Dans une récente étude d'envergure menée dans dix pays européens, la consommation d'aliments mal notés par le Nutri-Score est associée à un risque de mortalité plus élevé.


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    Au détour d'un rayon du supermarché, entre les produits secs et les sucreries, vous l'avez sûrement croisé : le Nutri-Score. C'est un étiquetage qui informe, peu ou prou, sur la qualité nutritionnelle d'un produit manufacturé. Son calcul se base sur la quantité en sucres ajoutés, matièresmatières grasses, sel, protéines et fibres de l'aliment concerné. Autrement dit, il permet de se repérer dans la jungle de la grande surface pour atteindre plus facilement certains objectifs de santé publique, notamment le fameux « manger moins gras, moins sucré et moins salé ».

    Prudence cependant, le Nutri-Score n'est pas une panacée. Il ne prend généralement pas en compte la qualité de l'aliment dans sa globalité et son degré de transformation, comme peut le faire le score Nova. Surtout, il n'est présent que sur des aliments manufacturés et non sur des produits bruts tels que les fruits et les légumes (dont les instances de santé publiques recommandent la consommation). Mais soit, aucun outil n'est parfait et chacun a ses limites. Si l'on en croit une récente étude d'observation publiée dans le British Medical Journal (BMJ), les personnes qui consomment des aliments mal notés par le Nutri-Score augmenteraient leur risque de mortalité toutes causes confondues. Cette étude vient renforcer des résultats observés auparavant.

    Consommer des aliments mal notés par le Nutri-Score augmenterait le risque de mortalité toutes causes confondues. © Ricochet64, Adobe Stock
    Consommer des aliments mal notés par le Nutri-Score augmenterait le risque de mortalité toutes causes confondues. © Ricochet64, Adobe Stock

    De 3 à 10 % d'augmentation du risque de mortalité

    Pour être précis, ce n'est pas réellement le Nutri-Score qui est évalué ici. Chaque individu se voit attribuer un questionnaire alimentaire (qui contient des biais notamment en matière d'évaluation des quantités et de report de ces mêmes quantités). Ensuite, chaque aliment consommé obtient son Nutri-Score. Enfin, chaque individu obtient une note en fonction de son alimentation, calculée en multipliant le score de tous les aliments consommés par l'énergieénergie apportée par chaque aliment et divisé par le total calorique consommé par la personne dans la journée.

    Après avoir ajusté les résultats grâce à des modèles statistiques en fonction de plusieurs facteurs de confusion tels que le sexe, l'âge, le poids, l'activité physiquephysique, le niveau d'éducation, le statut tabagique, etc., les chercheurs démontrent que le risque de mortalité globale augmente (entre 3 et 10 %) chez les personnes ayant les notes les plus élevées (reflétant une qualité nutritionnelle mauvaise de l'alimentation) en comparaison avec celle ayant les notes les plus basses (reflétant une bonne qualité nutritionnelle de l'alimentation). Le risque de mourir par cancer augmente de 8 à 13 %, de maladies circulatoires de 4 à 11 %, de maladies respiratoires de 22 à 59 % et de maladies digestives de 2 à 45 %.

    À boire et à « nudger »

    Connaissez-vous la théorie du nudge ? Cette théorie, appelée aussi communément « paternalisme libertarien » émane des sciences du comportement. Elle suppose que des suggestions indirectes, qu'importe leur nature (auditive, visuelle, odorante, etc.) peuvent influencer nos motivations, sans avoir l'impression d'être forcé. C'est une théorie qui dispose de preuves expérimentales allant dans son sens. Autrement dit, elle est pour l'instant, confirmée par l'expérience. Elle est très utilisée en marketing évidemment, mais aussi en santé publique ! Le Nutri-Score peut s'apparenter à un « nudge ». Avec sa petite pastille de couleurcouleur, son objectif est clair : influencer la motivation du consommateur pour lui faire choisir un produit qui - la plupart du temps - sera meilleur pour lui qu'un produit mal noté.

    Bien évidemment, la solution idéale reste l'éducation nutritionnelle. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas que pour notre santé (et en fonction d'elle) que nous mangeons. Nous mangeons aussi pour notre plaisir, en respectant parfois une certaine éthique et surtout en fonction de notre environnement (culture, disponibilités alimentaires, etc.) Tant de raisons qui font de l'éducation nutritionnelle une matière fondamentale qu'il faudrait enseigner dès le plus jeune âge.