En Europe, les projets de bâtiments «  à énergie positive », capables de produire d'avantage d'énergie qu'ils n'en consomment, se multiplient. En France, ils sont encore rares. A Dijon, une tour, qui vient d'être inaugurée, atteint presque cet objectif.

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Depuis longtemps, les bâtiments, leur conception et leur utilisation, sont vus comme un domaine où de considérables économies d'énergie et de rejets de gaz à effet de serre sont possibles. Entre les bureaux et les habitations, les bâtiments représentent en effet 43% de la consommation d'énergie française et 25% des émissions de gaz carbonique (selon l'Ademe). En Europe, et en France avec un peu de retard, la réduction de ce gaspillage devient une tendance lourde.

Les moyens d'actions sont nombreux. Les tours de verre, reflétant joliment le ciel mais générant en été un effet de serre interne qui défie les meilleurs climatiseurs alors que les chaudières doivent tourner à plein régime en hiver, ont sans doute vécu. De même, les chauffages ou les climatisations surdimensionnés sont en train de passer de mode. Par exemple, les climatiseurs des anciennes générations ne fonctionnaient qu'en tout ou rien. Résultat, il n'était pas rare qu'un système de climatisation comporte un générateur de froid fonctionnant en permanence ou presque une bonne partie de l'année tandis qu'un chauffage augmentait la température jusqu'à la valeur réglée au thermostat.

Actuellement, en France, la consommation moyenne annuelle d'un bâtiment est de 400 kWh par mètre carré (source Ademe). En améliorant ces dispositifs ainsi que la qualité de l'isolation, on peut obtenir des gains très importants. Aujourd'hui, un bâtiment est dit à basse consommation s'il nécessite moins de 50 kWh/m2/an.

Mais on peut aussi faire appel à l'ensoleillement ou tirer profit de la chaleur de l'air extérieur. Ces dernières années, cette idée d'économiser l'énergie a progressivement évolué jusqu'à celle de réaliser des bâtiments ne consommant plus rien du tout, voire capables de produire plus d'énergie qu'ils n'en dissipent. Voici donc venir les bâtiments « à énergie positive » ou « à consommation négative ».

En France, plusieurs projets sont en cours. A Dijon, le chantier de la tour Elithis vient de se terminer. Les cinq mille mètres carrés de bureaux que contient cet immeuble de dix étages (33,5 mètres de hauteur), au cœur de la ville, seront bientôt mis en vente. Si elle n'est pas tout à fait « à énergie positive », cette tour fait chuter la consommation et descend, d'après les concepteurs, à 20 kWh/m2/an.

Du soleil mais pas trop

Pour y parvenir, les solutions techniques n'ont rien de révolutionnaire. Les murs extérieurs sont thermiquement isolés par une couche de cellulose et le double-vitrage (1.400 mètres carrés en façade) enferme de l'argon entre les deux surfaces vitrées. Le toit supporte 560 mètres carrés de cellules solaires photovoltaïques qui produiront 82.000 kWh par an. Les concepteurs, qui ont prévu de récupérer la chaleur produite par les réfrigérateurs du restaurant, comptent aussi sur celle générée par les systèmes informatiques que les clients ne manqueront pas d'installer...

En saison froide, le soleil participe au chauffage grâce aux surfaces vitrées. Mais la façade est recouverte, côté sud, par une résille métallique. Lorsque le soleil est bas sur l'horizon, ses rayons la traversent et pénètrent à l'intérieur de la tour mais les locaux restent à l'ombre quand le soleil est haut dans le ciel.

Il faudra tout de même chauffer en hiver et refroidir en été. La tour est équipée d'une chaudière à granulés de bois, qui produira de la chaleur (quelques heures par nuit au maximum espèrent les concepteurs) et du froid. La climatisation devrait être peu sollicitée grâce à l'isolation, au vélum métallique protégeant des rayons solaires mais aussi grâce à une ventilation naturelle.

Descendre de 20 KWh par an à zéro serait possible, affirment les responsables de la société Elithis. Il suffirait que les utilisateurs de la tour y mettent du leur. Les usagers seront donc invités à éteindre lumières et ordinateurs à leur départ et d'emprunter l'escalier plutôt que l'ascenseur pour un déplacement vertical de quelques étages seulement...

L'avenir dira quel bilan réel peut être attendu d'innovations de ce genre. Le compte sera possible car la tour intègre 1.600 capteurs permettant de suivre les consommations d'énergie et les variations de températures. On attend donc le retour d'expérience...