La capacité à adopter un régime végétarien peut être influencée par la génétique, selon des études récentes. Cela pourrait expliquer pourquoi certains trouvent difficile de se passer de viande malgré les arguments environnementaux et moraux en faveur du végétarisme.
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De nombreux chefs réussissent à démontrer combien les légumes peuvent remplacer la viande à partir du moment où l'on extrait au maximum leur goût. Mais force est de constater que de passer au régime végétarien n'est pas si simple. Ce serait en fait pas donné à tout le monde, dans la mesure où les gènes seraient impliqués dans la capacité de certains à savoir se passer de viande.
À l'échelle de la Planète, on estime que le système alimentaire est responsable de 27 % des émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Une réalité environnementale qui ne risque pas de s'arranger si les projections de l'OCDEOCDE se concrétisent.
L'organisation européenne d'études économiques estime en effet dans un rapport décrivant les perspectives agricoles entre 2021 et 2030 que la consommation de viande devrait s'accroître de 14 %, ce qui entraînera irrémédiablement l'élargissement des cultures agricoles sur 4 % de terres en plus. La production de la viande, des produits laitiers et de toutes les cultures nécessaires à l'alimentation du bétail monopolisent pourtant déjà 80 % des surfaces agricoles de la Terre.
Le végétarisme, une histoire d'ADN ?
C'est donc décidé, vous allez retenter de vous mettre au régime végétarienvégétarien ! Ce n'est pas faute d'essayer pourtant. Mais, rien n'y fait, à chaque tentative, vous finissez par craquer et ajouter de la protéine animale au menu. Ce ne serait en fait pas de votre faute ! La raison se trouverait dans... votre ADN. Dans une récente étude publiée dans la revue scientifique Plos One, des chercheurs américains et britanniques expliquent que « ces résultats confirment le rôle de la génétique dans le choix d'un régime végétarien et ouvrent la porteporte à de futures études visant à élucider davantage les voies physiologiques impliquées dans le végétarisme ».
L'un des auteurs qui a participé à l'étude, le Docteur Nabeel Yaseen, professeur émérite de pathologie à la Feinberg School of Medicine de l'Université Northwestern rapporte plus concrètement, dans un communiqué, que « bien que les considérations religieuses et morales jouent certainement un rôle majeur dans la motivation à adopter un régime végétarien, nos données suggèrent que la capacité à adhérer à un tel régime est limitée par la génétique ».
Un lien entre la génétique et les préférences alimentaires ?
En l'occurrence, il s'agit de comprendre le rôle important que jouent les lipides dans le métabolismemétabolisme des consommateurs. Certains ne pourraient en fait pas s'en passer. Plusieurs gènes ont été identifiés comme étant associés au végétarisme. Certains d'entre eux interviennent lorsque l'organisme synthétise les lipides tandis qu'ils interviennent aussi dans la fonction cérébrale. « Les lipides complexes sont un domaine dans lequel les produits végétaux diffèrent de la viande », détaille le chercheur. Et de supputer « la viande pourrait contenir des composants lipidiques dont certaines personnes ont besoin. Et peut-être que les personnes dont la génétique favorise le végétarisme sont capables de synthétiser ces composants de manière endogèneendogène. Cependant, pour le moment, ce ne sont que des spéculations et il reste encore beaucoup à faire pour comprendre la physiologie du végétarisme ».
Déjà deux gènes identifiés
Pour obtenir ces conclusions, les travaux ont consisté à comparer les données génétiques de 5 324 végétariens, ne consommant rien d'autre que du végétal, à 329 455 « cobayes » qui eux mangent de la viande. La composition des repas avalés entre 2006 et 2019 a été épluchée pour fournir un maximum d'éléments de comparaison.
À noter que ce n'est pas la première fois qu'un lien entre la génétique et des préférences alimentaires est établi. Une précédente étude, parue dans la revue Nature, avait apporté un éclairage pour comprendre pourquoi certains consommateurs détestaient la coriandrecoriandre. Deux gènes avaient été identifiés, l'un en relation avec l'appréciation des odeurs et l'autre responsable du lien existant entre le goût et l'odoratodorat.