Les cendres volcaniques issues de la catastrophique éruption du Vésuve ont permis de conserver plusieurs corps ainsi que leur code génétique. Ce dernier est une vraie mine d’informations lorsqu’il n’est pas dégradé, comme celui du corps d’un homme mort à Pompéi qui a révélé beaucoup de secrets.
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Après huit siècles de sommeilsommeil, le Vésuve entre en éruption en pleine journée du 24 octobre de l'an 79. La nuée ardente qui en est sortie a enseveli et détruit Pompéi, ville romaine du sud-ouest de l'Italie, ainsi que les villes voisines causant plusieurs milliers de victimes. Parmi les corps que l'on retrouve de nos jours, deux squelettes ont fait l'objet d'une étude : un homme d'une trentaine d'années et une femme de plus de 50 ans. Ces deux derniers ont été retrouvés dans la salle à manger d'une maison, la Casa deldel Fabbro, et leurs positions laissent penser que leur mort, par le nuage de cendres volcaniques à haute température, a été instantanée.
Étudier des restes à Pompéi n'est pas si facile : l'ensevelissement des corps par le nuage de cendres a exposé les victimes à des températures extrêmement élevées, ce qui a pu détruire les matériels osseux et génétiquesgénétiques, et donc diminuer la quantité et la qualité de l'ADNADN. Cependant, si les restes n'ont pas été détruits lors du désastre, le dépôt de la cendre volcanique a plutôt joué le rôle de conservateur en protégeant les corps de l'oxygène par exemple, empêchant l'ADN de se dégrader.
L’ADN révèle des origines méditerranéennes
Sur les deux squelettes retrouvés dans la Casa del Fabbro, seul l’ADN de l'homme a été suffisamment préservé pour pouvoir effectuer un séquençageséquençage entier. Gabriele Scorrano et ses collègues se sont occupés de l'étude et expliquent, dans la revue Scientific Reports, que le génomegénome du Pompéien est très proche des populations actuelles de la Méditerranée et du Proche-Orient, comme les Grecs, les Maltais, les Chypriotes et les Turcs. Cette ressemblance révèle la présence d'une importante diversité génétique pendant la période de l'an 79. À cela s'ajoute une petite particularité trouvée sur son chromosomechromosome Y, chromosome sexuelchromosome sexuel des mâles, qui est une caractéristique que l'on retrouve de nos jours seulement en Sardaigne.
Cette singularité portée par cet homme peut vouloir signifier qu'il ne serait pas originaire de cette région. En comparant son ADN avec plus de 1.030 Italiens vivant à l'époque romaine, on remarque une grande ressemblance avec les Anatoliens du Néolithique (région actuelle de la Turquie), induisant donc que le caractère particulier du chromosome Y (retrouvé chez les Sardes actuels) proviendrait d'une lignée masculine d'individus vivant initialement en Anatolie pendant le Néolithique. Ces résultats ne permettent cependant pas de déterminer si cet homme provenait de Pompéi ou s'il faisait partie des 5 % de migrants de la population impériale d'Italie. Malgré tout, son génome très proche des Romains de l'époque permet de conclure que cette dernière possibilité n'est pas la plus probable.
Un homme déjà condamné par la tuberculose
L'analyse du génome de cet homme d'une trentaine d'années a encore apporté une information secrète sur son état de santé. Les chercheurs qui ont travaillé sur ses restes ont constaté des lésions caractéristiques de la tuberculose ainsi que des traces d'ADN provenant supposément de la bactériebactérie Mycobacterium tuberculosisMycobacterium tuberculosis. On sait déjà que la tuberculosetuberculose se propageait à l'époque romaine, probablement causée par le développement du mode de vie urbain des Romains. Le sort de ce Pompéien était donc déjà scellé sur une fin pénible que ce soit à cause de l'éruption du Vésuve ou de la tuberculose, et comme probablement beaucoup de victimes de l'éruption du volcan.