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Tuberculose : le bacille se réfugie dans les cellules adipeuses
Le bacille responsable de la tuberculose est capable de se cacher à l'état dormant dans des cellules adipeuses réparties un peu partout dans l'organisme. Protégé dans cet environnement cellulaire auquel les défenses immunitaires naturelles ont peu accès, Mycobacterium tuberculosis s'y avère également insensible à l'action de l'isoniazide, un des principaux antibiotiques utilisés dans le monde pour le traitement de la maladie. Ces résultats ont été obtenus par OlivierOlivier Neyrolles et ses collaborateurs à l'Institut Pasteur, dans l'Unité de Génétique mycobactérienne, dirigée par Brigitte Gicquel, et en collaboration avec Paul Fornès, anatomo-pathologistepathologiste à l'Hôpital Européen Georges Pompidou. Ils soulèvent des questions importantes pour la lutte contre la tuberculose.
La tuberculose tue près de 2 millions de personnes chaque année dans le monde et cette maladie est considérée par l'Organisation Mondiale de la SantéOrganisation Mondiale de la Santé comme une urgence sanitaire au niveau planétaire. Pourtant, le bacille est beaucoup plus présent dans la population mondiale que ces simples statistiques le laissent penser car seules 5 à 10% des personnes infectées développent une tuberculose. Le bacille peut être présent dans une partie importante de la population et rester dans l'organisme à l'état "dormant", parfois pendant des années, pouvant se "réveiller" à tout moment. Ce risque est particulièrement important chez les personnes immunodéprimées et notamment chez les malades du sidasida : le virusvirus VIHVIH et le bacille de Koch forment en effet une association redoutable, chacun de ces deux agents infectieux favorisant la progression de l'autre.
Les chercheurs ont montré dans un premier temps, sur des cultures de cellules et de tissus, le rôle réservoir des cellules adipeuses pour Mycobacterium tuberculosis, et sa résistancerésistance par ce biais à l'isoniazide. Ils ont ensuite vérifié la présence du pathogènepathogène dans des cellules adipeuses chez l'homme. Pour cela, ils ont recherché des traces du patrimoine génétique du bacille sur des prélèvements de personnes considérées comme indemnes de la tuberculose. Les analyses ont été faites chez des personnes décédées au Mexique, où la tuberculose est endémiqueendémique, et à Paris, dans des quartiers où la tuberculose est peu présente. La présence de la bactériebactérie dans divers tissus adipeuxtissus adipeux a été démontrée chez près d'un quart de ces personnes qui étaient considérées comme « naïves » pour cette maladie, que ce soit au Mexique ou en France.
L'ensemble de ces résultats prouve que le bacille responsable de la tuberculose est capable de rester à l'abri dans le tissu adipeux d'un organisme, là où personne ne peut soupçonner sa présence.
Ces travaux ont des incidencesincidences multiples sur les questions de préventionprévention de la maladie. Ils permettent de comprendre comment, de nombreuses années après avoir subi un test tuberculinique positif, des personnes ne présentant plus aucune trace du microbemicrobe dans les poumonspoumons sont susceptibles de re-déclencher une tuberculose, sous une forme ou une autre s'attaquant aussi bien aux poumons, qu'aux os ou à l'appareil génital. Ils suggèrent aussi que le traitement à l'isoniazide qui est prescrit à titre préventif, par exemple pour l'entourage des malades, pourrait dans certains cas ne pas suffire à protéger de la maladie. Ce point est particulièrement important pour les personnes immunodéprimées ou atteintes du sida pour lesquelles une double infection avec le bacille de la tuberculose a des conséquences dramatiques.
Ces travaux soulignent l'importance de la recherche de nouvelles armes thérapeutiques ciblées, comme de nouveaux antibiotiques : il faudra que celles-ci soient capables d'atteindre le bacille dormant, jusque-là ignoré, dans les cellules adipeuses.