Aujourd'hui dans Patient bizarre, l'étrange maladie qui induit une obsession incontrôlable pour la nourriture et la gastronomie !
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Un journaliste politique de 48 ans est hospitalisé dans un hôpital suisse pour un accident vasculaire cérébral. Les scanners de son cerveau révèlent que c'est l'artère cérébrale moyenne de l'hémisphère droit qui est lésée, le laissant avec une faiblesse de toute la partie gauche de son corps. Même s'il n'est plus capable de marcher, ce n'est pas ce qui dérange le plus ce patient qui juge la nourriture de l'hôpital abominable et ne cesse de s'en plaindre. Une revendication assez courante à laquelle Marianne Regard, la neurologue qui s'occupe de lui, n'accorde pas plus d'attention que cela. Pourtant, le patient développe une obsession pathologiquepathologique pour la nourriture raffinée et la gastronomie.
Les médecins lui ont demandé de tenir un journal où il écrit ses pensées ; ils s'aperçoivent que ce dernier est rempli de lignes et de lignes sur la nourriture. Avant son AVC, l'homme était passionné de politique et n'accordait pas plus d'importance que cela à la gastronomie. Mais désormais c'est toute sa vie ! À sa sortie de l'hôpital, il retourne travailler à son journal et abandonne les sujets politiques pour devenir critique culinaire. Ce cas, décrit dans les années 1990 par les neurologues suisses Marianne Regard et Theodor Landis, est le tout premier d'un trouble du comportement alimentaire étonnant, baptisé le « syndromesyndrome de Gourmand ».
Quand aimer bien manger est le signe d'un problème cérébral
Le syndrome de Gourmand apparaît à la suite d'un dommage cérébral (cancer du cerveaucancer du cerveau, AVC, blessure...) dans l'hémisphère droit et se traduit par un intérêt soudain et obsessionnel pour la nourriture, la cuisine, les restaurants ou certains aliments. Après l'accident, les patients souffrent aussi de problème de mémoire et de motricité qui s'estompent avec de la rééducation. Leur inclinaison pathologique pour la nourriture, elle, persiste. Dans leur article de 1998, Regard et Landis pensent avoir identifié 34 cas supplémentaires de syndrome de Gourmand en analysant les données médicales de 732 patients avec une blessure cérébrale.
Depuis, il y en a eu d'autres, même si cela reste une pathologiepathologie rare. Il y a l'histoire de Kevin Pearce, un snowboarder professionnel, qui a manqué de mourir à la suite d'une chute impressionnante dans un half-pipe en 2009. L'accident le plonge dans le comacoma et à son réveil, le laisse avec des gros trous de mémoire, l'incapacité de marcher et de parler et des envies incontrôlables de pesto, une sauce au basilicbasilic qu'il n'appréciait pas outre mesure avant son accident.
Le syndrome de Gourmand s'est aussi manifesté chez un enfant de 10 ans, souffrant de crises d'épilepsiecrises d'épilepsie résistantes aux médicaments. Avant chaque crise, l'enfant développe une inquiétude à propos de la préparation de ses repas et d'utilisation d'ingrédients raffinés et de qualité. Il n'y a pas de traitement spécifique au syndrome de Gourmand et contrairement à de nombreux troubles du comportement alimentaire, ce dernier ne met pas forcément en danger la santé en n'induisant pas une prise de poids. Néanmoins, il peut être une charge mentale et économique pour le patient et son entourage.