L’efficacité d’un régime à base d’épinards contre le développement du cancer colorectal a été démontrée grâce à une méthodologie innovante. Une étude s’intéressant aux interactions entre les différents systèmes du vivant met la lumière sur les mécanismes impliqués. Cette approche confirme les avantages d’un régime alimentaire à base de fibres et ouvre la voie vers de nouvelles pistes de prévention contre le cancer colorectal.


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    Le cancer colorectal, cancer du gros intestingros intestin, représente la 2e cause de décès par cancer en France, d'après Santé publique France. Il peut se développer à partir de polypes intestinaux (5 à 10 % des polypes se transforment en cancer). Les pouvoirs publics encouragent à une surveillance accrue en invitant les personnes de plus de 50 ans à un dépistage systématique. Cette conduite est d'autant plus importante chez les personnes ayant des antécédents familiaux. Il existe, en effet, une pathologie héréditaire, appelée polypose adénomateusepolypose adénomateuse familiale se traduisant par la multiplication de nombreuses excroissances dans le gros intestin pouvant devenir cancéreuses.

    Les épinards : des bienfaits sur l’organisme et des propriétés anticancéreuses

    De nombreuses études (de l'Institut national du cancer notamment) ont mis en évidence qu'une alimentation d'origine végétale riche en fibres peut réduire le risque de développement d'un cancer. D'autre part, les épinards procurent un grand nombre de bienfaits sur l'organisme car ils sont riches en vitamine K1 (protection contre l'hypertrophie ventriculaire), en glutathion (contre le stress oxydatif), en folates (diminution des risques de plaques d’athérome). Dans une étude précédente, les chercheurs de l'université de l'Oregon (États-Unis) avaient déjà démontré l'effet chimio préventif des épinardsépinards alimentaires sur le développement du cancer du côlon induit chez des rats.

    Les différents rôles du microbiote intestinal. © Salsero35, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
    Les différents rôles du microbiote intestinal. © Salsero35, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Les propriétés anticancéreuses des épinards décrites grâce à une approche multi-omique

    En s'appuyant sur les biotechnologies à haut débitdébit et les avancées en science de l'information, les sciences « omiques » à la différence de la biologie traditionnelle s'attachent à traiter des processus biologiques se déroulant à différentes échelles de la cellule. L'ensemble des données cellulaires sont analysées en considérant différents systèmes tels que le génome, le microbiomemicrobiome (ensemble du microbiotemicrobiote intestinal, le transcriptometranscriptome (ensemble des ARNARN provenant de l'expression des gènesgènes), le métabolomemétabolome (ensemble des métabolitesmétabolites provenant de l'activité de la cellule). Le vivant est alors appréhendé dans sa totalité pour une meilleure compréhension des processus pathogènespathogènes.

    C'est avec cette méthodologie que des chercheurs du Texas ont mis en évidence les propriétés anticancéreuses des épinards chez des rats mutants porteurs des gènes de la polypose.

    Au départ, il s'agissait d'étudier les effets anticancéreuxanticancéreux de la chlorophylle, mais grâce à leur nouvelle approche, les chercheurs ont découvert une refonte du microbiome intestinal chez les rats nourris avec des épinards. L'implication de certaines bactériesbactéries génotoxiquesgénotoxiques dans la survenue de cancer colorectalcancer colorectal a déjà été suggérée et les relations entre microbiote et facteurs de risquefacteurs de risque cancéreux largement discutées. Dans cette étude, les chercheurs suggèrent un rôle probable des épinards par le changement de la composition des micro-organismesmicro-organismes présents dans le biotope intestinal inversant les effets de la prédispositionprédisposition génétiquegénétique des rats mutants. Sans compter qu'ils établissent que la consommation d'épinards aurait un impact sur les gènes clés associés à la pathogenèse.

    Afin de corréler ces éléments, l'étude du métabolome a été réalisée. Des arguments attestent que plusieurs métabolites de l'acide linoléique (acide grasacide gras essentiel) contenus dans les épinards étaient plus bas chez les rats alimentés avec le régime témoin. Ces moléculesmolécules, selon les auteurs, possèdent des propriétés anti-inflammatoiresanti-inflammatoires et apoptotiques (favorisant la mort des cellules cancéreuses).

    Ce travail fournit la preuve de l'efficacité anticancéreuse des épinards alimentaires dans le modèle de rats mutants développant une polypose. Cette méthodologie contribuera à développer de nouvelles pistes expliquant les mécanismes impliqués dans la relation entre alimentation et cancer colorectal.