Une nouvelle campagne menée par le laboratoire d'hydrologie de l'Anses révèle la présence de composés chimiques émergents dans l'eau potable en France, notamment des métabolites de pesticides et des résidus d'explosifs. La campagne, qui s'est tenue en 2019 en collaboration avec les ARS et la DGS, a analysé plus de 150 pesticides et métabolites de pesticides ainsi que 54 résidus d'explosifs. Les résultats montrent que certains métabolites de pesticides, comme le chlorothalonil R471811, sont fréquemment retrouvés dans l'eau potable et dépassent parfois la limite de qualité fixée. Des résidus d'explosifs ont également été détectés dans moins de 10 % des échantillons d'eaux traitées.

 


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    L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié les résultats de sa dernière campagne de mesure des polluants émergentsémergents dans l'eau potable destinée à la consommation humaine. Cette étude, menée en 2019, avait pour objectif d'élargir le spectrespectre des composés surveillés dans l'eau de consommation et d'améliorer la connaissance des contaminations des ressources en eau. Les prélèvements ont été réalisés sur tout le territoire français, y compris dans les Outre-mer, sur des points de captage d'eau représentant environ 20 % de l'eau distribuée. Plus de 136 000 résultats ont été collectés concernant notamment 157 pesticidespesticides et métabolites de pesticides, 54 résidus d'explosifs et un solvantsolvant : le 1,4-dioxane. Les résultats ont été rendus publics dans un communiqué

    Quels sont les polluants retrouvés dans l'eau potable ? 

    Les résultats de la campagne font ressortir la présence de sept composés « émergents » ayant conduit à des dépassements de la limite de qualité de 0,1 µg/litre, dont un en particulier : le métabolite du chlorothalonil R471811. Ce dernier a été retrouvé dans plus d'un prélèvement sur deux et conduit à des dépassements de la limite de qualité dans plus d'un prélèvement sur trois. Considéré comme métabolite pertinent en 2021, la limite de qualité de 0,1 µg/litre lui est applicable. Ce métabolite est issu de la dégradation dans l'environnement du chlorothalonil, un fongicidefongicide interdit en France depuis 2020. D'autres métabolites de pesticides ont également été détectés, notamment le métolachlore ESAESA, évalué comme non pertinent par l'Anses en 2022.

    Les résidus d'explosifs ont été retrouvés dans moins de 10 % des échantillons d'eaux traitées, principalement issus de sites d'armement datant de la Première Guerre mondiale. Le solvant 1,4-dioxane a, quant à lui, été détecté à des concentrations inférieures à la limite de qualité de 50 µg/litre.

    L'Anses réalise ces campagnes pour améliorer la surveillance de la qualité de l'eau. © Pintira, Adobe Stock
    L'Anses réalise ces campagnes pour améliorer la surveillance de la qualité de l'eau. © Pintira, Adobe Stock

    Quelles conséquences ? 

    Les résultats de cette campagne nationale permettent aux personnes responsables de la production et de la distribution d'eau de construire leur programme de surveillance de la qualité des eaux ainsi qu'aux Agences régionales de santé de compléter leurs programmes de contrôle sanitaire. Ils peuvent également être utilisés pour évaluer les expositions de la population associées à la consommation d'eau du robinet.

    Il est à noter que ces polluants émergents ne font pas l'objet d'un contrôle systématique dans les eaux destinées à la consommation humaine. Les campagnes nationales d'occurrence des composés émergents menées par l'Anses visent justement à mieux les connaître et à améliorer la surveillance de la qualité de l'eau potable. Les résultats de la dernière campagne soulignent l'importance de poursuivre ces actions pour mieux comprendre et prévenir les risques liés à ces polluants émergents dans l'eau potable.