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Posidonia oceanica est endémique à la Méditerranée. Les herbiers s'observent principalement entre la surface et 30 à 40 m de profondeur. Les feuilles peuvent mesurer 80 cm à 1 m de long, pour une largeur de 1 cm. © Subman, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Le rôle crucial joué par les herbiers de posidonies au sein des mers et océans de la Planète n'est plus à démontrer. Ces prairies sous-marines offrent notamment des abris et de la nourriture à de nombreux organismes, tout en limitant en maximum l'érosion du littoral et en capturant des sédiments. De plus, ces plantes à fleur marines, dont certaines seraient âgées de 80.000 à 200.000 ans, pratiquent la photosynthèse en présence de lumièrelumière et produisent donc de l'oxygène en grande quantité.
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Geoscience, un effet positif supplémentaire de ces plantes sur leur environnement peut être ajouté à cette liste. Elles participeraient en effet à la capture du carbone (C) libéré par les activités anthropiques, bien plus efficacement d'ailleurs que nos forêts. C'est du moins ce qu'affirme une équipe internationale de chercheurs menée par James Fourqurean de la Florida International University.
Les posidonies, du genre Posidonia, sont des angiospermes monocotylédones. Elles ont donc des racines et se reproduisent en donnant des fruits. © sarsifa, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
La posidonie pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Certains chiffres, obtenus en compilant la situation de 946 herbiers dans le monde principalement grâce à des recherches bibliographiques, sont impressionnants. Un seul et unique kilomètre carré de cette plante stockerait actuellement jusqu'à 83.000 tonnes de carbonecarbone. Près de 19,9 milliards de tonnes de C seraient ainsi emprisonnés dans le monde, soit deux fois plus que la quantité de gaz carbonique libérée par l'exploitation de carburant fossile en 2010. Par comparaison, un kilomètre carré de forêt tempérée ou tropicale n'abriterait que 30.000 tonnes de C, soit près de 3 fois moins qu'un herbier.
Le taux moyen global de capture des herbiers serait de 27,4 millions de tonnes par an. Les forêts emprisonnent le carbone dans le bois pour une duréedurée moyenne de soixante ans. La situation est tout autre pour les herbiers de posidonies puisque cet élément est conservé à hauteur de 10 % dans les racines et 90 % dans le sol, souvent pour plusieurs millénaires. La Méditerranée abriterait le stock le plus important, au point de retrouver du carbone emprisonné plusieurs mètres sous les végétaux.
Les herbiers de posidonies absorberaient 10 % du carbone capté par les océans alors qu'ils ne représentent que 0,2 % de leur surface. Ils jouent donc un rôle primordial en réduisant au maximum la présence de cet élément dans l'atmosphère et par conséquent en ralentissant le réchauffement climatique.
Une dégradation désastreuse des herbiers de posidonie
Malheureusement, la situation n'est pas aussi positive qu'il n'y paraît. Les herbiers souffrent d'une baisse de la qualité des eaux, de l'arrivée d'espèces invasives et de nombreux problèmes d'arrachage. Ils auraient déjà globalement perdu 29 % de leur surface. Cette tendance se poursuivrait actuellement à une vitessevitesse de 1,5 % par an, causant ainsi la libération annuelleannuelle de 299 millions de tonnes de C dans l'environnement à partir des sédiments. La destruction de posidonies libérerait jusqu'à 25 % de carbone de plus que la déforestationdéforestation, pour une surface similaire.
Ces résultats rappellent l'importance extrême qu'il faut porter à la sauvegardesauvegarde et à la restauration mondiale des herbiers de posidonies. Comme le souligne l'un des auteurs de l'étude, à l'inverse de nombreuses solutions proposées pour lutter contre le réchauffement, une posidonie recommence à capturer du carbone dès son retour dans un environnement favorable à sa croissance.