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Les migrateurs au long cours
C'est d'ailleurs en ce sens que les migrateursmigrateurs au long courslong cours sont probablement désavantagés par rapport aux espècesespèces faiblement migratrices ou sédentaires.
Outre le voyage entre Afrique et Europe (avec la périlleuse traversée de la mer Méditerranéemer Méditerranée et celle, pire encore, du Sahara), les conditions d'hivernage sur le continent noir peuvent être catastrophiques pendant les périodes de sécheressesécheresse que le continent africain connaît régulièrement. Il s'ensuit une diminution drastique des populations.
De plus, comme cela a été magistralement montré par Both et Visser dans une étude, les migrateurs peuvent revenir... trop tard.
Gobe mouche noir
Ces deux chercheurs ont en effet montré qu'un petit passereaupassereau migrateur - le gobemouche noir - se reproduisait plus précocement que par le passé, notamment parce le pic d'émergenceémergence des chenilles dont il nourrit ses jeunes était à présent plus tôt en saisonsaison. Cependant, revenant d'Afrique équatoriale, son retour ne dépend que de la photopériodephotopériode et de son horloge internehorloge interne, et non des conditions climatiques d'Europe de l'Ouest. On n'a donc pas noté de retour plus précoce pour cette espèce. La « fenêtrefenêtre » optimale de reproduction s'est donc réduite et une partie de la population niche encore trop tard pour exploiter convenablement le pic d'abondance des insectesinsectes. Ceci conduit à une forte pression de sélection pour les pontes précoces et à une dynamique de reproduction telle qu'elle conduit (pour partie) à terme à un déclin de la population.
Cigogne blanche
Certaines espèces sont peut-être en train de trouver la parade. En effet des migrateurs trans-sahariens, comme la cigogne blanchecigogne blanche, le milanmilan noir, l'échasse blanche, la guifette moustac, et même parfois les hirondelles, commencent à hiverner en petit nombre dans le sud de la France, mais aussi sur le littoral atlantique (davantage d'oiseaux le font en Espagne par exemple).
Guifette moustac
On ne sait pas quelle est la tendance à long terme de ce phénomène - qui a débuté à la fin des années 1980/début des années 1990 - ni quelle serait à la réaction de ces hivernants à la suite d'une série d'hivershivers rigoureux. Cependant, le nombre d'espèces migratrices au long cours qui commencent à montrer des signes d'hivernage en France ne cesse de croître.
Par ailleurs d'autres oiseaux qui n'étaient chez nous que des migrateurs venus du Nord et qui traversaient la France pour aller hiverner en Espagne ou au Maroc ont changé leurs habitudes. Ainsi la grue cendréegrue cendrée et l'oieoie du même nom. Ces deux espèces hivernent à présent en nombre important dans l'hexagone. Cela diminue le trajet de migration.
Oie cendrée Copyright P. Dubois
De plus elles arrivent plus tard en saison qu'il y a quelques années et repartent plus tôt (surtout l'oie cendréeoie cendrée). Ce qui donne plus temps à la période de nidification. L'augmentation des températures en France, mais également plus au nord a permis ce changement majeur de comportements hivernal et migratoire.