Notre microbiote intestinal est un acteur majeur de la réponse immunitaire. Bonne nouvelle : l'alimentation permet de le moduler plus ou moins. Une bonne raison d'apprendre à manger équilibré dès maintenant.
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On lit un peu partout, ça et là, que, pour être à même de lutter contre la nouvelle maladie Covid-19, il faudrait « prendre soin de son microbiote ». Cette affirmation ne veut pas dire grand chose. Il est plus exact de parler de favoriser la diversité de notre microbiote. Mais, au fait, c'est quoi un bon microbiote ? Comment favoriser cette diversité ? Et quelles sont les conseils diététiques pour y parvenir ?
Chouchouter son microbiote : une expression « vide de science »
Le microbiote intestinal (il existe d'autres microbiotes comme le microbiote de notre peau ou encore celui de nos poumons...) est le lieu de résidence idéal pour une immensité d'espècesespèces bactériennes, virales et fongiques. Certaines sont bénéfiques, d'autres neutres et quelques unes peuvent poser problème si elles sont en surnombre. Cependant, cet « organe » est d'une grande complexité. La recherche s'applique à mettre en évidence des corrélations entre la présence de certaines espèces et la santé humaine mais ce n'est pas toujours concluant (en cause notamment les interactions microbiote/génome/environnement). En réalité, les scientifiques ont encore du mal à savoir véritablement ce qu'est un « bon » microbiote pour un individu donné. Pour y voir plus clair sur ces questions, Futura a fait appel à un scientifique, Filipe de Vadder, chercheur sur le microbiote et la physiologie intestinale à l'Institut de génomique fonctionnelle de Lyon.
« On peut parler de "bon" microbiote lorsqu'on a un microbiote riche, c'est-à-dire, avec beaucoup d'espèces, mais aussi et surtout, en fonction métabolique, » précise-t-il. Mais existe t-il des espèces qui semblent plus bénéfiques que d'autres ? « Il y a des tendances, par exemple l'espèce Prevotella copri, dont la richesse est associée à la bonne santé métabolique de l'hôte, explique-t-il. Cette bactérie a une grande capacité à digérer les fibres. C'est de cela dont il s'agit lorsque j'évoque la richesse des fonctions métaboliques ».
Un capital microbiote qui peut se moduler
Autrement dit, une grande diversité d'espèces au sein de l'intestin participe d'une grande diversité de fonctions métaboliques qui, elle-même, participe d'une bonne santé. C'est pourquoi il est important de ne pas entreprendre de régime restrictif (hors régime thérapeutique) pour éviter de déséquilibrer cette richesse. En effet, Filipe de Vadder précise que « des études montrent que notre microbiote est fortement impacté par ce que nous mangeons. Et cela peut créer un cercle vicieux ou vertueux. » Mais vous y êtes maintenant habitué, la science, c'est toujours un peu plus complexe que ça. Le chercheur conclut alors que « l'évolution a un peu corsé les choses. Des équipes ont montré que la famille Prevotella est très présente chez les chasseurs cueilleurs mais est souvent absente au sein des populations plus sédentaires. En somme, il semblerait que, à l'instar du capital génétique, chacun possède son "capital microbiote" de départ, qui peut être modulé en faveur ou en défaveur de la santé de l'hôte, selon son mode de vie et son environnement ».
Enfin, on sait aussi que le microbiote participe de la réponse immunitaire (une de ses fonctions métaboliques majeures) et qu'avoir un « bon » microbiote est un avantage dans la lutte contre des pathogènes. Un bon microbiote peut donc sans doute vous aider si vous êtes infecté par le Sars-CoV-2 ou d'autres pathogènes. De plus, les changements induits peuvent être rapides autant au niveau individuel qu'à l'échelle d'une population. Une bonne raison pour manger équilibré. Nous allons donc voir comment y parvenir et que privilégier, sur des bases scientifiques, pour tenter de modifier durablement son microbiote en un « Picsou » des fonctions métaboliques.
Manger équilibré : mode d'emploi
Afin de savoir comment manger équilibré, Futura a fait appel à Anne-Laure Laratte, diététicienne-nutritionnistenutritionniste. Ces praticiens, lorsqu'ils ne se font pas engouffrer par l'industrie de la perte de poids, sont les garants d'une bonne alimentation. Voyons quelques règles élémentaires suggérées par cette professionnelle concernant l'alimentation à adopter pendant le confinement (et même après) :
- Garder un rythme alimentaire habituel avec des horaires concordants.
- S'autoriser une collation dans l'après-midi (si on a faim). Quelque chose de léger fera l'affaire : un produit laitier, des oléagineuxoléagineux, un fruit ou un produit céréalier par exemple.
- Prendre le temps d'établir des recettes afin de ne pas retrouver le caddie rempli d'aliments ultra-transformés.
- En cette période de confinement, un peu plus de légumes surgelés (au naturel) et en conserve peuvent être utiles pour limiter vos déplacements et ainsi avoir toujours des légumes au sein de vos repas quotidiens. Néanmoins, continuez à acheter des légumes frais lorsque vous sortez faire vos courses.
- S'autoriser un repas plaisir par semaine et un apéro. Le confinement a des effets psychologiques néfastes et il ne faut pas oublier de relâcher un peu la pressionpression.
- Ne pas oublier de bien s'hydrater. Pour cela, garder une bouteille d'eau à côté de soi tout au long de la journée.
- Pour un petit plus au niveau du microbiote, faites la part belle aux aliments fermentés (choucroute, etc.), crus (fruits et légumes), aux légumineuseslégumineuses, céréalescéréales complètes ou semi-complètes (lentilleslentilles, haricots, pâtes, riz, etc.) et aux produits laitiers (jusqu'à 2 par jour). Si vous n'êtes pas habitué à consommer ces aliments, modifiez votre régime alimentaire progressivement.
Ce qu’il faut
retenir
- Chouchouter son microbiote est une expression qui n'a aucun sens sur le plan scientifique.
- Néanmoins, un « bon » microbiote peut aider à avoir une réponse immunitaire plus adaptée contre les infections.
- Manger équilibré ne peut qu'aider à améliorer l'état de son microbiote. Pour savoir comment bien manger, vous pouvez prendre rendez-vous chez un(e) diététicien(ne) nutritionniste.