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Emballages, nourriture périmée, vieux vêtements et appareils obsolètes... Plus nous consommons, plus nous générons de déchets. Cela n'est pas sans conséquence sur notre santé, ni sur l'environnement, car si ces milliards de tonnes d'ordures sont relativement bien gérées dans les pays riches, elles finissent le plus souvent dans des décharges à ciel ouvert dans les pays qui n'ont pas les capacités de les collecter et les traiter. La Banque mondiale lance un appel pour réagir.
3,4 milliards de tonnes de déchets par an en 2050
La production annuelle de déchets municipaux (déchets ménagers et autres déchets pris en charge par une commune ou une collectivité territoriale) dépasse déjà les 2 milliards de tonnes par an. En raison de l'urbanisation rapide, de l'augmentation du niveau de vie et de la croissance démographique, ce volumevolume risque d'augmenter de 70 % pour atteindre les 3,4 milliards de tonnes en 2050, d'après la Banque mondiale. En Afrique subsaharienne, les pays devront même faire face à un triplement de la massemasse des déchets, avec plus de 516 millions de tonnes contre 174 aujourd'hui. Une catastrophe, d'autant plus que ces pays disposent de peu d'infrastructures pour gérer cet afflux.
La production de déchets municipaux par région en 2016, 2030 et 2050. © Céline Deluzarche, d’après Banque Mondiale
0,74 kg de déchets par jour pour chaque habitant de la planète
Chaque habitant produit en moyenne 0,74 kgkg de déchets par jour. Un chiffre qui cache de fortes disparités, de 0,11 kg au Lesotho à 4,50 kg aux Bermudes. Ces écarts sont fortement liés au niveau de développement : plus le niveau de vie est élevé, plus la population consomme des produits préparés, générant plus d'emballages à jeter. Bien qu'ils ne représentent que 16 % de la population mondiale, les pays développés génèrent ainsi 34 % de déchets de la planète. Cette production progresse aussi avec l'urbanisation.
La production de déchets par pays, en kg par jour et par habitant. © Banque Mondiale
44 % de déchets organiques
Les déchets alimentaires ou végétaux représentent la plus grosse partie (44 %) du volume total. Le plastique arrive deuxième, avec 17 % du volume de déchets. Là encore, de fortes disparités sont observables en fonction du niveau de développement. Les pays à faible revenu produisent davantage de déchets alimentaires, tandis que les pays développés produisent davantage de déchets « secs » (plastiqueplastique, papier, métalmétal, ou verre), issus notamment de l'industrie et des produits de consommation.
La composition des déchets municipaux. © Céline Deluzarche, d’après la Banque mondiale
39 % de déchets collectés dans les pays en développement
Dans les pays développés, il est habituel de voir le camion poubelle passer plusieurs fois par semaine devant son domicile. Hélas, c'est loin d'être une généralité ailleurs dans le monde. À peine 39 % des déchets font l'objet d'une collecte organisée dans les pays à faible revenu. Très souvent, ils sont brûlés à l'arrière d'une maison ou jetés dans la rue par les ménages, ce qui entraîne des problèmes de trafic dans les villes et favorise la propagation de maladies.
Taux de collecte des déchets selon le niveau de revenu. © Céline Deluzarche, d’après la Banque mondiale
19 % des déchets sont recyclés ou compostés
Aujourd'hui, la grande majorité des déchets municipaux sont mis en décharge : 37 % sont enfouis et 33 % sont laissés à ciel ouvert. À peine 19 % sont recyclés ou compostés et 11 % sont incinérés. Le recyclage est encore une prérogative des pays riches : dans les pays à faible revenu, il ne concerne que 4 % des déchets, l'écrasante majorité (93 %) finissant dans des décharges en plein airair plus ou moins bien gérées, avec parfois une fuite de composés toxiques dans les sols, dangereusement nocive pour l'environnement et la santé humaine.
Que deviennent les déchets collectés ? © Céline Deluzarche, d’après la Banque Mondiale
5 % des gaz à effet de serre
La collecte et le traitement des déchets génèrent 1,6 milliard de tonnes d'équivalent carbonecarbone par an, soit 5 % des émissionsémissions totales de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Si rien n'est fait, ce chiffre pourrait atteindre 2,6 milliards de tonnes en 2050, aggravant d'autant le réchauffement climatiqueréchauffement climatique, prévient en substance la Banque mondiale. Ces émissions proviennent en grande partie du méthane dégagé par la décomposition des ordures dans les décharges. Un gaspillage d'autant plus révoltant que ce méthane pourrait être récupéré comme ressource énergétique pour le chauffage des bâtiments.
La collecte et le traitement des déchets émettent 1,6 milliard de tonnes équivalent carbone par an. © juliza09, Fotolia
Entre 100 et 1.000 ans : la durée de vie d’une bouteille plastique dans la nature
Le plastique représente seulement 12 % des déchets municipaux, mais il a une durée de vie particulièrement longue. Alors que les déchets végétaux disparaissent en quelques jours ou quelques semaines, une bouteille en plastique met entre 100 et 1.000 ans pour se dégrader. De plus, les sacs plastiques peuvent étouffer les animaux en cas d'ingestioningestion, les particules de microplastiquemicroplastique contaminent les océans et les organismes marins. Selon la Fondation Ellen MacArthur, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans en 2050 si aucune action n'est entreprise.
Le plastique représente 12 % des déchets municipaux. © Angela Rutherford, Flickr
Jusqu’à un cinquième du budget municipal
Si autant de déchets sont encore laissés à l'abandon, c'est que leur gestion représente un coût élevé pour les municipalités : jusqu'à 20 % de leur budget total dans les pays en développement (contre 4 % pour les villes des pays riches). Par conséquent, les villes n'ayant que peu de moyens se tournent souvent vers la solution la moins coûteuse, en l'occurrence, la simple mise en décharge. Par ailleurs, c'est un secteur fortement soumis à la corruption, où les financements sont souvent détournés à d'autres fins.
Part du budget des municipalités consacrée à la collecte et au traitement des déchets selon le niveau de revenu. © Céline Deluzarche, d’après la Banque Mondiale
15 millions de personnes vivent des déchets
Le « marché informel » des ordures fait travailler 15 millions de personnes. Ce sont souvent les populations les plus pauvres et les plus vulnérables (femmes, enfants, immigrés...) qui collectent, trient et revendent les ordures en échange de quelque menue monnaie. Ces travailleurs alimentent, dans certains cas, une véritable économie locale qui prive ainsi les enfants d'éducation et les expose aux produits dangereux et aux maladies.
Dans certaines villes comme Bombay, Jakarta ou Buenos Aires, les travailleurs du secteur informel collectent plus de la moitié des déchets municipaux. © Adam Cohn, Flickr
18 fois plus de déchets industriels que de déchets ménagers
Les ménages ne sont pas, de loin, la première source de déchets. L'industrie en génère ainsi 18 fois plus, soit 12,7 kg de déchets par jour et par habitant. Ces déchets non dangereux (ferraille, papier-carton, verre, textile, boisbois, plastique...) peuvent être valorisés, par exemple comme combustiblecombustible en remplacement du pétrolepétrole. Le problème provient surtout des déchets dangereux (matériaux contenant de l'amianteamiante, déchets médicaux, appareils contenant des PCBPCB et PCTPCT...), particulièrement difficiles à traiter et qui présentent un haut niveau de toxicitétoxicité pour l'environnement. L'agricultureagriculture est également une importante productrice de déchets, mais il s'agit souvent de détritus organiques faisant l'objet d'une collecte séparée et pouvant être réutilisés comme engrais ou pour la nourriture du bétail.
La production de déchets spéciaux dans le monde. © Céline Deluzarche, d’après la Banque Mondiale