Les pigeons seraient plus intelligents qu'on ne le pensait. De nouvelles expériences révèlent qu’ils font la distinction entre les concepts abstraits du temps et de l'espace, ce qui rapproche leurs capacités cognitives de celles des humains et des grands singes.

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    Les pigeons sont capables de faire la distinction entre les concepts abstraits du temps et de l'espace, à l'instar des humains et des grands singes, selon des expériences qui révèlent que ces oiseaux sont plus intelligents qu'on ne l'imaginait.

    « La capacité cognitive des oiseaux est encore plus proche de celle des humains et des grands singes », juge Edward Wasserman, professeur de psychologie expérimentale à l'université de l'Iowa (États-Unis) et principal auteur d'une étude à ce sujet publiée lundi dans Current Biology. « En fait, ces systèmes nerveux aviaires ont beaucoup plus de capacités que ne le suggère l'expression péjorative "avoir une cervelle d'oiseau" », plaisante-t-il.

    Ces systèmes nerveux aviaires ont beaucoup plus de capacités que ne le suggère l'expression péjorative « avoir une cervelle d'oiseau ».

    Pour cette expérience, les chercheurs ont montré à des pigeons une ligne horizontale statique, qui apparaissait pendant deux ou huit secondes, sur un écran d'ordinateur. La ligne mesurait parfois six centimètres de longueur, et parfois 24.

    Les pigeons pouvaient choisir entre quatre symboles visuels pour indiquer si la ligne qu'ils voyaient était longue ou courte, ou si elle apparaissait brièvement ou plus longtemps. Toute bonne réponse était récompensée par de la nourriture. Les scientifiques ont ensuite compliqué le test en affichant sur l'écran la ligne, mais en variant sa taille et sa duréedurée d'apparition. Et ce, de manière aléatoire.

    Un pigeon cravaté chinois le 21 novembre 2017 à Calbe, dans l'est de l'Allemagne. © Klaus-Dietmar Gabbert, dpa, AFP, archives

    Un pigeon cravaté chinois le 21 novembre 2017 à Calbe, dans l'est de l'Allemagne. © Klaus-Dietmar Gabbert, dpa, AFP, archives

    Le cerveau des pigeons traite des problèmes abstraits

    Les pigeons ont été le plus souvent capables de déterminer que les lignes qui apparaissaient plus longtemps étaient également les plus longues, expliquent ces chercheurs. Selon le professeur Wasserman, cela indique que les pigeons utilisent la même région cérébrale pour jauger l'espace et le temps, ce qui laisse penser que ces concepts abstraits ne sont pas traités séparément dans leur cerveaucerveau.

    Des résultats similaires ont été constatés lors de tests menés avec des humains et des singes, même si les pigeons utilisent pour leur part une autre région cérébrale. Chez les humains et les autres primates, c'est en effet le cortexcortex pariétal du cerveau qui traite ces informations abstraites de l'espace et du temps. Or, les pigeons ne possèdent pas de cortex pariétal, et doivent donc utiliser une autre partie de leur cerveau pour distinguer ces concepts, précisent les auteurs.

    Les résultats de cette expérience confortent l'opinion grandissante dans la communauté scientifique que d'autres espèces animales, comme les oiseaux, les reptiles et les poissons sont capables de prendre des décisions à partir de concepts abstraits. D'autres expériences ont ainsi déjà montré que les corbeaux sont tout aussi intelligents que les primates et fabriquent notamment des outils pour saisir leur nourriture.


    Les pigeons savent faire plusieurs choses à la fois !

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 29 septembre 2017

    Des pigeons multitâches ? Cela peut sembler difficile à croire. Pourtant, des chercheurs allemands affirment que ces oiseaux qui encombrent nos villes sont capables de passer très rapidement d'une tâche à une autre. Et parfois même plus rapidement que des humains.

    Selon une étude réalisée par des biopsychologues de l'université de la Ruhr à Bochum et de l'université technique de Dresden (Allemagne), les pigeons seraient multitâches. Et dans certaines situations, même un peu plus que les humains. Le petit cerveau d'un oiseau serait donc suffisant à développer des capacités cognitives censément réservées aux mammifèresmammifères.

    Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont demandé à des humains et à des pigeons d'arrêter l'exécution d'une tâche pour passer à une autre, le plus rapidement possible. Les deux groupes ont démontré les mêmes capacités au vrai multitâche (simultanéité des deux tâches).

    La vitesse à laquelle les informations sont transmises dans un cerveau d’oiseau — ici, le pigeon, à droite — ou dans un cerveau de mammifère — ici l’Homme, à gauche — est la même. Mais une densité neuronale plus élevée chez le pigeon, qui conduit à des distances entre neurones plus faibles, lui permet d’échanger les informations plus rapidement. © Onur Güntürkün, université de la Ruhr à Bochum

    La vitesse à laquelle les informations sont transmises dans un cerveau d’oiseau — ici, le pigeon, à droite — ou dans un cerveau de mammifère — ici l’Homme, à gauche — est la même. Mais une densité neuronale plus élevée chez le pigeon, qui conduit à des distances entre neurones plus faibles, lui permet d’échanger les informations plus rapidement. © Onur Güntürkün, université de la Ruhr à Bochum

    Pas de cortex complexe mais une densité neuronale élevée

    En revanche, lorsqu'un bref délai était laissé entre l'arrêt d'une tâche et le lancement d'une autre, les pigeons se sont montrés plus rapides que les humains, de 250 millisecondes. Peut-être parce que, dans le cerveau des pigeons, les signaux s'échangent plus rapidement que dans le cerveau humain. Ou du moins, qu'ils passent d'un neuroneneurone à un autre plus rapidement.

    Voir aussi

    Les oiseaux ont plus de neurones que les primates !

    Car un cerveau de pigeon présente une densité de neurones six fois plus élevée qu'un cerveau humain. La distance moyenne entre deux cellules nerveuses de pigeon est 50 % plus courte qu'entre deux neurones humains. Ainsi, l'information peut-elle être traitée plus rapidement. Et contrairement à ce que les chercheurs pensaient, les fonctions cognitives complexes n'exigeraient donc pas nécessairement la présence d'un cortex cérébral complexe.


    Les pigeons peuvent ordonner les chiffres

    Article de Bruno ScalaBruno Scala paru le 30/12/2011

    Aussi bien que les macaques, les pigeons sont capables d'apprendre les règles numérales basiques, à savoir l'ordre des chiffres. Pourtant, on pensait cette capacité réservée aux primates. Il n'en est rien. L'expression « cervelle de moineau » pourrait bien perdre son sens...

    Les pigeons savent-ils compter ? Presque... Une équipe de chercheurs de l'université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, vient de montrer qu'ils étaient capables de trier des ensembles en fonction du nombre d'articles qu'ils contiennent, et ce dans l'ordre croissant. Les résultats sont publiés dans Science.

    Jusqu'à présent, seuls les primates étaient censés être capables de ce genre d'exploit. En 1998, une étude pionnière menée par l'équipe d'Elizabeth Brannon de l'université Columbia, avait mis en évidence la capacité de singes à ordonner des ensembles. L'étude concluait que ces animaux avaient conscience de l'ordre numéral, jusqu'à neuf.

    Apprendre à ordonner

    En Nouvelle-Zélande, trois pigeons ont été soumis aux mêmes expériences que les macaques rhésusmacaques rhésus il y a 12 ans. À noter que, certes, trois pigeons, c'est peu, mais c'est surtout le nombre de répétitions de ces tests qui importe. En 1998, seuls deux macaques avaient effectué les expériences et ces résultats n'ont pas été remis en cause.

    Pourcentage de réussite au cours des tests pour les pigeons (violet), comparé à celui des macaques pendant l'expérience de 1998 (orange). Au cours de ces expériences, les animaux ont dû ordonner, dans l'ordre croissant, deux lots comportant un nombre de symboles compris entre 1 et 9. Trois séries d'expériences : les deux lots à ordonner sont connus des animaux (F-F) ; un seul des deux lots à ordonner est connu (F-N) ; les animaux ne sont familiers avec aucun des deux lots (N-N). © Scarf <em>et al.</em> 2011, <em>Science</em> - adaptation Futura-Sciences

    Pourcentage de réussite au cours des tests pour les pigeons (violet), comparé à celui des macaques pendant l'expérience de 1998 (orange). Au cours de ces expériences, les animaux ont dû ordonner, dans l'ordre croissant, deux lots comportant un nombre de symboles compris entre 1 et 9. Trois séries d'expériences : les deux lots à ordonner sont connus des animaux (F-F) ; un seul des deux lots à ordonner est connu (F-N) ; les animaux ne sont familiers avec aucun des deux lots (N-N). © Scarf et al. 2011, Science - adaptation Futura-Sciences

    Ces expériences se déroulaient en deux étapes. D'abord une phase de test : des lots de figures géométriques étaient présentés aux oiseaux, qui devaient donner un coup de becbec sur chacun des lots, en commençant par celui qui contenait le moins de symboles, pour terminer avec le plus fourni. Au début, les symboles au sein des différents lots étaient identiques, puis figures et couleurscouleurs variaient. Les pigeons étaient récompensés en cas de bonne réponse.

    Aussi bien que les macaques !

    Au cours de la deuxième phase, celle des tests, les volatiles devaient classer deux lots, comprenant 1 à 9 symboles. Soit il s'agissait de lots ou de figures qu'ils avaient déjà vus au cours de la phase d'entrainement (F-F sur le graphique), soit de figures dont ils n'étaient pas familiers (N-N). Ou bien un mélange (F-N).

    Résultats, ils ont fait presqu'aussi bien que les primates, ce qui est plutôt surprenant. Ces tests indiquent que les prouesses des oiseaux sont statistiquement différentes de coups de chance à répétition. Les scientifiques en ont donc conclu que les pigeons sont capables d'apprendre les règles numérales basiques.

    C'est effectivement d'apprentissage qu'il s'agit puisqu'avant de passer les tests, ces oiseaux ont été entraînés pendant une année. Bien sûr, ils ne semblent pas encore aussi forts que les primates en calcul mental. En 2007, l'équipe d'Elizabeth Brannon avait également montré que les macaques étaient capables de réaliser des additions. Les pigeons n'en sont pas là. Et s'ils y parvenaient, peut-être réaliseraient-ils qu'ils sont trop nombreux...