L'Agence nationale de sécurité de l'alimentaire, de l'environnement et du travail publie un communiqué évoquant des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires à base de curcuma. Parmi eux, ce sont ceux dont la formulation accroît la biodisponibilité de la curcmine qui seraient dans le viseur de l'agence.
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Dans le monde des compléments alimentaires, le curcuma bénéficie d'une réputation toute particulière. Cette substance est censée avoir de nombreux effets biologiques et cliniques : diminuer l'inflammation, l'oxydationoxydation, les douleurs articulaires, prévenir certains cancers, etc. Cependant, il subsiste un problème pour ceux qui sont convaincus que lesdits effets sont réels : la curcumine ne possède pas une bonne biodisponibilité.
Autrement dit, après ingestioningestion de curcuma ou de gélulesgélules contenant de la curcuminecurcumine sans substance permettant de la protéger de diverses enzymesenzymes ou de certaines conditions comme un pH légèrement alcalin, elle n'est pas détectable dans votre sang car elle est très vite métabolisée et laisse place à d'autres composés. Depuis quelques années, le marché des compléments alimentaires a redoublé d'efforts afin de trouver des moyens d'augmenter la biodisponibilité de la curcumine. Des innovations qui se révèlent potentiellement dangereuses.
Quelle est la dose journalière admissible de la curcumine ?
Tous les produits qui entrent en contact avec les êtres humains doivent faire l'objet de tests toxicologiques afin de déterminer des doses de sécurité et éviter par conséquent les effets secondaires. Pour la curcumine, aliments et compléments compris ne doivent pas apporter plus de 153 mg de curcumine par jour. Un taux difficile à atteindre même lorsque l'on consomme beaucoup de curcuma et de compléments alimentaires classiques. Mais l'amélioration de la biodisponibilité rebat les cartes. Sans dépasser la dose journalière admissible en valeur absolue, il se pourrait bien que ces formules la dépassent en matièrematière de biodisponibilité.
Des cas d'hépatites en France et en Italie
Le réseau nutrivigilance de l'AnsesAnses a recensé plus de 100 signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites. Au mois de mai dernier, l'Anses a publié un rapport de plus de 170 pages qui reflète son avis relatif à l'évaluation des risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma. Concernant l'hépatotoxicité, le rapport fait mention de plusieurs études qui suggèrent qu'à haute dose -- des doses que peut entraîner par exemple une biodisponibilité accrue --, l'effet de la curcumine pourrait être antagoniste aux effets communément observés in vitroin vitro, chez certains modèles animaux et parfois chez l'être humain, c'est-à-dire être pro-oxydant et favoriser la dégradation des hépatocytes. Des études mécanistes citées par l'Anses corroborent ces hypothèses.
Quel comportement adopter ?
Au regard de l'efficacité clinique controversée de la curcumine et de l'hétérogénéité de l'offre provenant du marché des compléments alimentaires, il convient d'être prudent. Si vous consommez des compléments alimentaires à base de curcuma, évitez les formules qui augmentent la biodisponibilité de son principe actifprincipe actif (couplage avec de la pipérine, enrobée dans une matrice lipidique, etc.). Enfin, l'Anses recommande aux personnes suivant un traitement médical et aux personnes atteintes de pathologiespathologies des voies biliaires d'éviter autant que possible la consommation de compléments alimentaires contenant de la curcumine.
Ce qu’il faut
retenir
- Les compléments alimentaires à base de curcuma sont largement consommés et ces derniers bénéficient d'une solide réputation ;
- Des signalements d'effets indésirables dont 15 hépatites ont été recensées par le réseau nutrivigilance de l'Anses ;
- Pour l'heure, il convient d'éviter les formules de compléments alimentaires qui augmentent la biodisponibilité de la curcumine.