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Le Gardasil, vaccin destiné aux jeunes filles pour lutter contre le cancer du col de l'utérus, est remis en cause. © Sanofi Pasteur, Flickr CC by Nc-Nd 2.0
Les attaques fusent de toutes parts. Dans une lettre ouverte daté du 2 juillet au Ministre de la Santé Xavier Bertrand, c'est le collectif réunionnais Méd'Océan qui s'interroge sur l'efficacité du Gardasil, un des deux vaccins contre le cancer du col de l’utérus disponibles en France commercialisé par Sanofi Pasteur MSD.
Dans cette lettre, le docteur Philippe de Chazournes, président de Méd'Océan, explique que les deux informations clés permettant d'apprécier l'efficacité du vaccin n'ont jamais démontré une activité bénéfique du Gardasil : le taux d'efficacité du vaccin contre les lésions de haut grade dues à tous les papillomavirus humains (HPV, virus responsable du cancer du col de l'utérus) dans la population « en intention de traiter » (porteuse ou non du virus), n'aurait pas été démontré, et le taux d'efficacité dans la population « per protocoleprotocole » (vaccinée avant d'avoir été en contact avec le virus), ne serait pas significatif.
Une récente étude australienne annonçait pourtant le bénéfice de la vaccination. Une étude « écologique » ou « observationnelle », qui « constitue un faible niveau de preuve » contre-attaque le docteur de Chazournes dans sa lettre à Xavier Bertrand.
Le cancer du col de l'utérus est dû à des infections par des papillomavirus humains (HPV), transmis par voie sexuelle. © AJC1, Flickr, CC by Nc 2.0
Demandes d’indemnisation après de gros effets secondaires
Par ailleurs, deux jeunes filles ont effectué des demandes d'indemnisation à la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI) de Lyon. Suite à des injections de Gardasil, les jeunes filles ont été victimes de violentes douleursdouleurs au ventre et à la tête ainsi que de paralysies des membres.
Face au risque potentiel de survenue de maladies auto-immunesmaladies auto-immunes (comme des démyélinisationsdémyélinisations aiguës centrales) et à celui lié à une exposition pendant la grossessegrossesse, le Gardasil fait l'objet d'une mesure de surveillance renforcée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Néanmoins, aucun signe particulier n'a été relevé au cours de vaccinations de femmes enceintes et aucun lien de causalité ne peut être établi entre les cas de maladies auto-immunes et la vaccination. D'autre part, le nombre de cas de maladies auto-immunes déclarés après la vaccination est inférieur à celui attendu dans la population générale en l'absence de vaccination. Dans son troisième bilan du plan de gestion des risques daté du 12 juillet 2011, l'Afssaps conclut que le rapport bénéfice/risque du Gardasil reste favorable.
Le cancer du col de l'utérus, responsable de 1.000 décès par an en France
La vaccination contre certains types de HPV (les types 16 et 18, les plus fréquents et retrouvés dans plus de 70% des cancers du col de l'utérus et les types 6 et 11, responsables de lésions bénignes) constitue un moyen complémentaire de lutter contre les infections à papillomavirus. Elle est proposée aux adolescentes de 14 ans et aux jeunes filles âgées de 15 à 23 ans dans l'année suivant leur première relation sexuelle. En France, deux vaccins sont disponibles : le Gardasil et le Cervarix.
D'après l'Institut national du cancer, le cancer du col de l'utérus est responsable de plus de 1.000 décès par an en France. Seul moyen pour prévenir les lésions précancéreuses et cancéreuses : le dépistagedépistage. Un frottis cervico-utérin de dépistage est recommandé tous les trois ans à toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans, vaccinées ou non.