L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée. L’année 2024 battra très certainement ce record. Est-ce à dire que le réchauffement climatique est en train de s’accélérer ? Les scientifiques ont leur petite idée sur la question.


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    En 2023, les températures sur notre Planète ont atteint des niveaux que les experts jugeaient, il y a un an de cela, « exceptionnellement élevés ». Une moyenne de 14,98 °C. En d'autres mots, des températures situées 1,48 °C au-dessus des normales préindustrielles, faisant de 2023, l'année la plus chaude jamais enregistrée.

    Et 2024 n'a pas été plus fraîche. Pendant plusieurs mois, les températures moyennes ont même dépassé le seuil de réchauffement de 1,5 °C. Tout le monde s'attend donc à ce que les services experts en la matièrematière annoncent d'ici quelques jours que l'année dernière a détrôné 2023 du titre de la plus chaude jamais enregistrée.

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    Cela fait un an que la Terre dépasse largement les +1,5 °C de réchauffement

    Ce sont nos émissionsémissions de gaz à effet de serre qui font ainsi grimper les températures dans le monde. Mais les modèles climatiques n'avaient pas tout à fait prévu un réchauffement aussi rapide. Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) estimait que la limite des +1,5 °C serait « probablement » franchie d'ici 2035. Si une année au-dessus du seuil ne fait pas forcément référence, elle interroge tout de même sur un possible emballement du réchauffement climatique qui aurait pu échapper aux modèles des scientifiques.

    Dans un rapport de 2022, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) estimait à 93 % le risque pour qu'une des cinq prochaines années devienne la plus chaude jamais enregistrée. Nous en sommes déjà à deux ! Le même rapport concluait à un risque de 50 % pour que la hausse des températures atteigne ou dépasse les +1,5 °C par rapport aux moyennes préindustrielles...

    La contribution d’El Niño au réchauffement climatique

    Alors, les scientifiques se posent des questions. Ils ont fait le point à l'occasion de la dernière réunion annuelle de l'American Geophysical Union (AGU) qui s'est tenue à Washington (États-Unis) en décembre dernier.

    Les tenants de la théorie d'un accidentaccident de parcours tentent d'expliquer ces anomaliesanomalies de températures par deux phénomènes distincts. D'abord, El NiñoEl Niño. Ce phénomène météorologique qui, en accumulant de l'eau chaude dans certaines régions de l'océan Pacifique, fait grimper les températures, a commencé mi-2023. Ainsi, les chercheurs prévoyaient un début 2024 chaud. Mais aussi, des températures qui redescendraient avec le retour à la normale des conditions dans le Pacifique en milieu d'année. Cela ne s'est pas produit. Les températures sont restées élevées. De nouveaux records sont tombés.

    Moins de nuages, plus de chaleur

    L'autre piste qui pourrait expliquer ces températures hors modèles, c'est la réduction de la pollution atmosphérique enregistrée au cours de ces dernières années. Si elle est sans conteste bonne pour notre santé, certains travaux montrent qu'elle a des effets non souhaités sur le climat. La pollution, en effet, parce qu'elle réfléchit une partie du rayonnement solaire vers l'espace et parce qu'elle ensemence les nuages, a tendance à rafraîchir la planète. Moins de pollution, c'est donc a priori moins de nuages et moins de chaleurchaleur renvoyée vers l'espace.

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    Moins de pollution conduit à plus de réchauffement : la nouvelle étude qui fait du bruit

    Une étude publiée dans la revue Science met en lumièrelumière le rôle des nuages - et du phénomène El Niño - sur le record de 2023. Mais là encore, il y a un mais. Car les scientifiques estiment que la baisse de la pollution atmosphérique enregistrée ne suffit pas à expliquer la diminution de la couverture nuageuse observée. Cette baisse, en effet, concerne essentiellement la pollution liée au transport maritime qui s'est récemment vu imposer des contraintes assez strictes. Or selon les calculs des chercheurs, c'est presque toute la pollution atmosphérique, toutes causes confondues, qui devrait être éliminée pour provoquer un tel effet sur les nuages.

    Alors, comment expliquer cette baisse de couverture nuageuse ? Peut-être par une boucle de rétroactionboucle de rétroaction. Des températures plus élevées mèneraient, selon un processus encore à déterminer, à une réduction de la quantité des nuages. Ce qui favoriserait un réchauffement plus important. Et produirait encore moins de nuages.

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    Au fil des mois, les climatologuesclimatologues intègrent à leurs modèles toutes ces données de réduction de la pollution notamment, pour proposer des prédictions toujours plus justes. En attendant, s'il s'avérait que le réchauffement climatique était pris dans une sorte de cercle vicieux, tous les effets les plus importants que nous ont annoncés les chercheurs pourraient bien se produire plus tôt que prévu...