec le navire ou est-il parvenu à rejoindre le rivage ? L'équipe de recherche ne le sait pas mais elle indique que les objets appartenant aux personnes embarquées arborent des marques de paganisme tels que le symbole de la lune associé à la déesse Diane mais qu'une partie des amphores porteporte également des sceaux chrétiens. Une cargaison chrétienne était donc peut-être acheminée entre l'Espagne et l'Italie par un équipage païen.