Turquie, Californie, Hawaï, Grèce, Sibérie… Alimentés par la sécheresse et une canicule exceptionnelle, des incendies de forêt d’une ampleur sans précédent se propagent partout sur la Planète. Le phénomène atteint même des régions jusque-là relativement épargnées, signe d’un dérèglement climatique inquiétant.


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    « C'est le pire incendie qu'a jamais connu l'île », se lamente Mitch Roth, le gouverneur de Hawaï. Le feufeu, qui couvre désormais plus de 160 kilomètres carrés, était « hors de contrôle » mardi, alors que des vents violents rendaient le travail des pompiers particulièrement difficile. Comme bon nombre d'endroits dans le monde, l'île est confrontée cet été à de dramatiques incendies.

    La Finlande subit son plus grand feu de forêt depuis 50 ans

    En Turquie, plus de 156 feux se sont déclarés en une semaine, neuf étant toujours actifs. Environ 100.000 hectares ont été réduits en cendres ces dernières semaines, huit fois plus que la moyenne annuelle sur la période 2008-2020. En Albanie, un homme de 64 ans a trouvé la mort mardi dans un feu de forêt dans la région de Gjirokastër (au sud du pays), où des centaines de pompiers et de soldats luttent contre plusieurs dizaines d'incendies. En Grèce, des dizaines de maisons ont brûlé à Varympompi, à 30 kilomètres au nord-ouest d'Athènes, qui ressemble désormais à un village fantôme. Deux autres feux de forêt, sur la péninsule du Péloponnèse et sur l'île d'Eubée, n'étaient pas encore circonscrits mercredi. Plus au nord, la Finlande subit son plus grand feu de forêt depuis 50 ans, avec plus de 300 hectares ravagés en cinq jours dans le nord-ouest du pays.

    La Californie connaît, quant à elle, « le plus grand incendie de forêt jamais connu », couvrant plus de 1.024 kilomètres carrés de surface au 4 août. Surnommé « Dixie », l'incendie est régulièrement réactivé par « des conditions sèches, chaudes et venteuses », explique le département des forêts et de la protection contre les incendies (Cal Fire), qui estime que le feu ne pourra pas être circonscrit « avant le 1er octobre ». En Yakoutie, au nord-est de la Sibérie, un incendie de 800 kilomètres carrés ravage la taïga où les températures ont atteint 37,8 °C fin juillet.

    Le bassin méditerranéen frappé par une canicule record

    Les incendies de forêt sont habituels l'été, mais leur ampleur a pris cette année des proportions exceptionnelles. La première raison est la chaleur extrême que connaissent ces régions. En Grèce, la canicule a atteint des niveaux jamais mesurés depuis plus de trente ans avec plus de 45 °C observés dans la région du Péloponnèse. À Athènes, les sites archéologiques et l'Acropole ont fermé leurs portesportes aux touristes en raison de la « chaleurchaleur écrasante ». La Finlande a connu des mois de juin et de juillet exceptionnellement chauds, avec 31 jours consécutifs à plus de 25 °C en journée, du jamais vu dans le pays depuis 1961. En Sibérie, le thermomètrethermomètre est monté jusqu'à 47,8 °C en juin, une température même jamais observée au Soudan à la même période.

    Une canicule qui a contribué à dessécher complètement la végétation, devenue vulnérable au moindre coup de vent. En Californie, la combustibilité de la végétation au sol est ainsi de « 99 sur une échelle de 100 », rapporte Chris Waters, le commandant du Caltech. En Oregon, le gigantesque Bootleg Fire favorise la formation de pyrocumulonimbuspyrocumulonimbus, qui génèrent des vents violents et de la foudrefoudre, qui déclenche de nouveaux incendies.

    Plus de chaleur, de sécheresse et d’orages violents : le cocktail explosif du changement climatique

    Le réchauffement climatiqueréchauffement climatique est partout pointé du doigt. « Nous sommes dans une phase de dérégulation climatique absolue », s’est ainsi alarmé le vice-ministre grec de la protection civile, Nikos Hardalias à la télévision publique. Selon les experts climatologuesclimatologues, les vaguesvagues de chaleur exceptionnelles que connaissent toutes ces régions devraient se multiplier et s'intensifier dans les années à venir, accentuant les dégâts des incendies.

    Le changement climatique aurait rendu ce type d’événement « 150 fois plus susceptible de se produire »

    Selon les scientifiques du World Weather Attribution, un organisme regroupant des experts de divers instituts de recherche dans le monde, la canicule qui a frappé fin juin l'Ouest des États-Unis et du Canada aurait été « presque impossible » sans le réchauffement climatique causé par les humains. Le changement climatique aurait rendu ce type d'événement « 150 fois plus susceptible de se produire ».

    À Hawaï, qui connaît habituellement un climat tropicalclimat tropical humide la préservant des incendies, on observe une tendance à la baisse des précipitations sur les 30 dernières années, selon le gouvernement. Le réchauffement climatique est aussi soupçonné d’augmenter le nombre d’éclairs, un déclencheur majeur dans les incendies de forêt.

    Les incendies géants ont bien entendu d’autres causes, comme la malveillance, la négligence des propriétaires qui n'entretiennent pas leurs parcelles de terrain ou l'augmentation des activités humaines à proximité des forêts. Mais il est certain qu'il faut s'attendre à des feux de forêt plus précoces, plus intenses, et plus difficiles à maîtriser dans les années à venir. Ce qui va, hélas, aggraver le réchauffement lui-même puisque ces incendies émettent une quantité colossale de CO2.