Une fois encore, dans la nuit de samedi à dimanche, nous avancerons nos horloges pour passer à l’heure d’été. Une mesure mise en place il y a près de 50 ans dans le but d'économiser de l’énergie. Mais l’argument est-il toujours valable ? Des scientifiques se sont penchés dessus.
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Il a été instauré en France en 1976. Et chaque année -- plutôt même deux fois qu'une --, la question du changement d’heure est posée. Du côté des partisans de l'heure d'été, tout particulièrement, il y a ceux qui rappellent qu'elle avait été décidée il y a presque 50 ans maintenant pour nous permettre de réaliser quelques économies d'énergieénergie. En allumant nos éclairages d'intérieur moins tôt le soir. Des économies infimes, se moqueraient presque les opposants. Sauf, suggèrent aujourd'hui des chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa, Suisse) si l'on tient compte dans les calculs, non seulement de l'éclairage, mais aussi de la consommation globale d'énergie des bâtiments.
Ils ont simulé les besoins en chauffage et en climatisationclimatisation avec et sans heure d'été pour différentes régions climatiques. Ils ont bien sûr tenu compte du climat actuel, mais également des scénarios climatiques futurs jusqu'en 2050. C'est essentiel tant les changements climatiqueschangements climatiques ont une influence énorme sur la consommation d'énergie d'un bâtiment.
Moins de besoins en climatisation
Leur conclusion résumée par Massimo Fiorentini, l'un des chercheurs du laboratoire « Urban Energy Systems », dans un communiqué de l’Empa : « Le passage à l'heure d'été peut réduire jusqu'à près de 6 % les besoins en énergie de refroidissement d'un immeuble de bureaux -- à condition que la climatisation soit réduite ou arrêtée lorsque les bureaux se vident. Dans le même temps, les besoins en chauffage peuvent augmenter jusqu'à 4,4 % en raison d'un début de travail plus précoce le matin. Mais comme on consomme beaucoup plus d'énergie de refroidissement que de chauffage en été, le changement d'heure a globalement une influence positive sur le bilan énergétique d'un bâtiment. »
Les chercheurs notent que le niveau d'économie d'énergie -- au maximum 3 % -- varie selon les scénarios et les zones climatiques. Mais elles s'avèrent toujours bien réelles. Et les décideurs pourraient en tenir compte au moment de trancher sur l'abolition ou non du changement d'heure. Les chercheurs rappellent que d'autres mesures peuvent également influencer la consommation d’énergie dans un immeuble de bureaux. Des changements de comportement ou, pourquoi pas, une adaptation des horaires de travail.
Passage à l'heure d'été : des économies en baisse mais toujours réelles
Hier, les montres, réveils et horloges ont fait un bond dans le temps et sont passés instantanément de 2 heures à 3 heures du matin. Cette gymnastique temporelle biannuelle qui entérine la fin de l'été ou de l'hiver est devenue la règle en France depuis 1976 et les chocs pétroliers. Une nouvelle étude confirme l'intérêt énergétique de cette mesure, même si celui-ci se réduit.
Article de Grégoire Masqueront paru le 29/03/2010
Pour la quatrième fois depuis son rétablissement en 1976, suite aux chocs pétroliers, les bénéfices énergétiques du passage à l'heure d'été ont été évalués. Selon l'étude commandée par l'Ademe à Energie Demain, les économies engendrées par le changement d’heure sont en baisse par rapport à 2007 et continueront à diminuer jusqu'en 2030.
Cependant, la réduction de la consommation énergétiqueconsommation énergétique annuelle de la France reste réelle. En 2009, les économies dues à l'éclairage représentaient 440 gigawatts-heures (GWh), soit une réduction des émissionsémissions de CO2 de 44.000 tonnes. Il est en effet considéré que l'éclairage, dont l'usage est très variable, fait appel aux modes de production thermique (centrale à pétrolepétrole, à charbon).
En ce qui concerne les usages thermiques (chauffage et climatisation), plus difficile à estimer, l'économie d'énergie devrait se situer aux alentours de 190 GWh si les proportions de 2006 sont conservées.
En effet, les économies atteignaient 470 GWh pour l'éclairage et 210 GWh pour les usages thermiques en 2006, ce qui représentait un allégement d'environ 35 millions d'euros de la facture énergétique nationale. Selon l'étude d'Energie Demain, ces économies ne devraient plus être que de 340 GWh et 130 GWh respectivement en 2030.
« Monsignor, il est huit or, l’or de se lever… »
Si les bénéfices du changement d'heure diminuent, c'est à cause ou plutôt grâce à l'amélioration de l'efficacité énergétique des équipements comme les lampes à basse consommation ou l'éclairage public adapté à la luminositéluminosité ambiante. La consommation énergétique étant ainsi diminuée, les effets du changement d'heure se font moins sentir.
Le changement d'heure présente un second avantage. En réduisant les besoins électriques, il réduit aussi l'importance des pics de consommation automnaux et printaniers. En 2009, ce changement d'heure a réduit la puissance appelée à 19 heures de 3,5 GW, soulageant ainsi les réseaux électriques.
Si l'étude commandée par l'Ademe souligne les bienfaits du passage à l'heure d'été pour la consommation électrique, cette gymnastique temporelle a aussi un impact sur les rythmes biologiques de l'homme et des animaux domestiques. Il a en effet été démontré que le décalage de l'heure de traite altérait la quantité de lait produite ainsi que sa qualité.