Dans un tournant remarquable pour la santé publique, la FDA américaine s'apprête à révoquer l'autorisation d'un additif alimentaire longtemps débattu : l'huile végétale bromée (BVO). Cette décision, prise en mars 2024, pourrait vous avoir échappé, mais elle mérite qu'on s'y attarde pour comprendre ses implications. Quelles sont les conséquences de cette interdiction sur les consommateurs et l'industrie des boissons ?
 


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    L'huile végétale bromée, mieux connue sous son sigle BVO, est un ingrédient que vous avez peut-être consommé sans le savoir, notamment dans certains sodas aux arômes d'agrumes.

    La fin annoncée d'un ingrédient controversé

    Cette substance, introduite dans l'industrie des boissons pour empêcher les arômes de remonter à la surface du liquideliquide, est au cœur d'une décision récente de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis. En novembre dernier, l'agence a proposé de révoquer l'enregistrement du BVO suite à des études toxicologiques récentes révélant des risques potentiels pour la santé.

    Les dangers cachés du BVO

    Le BVO fonctionne en fixant des atomesatomes de bromebrome à un triglycéride, créant une huile dense qui se mélange uniformément dans les boissons. 

    Toutefois, ce n'est pas sans conséquences. Les études sur les animaux ont montré que le BVO peut s'accumuler progressivement dans les tissus adipeux, interférant potentiellement avec le rôle vital de l'iode dans la thyroïde. 

    Ces préoccupations ne sont pas nouvelles. Le BVO est interdit dans de nombreux pays, y compris en Inde, au Japon et dans l'Union européenne. En Californie, une interdiction prendra enfin effet en 2027.

    De nombreux pays ont déjà interdit un ingrédient toxique utilisé dans les boissons et soda pour leur donner des arômes d'agrumes. © Canva Pro
    De nombreux pays ont déjà interdit un ingrédient toxique utilisé dans les boissons et soda pour leur donner des arômes d'agrumes. © Canva Pro

    Une évolution réglementaire lente mais nécessaire

    Historiquement, la FDA avait classé le BVO comme généralement reconnu comme sûr (Gras) dans les années 1950. Mais face à des doutes croissants sur sa toxicité, l'agence a revu sa position dans la décennie suivante, restreignant son utilisation aux boissons aromatisées aux agrumes et à de faibles concentrations.

    Les données sur les risques à long terme du BVO, bien que difficiles à collecter, ont commencé à s'accumuler. Une étude britannique des années 1970 a même découvert des accumulations de brome dans les tissus humains, associées à des problèmes cardiaques et comportementaux chez les animaux.

    Les industriels en avance sur la réglementation

    Heureusement, les grands noms de l'industrie des boissons, tels que PepsiCo et Coca-ColaCoca-Cola, ont anticipé les régulations en éliminant progressivement le BVO de leurs produits au cours de la dernière décennie. 

    « Au fil des années, de nombreux fabricants de boissons ont reformulé leurs produits pour remplacer le BVO par un ingrédient alternatif, et aujourd'hui, peu de boissons aux États-Unis contiennent du BVO », explique James Jones, commissaire adjoint de la FDA pour les aliments humains.

    Vers un avenir sans BVO

    La décision de la FDA de révoquer l'autorisation du BVO pourrait présager d'autres interdictions concernant les additifs alimentaires controversés. 

    L'agence examine actuellement les réglementations autorisant l'utilisation de certains additifs alimentaires, envisageant d'interdire automatiquement tout colorant alimentaire reconnu cancérigène chez l'Homme ou l'animal. Cette démarche vise à rendre le processus bureaucratique plus agile et réactifréactif aux nouvelles données scientifiques.

    Avec des alternatives déjà utilisées dans le monde entier pour donner aux boissons citronnées ce goût piquant jusqu'à la dernière gouttegoutte, le BVO ne manquera probablement à personne. Le processus de réévaluation de la FDA prendra du temps, mais il est un pas nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire et protéger la santé publique.