La calotte glaciaire du Groenland est menacée par le réchauffement climatique. L'année 2019 est entrée dans les annales : plus de 500 milliards de tonnes de glace ont fondu cette année-là. Un record.


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    Le Groenland abrite la deuxième plus grande massemasse de glace sur Terre après l'Antarctique. Environ 80 % de sa surface est recouverte par une calotte polairecalotte polaire ou de neige fraîche. Malheureusement, depuis la fin des années 1990, l'inlandsis du Groenland fond inexorablement et les neiges hivernales n'arrivent pas à compenser la perte de glace.

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    La fonte de la calotte glaciaire au Groenland aurait atteint un point de non-retour

    L’analyse des données des satellites frères GRACE-FO, lancés en mai 2018, révèle que ce sont plus de 532 milliards de tonnes de glace cumulées qui ont fondu durant l'année 2019. Le record de 2012 est pulvérisé de près de 15 %.

    Regardez en vidéo, les changements colossaux observés entre 1993 et 2019 dans la calotte glaciaire du Groenland. © ESA, Nasa, Imbie, Planetary Visions

    Un été doux et peu de neige en hiver

    Du côté de la météométéo groenlandaise, l'année 2019 ressemble un peu à celle de 2012. L'été a été particulièrement chaud, à cause de la stagnation d'une masse d'air de haute pressionpression. Cet anticyclone a emprisonné de l'air doux provenant des latitudes moyennes, essentiellement sur la côte ouest des terres glacées. À cela s'ajoutent des chutes de neige particulièrement faibles en automneautomne-hiverhiver qui n'ont pas compensé la perte de glace de l'été. En 2012, ce sont 464 milliards de tonnes de glace qui ont fondu.

    Mais, en 2019, les chutes de neige ont été encore plus faibles qu'en 2012. Les scientifiques ont estimé qu'il est tombé 107 gigatonnes de neige de moins qu'en 2012 sur toute l'année. Voilà ce qui explique la perte de glace record de 2019 et qui tranche avec les années 2017 et 2018 où la fontefonte des glaces avait ralenti.

    Durant ces deux années, la fonte des glaces a ralenti de 58 % grâce à deux étés successifs particulièrement froids suivis d'importantes chutes de neige en hiver. Mais dès l'été 2019, la tendance a changé : pour le seul mois de juillet, 223 gigatonnes de glace ont fondu.

    Les changements de masse en gigatonnes en fonction des mois de l'année. On voit qu'au mois de juillet 2019, environ 233 gigatonnes de glace ont disparu. © Ingo Sagsen et <em>al. Communications Earth & Environnement</em>
    Les changements de masse en gigatonnes en fonction des mois de l'année. On voit qu'au mois de juillet 2019, environ 233 gigatonnes de glace ont disparu. © Ingo Sagsen et al. Communications Earth & Environnement

    GRACE-FO, deux satellites au chevet de la glace

    Ces données ont été récupérées par deux satellites frères de la NasaNasa, GRACE-FO, lancés le 22 mai 2018 par une fuséefusée Falcon 9Falcon 9 de SpaceXSpaceX. Leur mission est de suivre la distribution de l'eau et de glace sur Terre, tout comme les satellites GRACE en fonction entre 2002 et 2017.

    Tous les 30 jours, GRACE-FO réalise une carte complète du champ gravitationnel de la Terre. Si la masse des continents et du cœur de notre Planète varie peu, celle de l'eau et de la glace peuvent changer rapidement. Ces variations de masse se traduisent aussi par des changements dans la gravitégravité de la Terre. GRACE-FO les enregistrent depuis l'espace et les scientifiques les analysent pour connaître la masse de glace perdue par un glacierglacier ou une calotte polaire.


    La fonte des glaces record au Groenland en 2012 est d'origine naturelle

    Article publié le 23 juin 2013 par Delphine Boissy

    Le Groenland a eu chaud en 2012. Presque toute sa glace de surface a fondu, et le retrait de la banquisebanquise a été historique. Aussi dramatique soit-elle, cette fonte exceptionnelle n'est pas directement liée au changement climatiquechangement climatique, mais à une modification atmosphérique engendrée par une anomalieanomalie dans la variabilité naturelle du climatclimat.

    En juillet 2012, la Nasa évaluait à partir d'images satellitaires que 97 % de la couche de surfacecouche de surface de glace de la calotte groenlandaise présentait de l'eau de fonte. Quant à la banquise, à la fin de l'été, elle affichait un taux de fonte record, reculant de 3,41 millions de km2. Cela représente 70.000 km2 de plus que le précédent record de fonte, enregistré durant l'été 2007. La fonte de la glace de mer aurait été amplifiée par le développement d'une dépression née en Sibérie en août et désignée comme la supertempête de l’Arctique d’août 2012, classée 13e plus forte tempêtetempête depuis plus de 30 ans.

    La présence d'eau de fonte sur presque toute la surface de la calotte était un événement inattendu. Le dernier record observé date de 2010, et les satellites notaient alors la présence d'eau de fonte sur 52 % de la superficie. La question actuelle est de déterminer si l'occurrence est exceptionnelle (résultant d'une anomalie climatique) ou si elle deviendra la nouvelle norme pour la calotte en raison du changement climatique.

    La calotte glaciaire du Groenland mesure plus de deux kilomètres d'épaisseur. Les couches de glace les plus anciennes datent de 110.000 ans. Le Groenland est largement menacé par le réchauffement climatique. Si tout l'inlandsis se mettait à fondre, cela provoquerait une élévation du niveau de la mer de 7,2 m. © Algkalv, Wikipédia, DP
    La calotte glaciaire du Groenland mesure plus de deux kilomètres d'épaisseur. Les couches de glace les plus anciennes datent de 110.000 ans. Le Groenland est largement menacé par le réchauffement climatique. Si tout l'inlandsis se mettait à fondre, cela provoquerait une élévation du niveau de la mer de 7,2 m. © Algkalv, Wikipédia, DP

    Une équipe de recherche internationale explique dans un article de l'International Journal of Climatology que l'événement est lié à des modifications du courant-jetcourant-jet, cette circulation de haute atmosphèreatmosphère« Cet événement est sans précédent dans les archives d'observation satellite remontant jusqu'aux années 1970. Il est peu probable qu'il se soit produit au siècle dernier », commente Edward Hanna, principal auteur de l'article. Le caractère inhabituel de cette fonte est lié à des anomalies atmosphériques, soit à la variabilité naturelle du climat.

    Dôme de chaleur sur le Groenland

    Dès juin 2012, un changement dans le courant-jet a entraîné un blocage des conditions anticycloniques sur l'Arctique. Les hautes pressions en moyenne troposphèretroposphère ont entraîné l'apparition de ventsvents du sud, donc relativement chauds, sur le flanc ouest de la calotte. Ces derniers ont alors formé un « dôme de chaleurdôme de chaleur » sur le Groenland. Dans l'étude, l'équipe montre que c'est précisément cette configuration atmosphérique qui a engendré l'apparition d'eau de fonte sur la quasi-totalité de la calotte groenlandaise.

    Les anomalies de température de l'océan et de la couverture de glace ont un rôle minime dans l'événement de fonte exceptionnel. « Le forçage principal de la fonte de surface extrême était atmosphérique, lié à des changements durant l'été de l'oscillation nord-atlantiqueoscillation nord-atlantique (NAO), de l'indice de blocage du Groenland [le GBI, qui caractérise le système de hautes pressions centrées sur le Groenland, NDLRNDLR] et le courant-jet polaire qui a favorisé l'advectionadvection d'air chaud le long de la côte ouest. »

    Températures positives sur toute la calotte

    Dans un premier temps, l'équipe s'est servie du modèle climatiquemodèle climatique SnowModel et de 50 ans de données satellitaires pour confirmer que l'eau de fonte apparaissait sur plus de 90 % de la surface de la calotte. Par ailleurs, les chercheurs ont examiné les données issues de deux stations météo basées sur les côtes groenlandaises et de stations aux extrémités de la calotte. Des records de températures ont été relevés dans chacune d'elles pour les mois de mai, juin et juillet 2012. Au sommet de la calotte (au Summit Camp)), le 11 juillet 2012, la température moyenne a atteint la valeur exceptionnelle de 2,2 °C.

    Un été comme celui de 2012 n'est pas directement une conséquence du changement climatique et ne doit pas être vu comme représentatif des étés futurs. « Notre recherche a révélé que le "dôme de chaleur", lié aux vents chauds du sud centrés sur la calotte glaciaire, a conduit à la fonte de surface généralisée. Ces changements du courant-jet au-dessus du Groenland sont mal traités par les modèles climatiques du GiecGiec. La circulation atmosphériquecirculation atmosphérique inhabituelle et les conditions chaudes découlant de l'été 2012 ne semblent pas être climatiquement représentatives des étés "moyens" à venir, prédits pour la fin du siècle », conclut Edward Hanna.