Déjà que beaucoup d’entre nous ont du mal à consommer leurs cinq fruits et légumes par jour, l’information qui va suivre risque de ne pas aider. Sauf qu’il faut en parler – même si c’est imprononçable. Vous l’aurez compris, on va discuter des PFAS. Si ces « polluants éternels » sont dans l’actualité en ce moment, c’est parce que notre société vient de réaliser qu’ils sont partout tout court, et pour toujours… Alors, va-t-on devoir dire adieu aux fraises pour préserver notre santé ? Voici un tour d’horizon des fruits et légumes les plus contaminés par les PFAS.


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    Hélas, leur dramatique célébrité ne les a pas rendus plus faciles à prononcer, mais elle aura eu le mérite de nous informer, nous les consommateurs, de leur infiltration dans les moindres recoins de nos vies. Je parle bien sûr des PFAS (je vous aide : ça se prononce « piface »). Après avoir mis en évidence leur présence dans l’eau potable, et à des taux alarmants dans 31 % des sources d’eau analysées au niveau mondial, c'est désormais l'alimentation qui est passée au crible, et notamment les fruits et légumes. Je sais, c'est triste de culpabiliser à l'idée de déguster fraises, cerises, pêches et abricots, alors que le printemps vient à peine de commencer, mais c'est la réalité. 

    Voici à quoi ressemble une cueillette de printemps…

    Le comité consultatif sur les résidus de pesticides (PRiF) du Ministère de l'environnement britannique a analysé plus de 3 300 échantillons de nourriture en 2022, équipé pour détecter les résidus de 401 pesticides différents. Les résultats ont été confiés au Pesticide Action Network UK (Pan UK), qui a constaté que les fraises étaient les plus touchées, avec 95 % des 120 échantillons testés contenant des pesticides PFA. De tels pesticides ont également été trouvés dans 61 % des échantillons de raisinraisin testés, 56 % des échantillons de cerises, 42 % des échantillons d'épinardsépinards et 38 % des échantillons de tomatestomates. Et dans au moins 15 % d'échantillons de pêches, de concombresconcombres, d'abricots et de haricots, on a également détecté des composés perfluoréscomposés perfluorés. Les taux doivent-ils pour autant nous inquiéter ?

    Bien que les seuils de contamination aux pesticides PFA des fruits et légumes soient décrétés sans risque pour la santé des  consommateurs, il existe de multiples voies d'exposition entraînant une accumulation. © Pictures news, Adobe Stock
    Bien que les seuils de contamination aux pesticides PFA des fruits et légumes soient décrétés sans risque pour la santé des  consommateurs, il existe de multiples voies d'exposition entraînant une accumulation. © Pictures news, Adobe Stock

    Exposition, accumulation et après ?

    Le rapport du PRiF indique bien que 56,4 % des échantillons testés contenaient un résidu de PFA, ce résidu était inférieur à la limite maximale de résidus (LMR) autorisée dans les aliments par la loi, un seuil dépassé par seulement 1,8 % des échantillons. De ce fait, le rapport ne fait état de pratiquement aucun risque pour la santé des consommateurs.

    Sauf que ce dernier omet la contribution de nombreuses autres voies d'exposition potentielles, telles que les emballages alimentaires en plastiqueplastique, l'eau potable et une large gamme de produits ménagers. Nick MoleMole, de Pan UK, déplore le manque d'alternatives pour les consommateurs, en regard du nombre croissant de preuves établissant un lien entre les PFA et des maladies graves telles que le cancercancer. Selon elle, il est urgent de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les exclure de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. Ainsi, l'organisation demande au gouvernement d'accroître leur soutien aux agriculteurs, pour les aider à mettre fin à leur dépendance aux produits chimiques et à adopter des alternatives plus sûres. 

    Plus jamais de fraises ?

    En attendant que les autorités mettent en place des mesures à la hauteur de l'enjeu sanitaire, faut-il se priver de fraises ? Vous vous en doutez, la réponse est plus modérée. Étant donné que presque tous les produits de notre quotidien sont contaminés, arrêter de les consommer est difficilement envisageable. D'autant plus que nos organismes sont très certainement déjà contaminés à des taux plus ou moins élevés, et ce pour une duréedurée plus ou moins longue. Comme le dit le Dr Shubhi Sharma, de Chem Trust : « Personne n'a donné son accord pour être exposé à ces produits chimiques nocifs, mais nous devons maintenant vivre avec cet héritage toxique pour les décennies à venir ». Ce n'est pas une raison pour adopter la théorie du « foutu pour foutu » : sachez qu'il est en notre pouvoir de consommateur informé de faire des choix éclairés pour notre santé...