En Australie, une équipe de l’université du Queensland a découvert une nouvelle espèce de petites souris marsupiales du genre Antechinus. Comme chez d’autres cousines, les mâles sont sémelpares : ils ne se reproduisent qu’une fois, car ils meurent d’épuisement et de stress après les — nombreux — accouplements.

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    Découvrir de nouveaux mammifères n'est pas chose courante, mais trois dans la même région en peu de temps, c'est plutôt exceptionnel. Andrew Baker, de l'université de technologie du Queensland, en Australie, qui avait déjà trouvé deux nouvelles espèces d'Antechinus dans le sud-est du Queensland, est particulièrement enthousiaste. « Quelques espèces de mammifères seulement sont trouvées chaque année dans le monde. C'est pourquoi il est vraiment passionnant de trouver trois nouvelles espèces de ce marsupialmarsupial, toutes dans le sud-est du Queensland ! »

    Ils sont allés dénicher ce nouvel Antechinus en mai 2013 dans cette même région de montagnes très humides, dans l'est de l'Australie, entre le Queensland et la Nouvelle-GallesGalles du Sud, mais cette fois dans la caldera du volcan Tweed. Pour appâter et capturer l'animal, ils ont utilisé des pièges avec du beurre de cacahuètecacahuète et de l'avoine. « Quand nous avons attrapé le premier dans un piège, nous savions que nous étions devant quelque chose de vraiment spécial. » Le petit animal ressemblait beaucoup à l'antechinus à queue noire (A. swainsonii)) qu'ils avaient déjà décrit. Mais la morphologiemorphologie (coloration des poils, du neznez et du dessous des pattes) et la génétiquegénétique indiquaient qu'il s'agit en fait d'une nouvelle espèce. Décrite dans un article paru dans Zootaxa, elle a été baptisée Antechinus arktos.

    <em>Antechinus arktos sp. nov.</em>, une nouvelle espèce de marsupiaux de la famille des dasyuridés. Elle arbore un nez rose et un pelage jaune-orangé autour des yeux. © Gary Cranitch, <em>Queensland Museum</em>

    Antechinus arktos sp. nov., une nouvelle espèce de marsupiaux de la famille des dasyuridés. Elle arbore un nez rose et un pelage jaune-orangé autour des yeux. © Gary Cranitch, Queensland Museum

    Comportement reproductif unique chez les mammifères

    Les marsupiaux du genre Antechinus ont des mœurs sexuelles particulièrement légères, mais également... fatales. Il est fort probable que la nouvelle espèce n'échappe pas à la règle. En effet, pour augmenter leurs chances d'avoir une large descendance, les mâles s'accouplent pendant des heures avec différentes femelles dans une saisonsaison des amours qui dure plusieurs semaines. Les femelles donnent naissance à de larges portées avec des petits de pères différents. Mais ceux-ci ne connaîtront pas leur descendance, car tous les mâles meurent avant la naissance des petits. Certaines femelles survivent à plusieurs portées, mais la plupart meurent une fois que leur première portée est sevrée.

    La vie des mâles dure environ 11 mois. Après être restés dans la poche de leur mère et avoir été allaités, ils grandissent assez vite. Leur massemasse augmente et ils atteignent la maturité sexuelle. Par exemple,l'accouplementaccouplement chez A. godmani a lieu de juin à juillet et les mâles meurent en juillet ou en août. Les jeunes naissent à la mi-août, passent cinq semaines dans la poche de la mère et sont allaités huit à dix semaines. Chez A. flavipes, les individus s'accouplent en septembre, les mâles deviennent moribonds et meurent fin septembre, tandis que les femelles donnent naissance aux petits fin octobre.

    Du point de vue biologique, les pics d'hormoneshormones qui permettent aux mâles de se lancer dans cette frénésie sexuelle provoquent finalement leur mort : la fourrure des animaux tombe, le système immunitairesystème immunitaire cesse de fonctionner, et les mâles meurent de stressstress, d'infections et d'hémorragies internes. D'autres espèces dans le monde animal et végétal pratiquent cette sorte de reproduction suicidaire, ou sémelparitésémelparité, comme le saumonsaumon du Pacifique, des insectesinsectes ou certaines araignées. Mais elle est inconnue chez les autres mammifères.

    En octobre dernier, Andrew Baker et ses collègues interprétaient cette sémelparité dans la revue Plos One. Les biologistes de l'université du Queensland (Australie) y exposaient leur hypothèse pour expliquer ce comportement. Pour les chercheurs, cette unique reproduction des mâles représente une compétition entre leurs spermes. Les femelles, elles, s'accouplant plusieurs fois et portant donc le spermesperme de plusieurs mâles, c'est le meilleur d'entre eux qui assurera la fécondationfécondation.