Le bisphénol A (BPA) est interdit en Europe dans tous les matériaux entrant en contact avec les aliments des bébés. Cependant, l'exposition des humains à cette substance chimique est omniprésente et sa présence dans les autres objets de notre quotidien est constamment surveillée en raison de sa migration en d'infimes proportions. Une nouvelle enquête de bio-surveillance révèle que le bisphénol A a été retrouvé dans l'organisme de 92 % des Européens testés et qu'en France, les doses tolérables de dangerosité dépassent les 100 %.


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    Le bisphénol Abisphénol A (BPA), l'un des principaux perturbateurs endocriniens, est présent dans 92 % des organismes des Européens et représente un potentiel danger pour leur santé, selon un rapport de l'agence européenne de l'environnement (AEE) publié jeudi. « Dans le cadre d'une récente initiative de bio-surveillance humaine, HEM4EU, le BPA a été détecté chez 92 % des participants adultes de onze pays européens », a écrit l'Agence.

    Se fondant sur une étude d'avril de l'Autorité européenne de sécurité des alimentsAutorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a drastiquement revu en baisse la dose quotidienne maximum de bisphénol A considérée comme sans danger pour le consommateur, l'AEE, basée à Copenhague, considère que « dans les 11 pays qui ont participé à l'initiative de bio-surveillance du BPA, le niveau de dépassement variait entre 71 et 100 % ». Le bisphénol A, longtemps omniprésent dans de nombreux produits comme les bouteilles en plastique, est soupçonné d'être lié à de multiples troubles et maladies -- cancer du sein, infertilité, etc. -- en raison des perturbations hormonales qu'il suscite.

     Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien que l'on retrouve dans les plastiques alimentaires ou non alimentaires comme les papiers thermiques des tickets de caisse par exemple. © Joel Saget, AFP
     Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien que l'on retrouve dans les plastiques alimentaires ou non alimentaires comme les papiers thermiques des tickets de caisse par exemple. © Joel Saget, AFP

    Des niveaux bien supérieurs de bisphénol A

    Dans certains pays comme la France, le BPA est désormais interdit dans les contenants alimentaires. L'Union européenne (UE) et les États-Unis ont restreint son usage et envisagent une limitation plus drastique, sans que celle-ci soit mise en œuvre pour l'heure. Les débats concernent notamment la dose à partir de laquelle le bisphénol A est réellement dangereux. Or, pour l'EFSA, celle-ci est bien inférieure à ce que l'on pensait : elle l'a divisée par 20 000 par rapport à une précédente évaluation, un avis contesté par une autre agence, l'Agence européenne des médicaments (EMA). 

    Pour le gendarmegendarme européen de l'environnement, il ne fait toutefois aucun doute que l'exposition au BPA « est bien supérieure aux niveaux de sécurité sanitaire acceptables (...), ce qui représente un risque potentiel pour la santé de millions de personnes ». Le produit et deux de ses substituts (bisphénol S et F) ont été mesurés entre 2014 et 2020 dans les urines de 2 756 adultes à travers 11 pays.

    C'est en Suisse que les niveaux dépassent le moins les seuils, avec 71 %, tandis qu'ils les excèdent dans 100 % des cas en France, au Luxembourg et au Portugal, rapporte l'AEE, notant que les dépassements signalés sont des chiffres minimaux. « Il est probable qu'en réalité, les 11 pays présentent des taux de dépassement de 100 % des niveaux d'exposition supérieurs aux seuils de sécurité », a prévenu l'agence.