Réchauffement climatique, perte d’habitat, pesticides. Les abeilles sont en danger. Et le déclin de leurs populations a déjà commencé à impacter les rendements de plusieurs cultures aux États-Unis.
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Les populations d’abeilles sont en déclin. Toutes les études se rejoignent à ce sujet. Un récent rapport européen fait état d'un danger d'extinction pour une espèce sur dix (abeilles et papillons). Regrettant l'inefficacité des mesures prises jusqu'alors pour tenter de redresser la barre.
Le déclin des abeilles, c'est en effet un problème, car la plupart des cultures dépendent des abeilles, qu'elles soient domestiques ou sauvages, pour leur pollinisation. De quoi soulever quelques inquiétudes quant à notre sécurité alimentaire. D'autant que des travaux de l’université Rutgers (États-Unis) révèlent aujourd'hui que, déjà, aux États-Unis, les rendements des cultures de pommes, de cerises et de myrtillesmyrtilles sont limités par manque de pollinisateurs.
Planter des fleurs pour sauver les abeilles
Les chercheurs ont recueilli des données sur 131 fermes. Ils y ont trouvé des preuves de pollinisation incomplète. Et ils ont également constaté que les abeilles domestiques et les abeilles sauvages rendent, dans l'ensemble, des services de pollinisation similaires. Aussi, une meilleure gestion de l'habitat des abeilles sauvages et le développement des colonies domestiques pourraient, de la même manière, aider à rétablir des rendements de production agricole plus intéressants.
Ainsi, l'adoption de pratiques visant à augmenter les populations d'abeilles sauvages est à encourager. C'est ce qui se fait au Canada. Les experts de la question encouragent les particuliers à planter des fleurs sauvages d'une grande variété, de manière à ce que les abeilles puissent s'en nourrir tout au long de la saison.
Le déclin des pollinisateurs menace l’agriculture mondiale
Alors que s'ouvre le salon de l'agriculture 2018 et que le monde agricole est confronté à de multiples crises, rappelons-nous qu'il y a deux ans, des chercheurs, réunis dans l'IBPES, présentaient les résultats d'une vaste étude montrant la dépendance de l'agriculture mondiale aux animaux pollinisateurs. Le rapport expliquait aussi que ces espèces sont clairement en déclin et que leur protection devient vitale pour de nombreuses productions agricoles. Moralité : si vous aimez le chocolat, protégez les abeilles...
Article publié le 28 février 2016 et mis à jour par Jean-Luc GoudetJean-Luc Goudet le 25/02/2018
« Sans pollinisateurs, beaucoup d'entre nous ne pourraient plus déguster du café, du chocolat ou des pommes » résume Simon Potts, qui travaille à l'université de Reading, au Royaume-Uni. Comme d'autres, il fait partie de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, ou IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services). Ce réseau international de chercheurs, né en 2010 et officiellement créé en 2012 par 124 pays, est construit sur le modèle du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et, comme son nom l'indique, chargé de faire le point sur la biodiversité mondiale. Il en est à sa quatrième réunion plénière, à Kuala Lumpur, en Malaisie, et à la publication de son premier rapport. Il se concrétise aujourd'hui par une évaluation du rôle de la pollinisation dans la production agricole à but alimentaire (Thematic Assessment of Pollinators, Pollination and Food Production).
Les résultats de cette étude de deux années menée par 80 scientifiques peuvent se résumer en chiffres et en conseils pour protéger les animaux, insectesinsectes, bien sûr, mais aussi vertébrésvertébrés, qui sont utiles à la reproduction des plantes à fleurs, sauvages ou cultivées. Le constat est double : la pollinisation naturelle (qui peut aussi passer par le ventvent) est cruciale ou importante pour les trois quarts de l'agriculture mondiale et, d'autre part, les espèces pollinisatrices sont un peu partout en déclin.
Les sept chiffres de la pollinisation
Selon les membres de ce rapport (voir le communiqué de l’IPBES, en anglais), ce sont des centaines de millions de personnes dans le monde et un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de milliards d'euros qui dépendent de près ou de loin de la pollinisation naturelle.
Voilà les sept chiffres mis en exergue par le rapport :
- 20.000 : le nombre d'espèces d'abeilles sauvages qui participent à la pollinisation. Il faut y ajouter bien d'autres pollinisateurs, des insectes (guêpes, papillons, mites, etc.), des oiseaux, des chauves-sourischauves-souris et d'autres vertébrés.
- 75 % : pourcentage des cultures mondiales pour l'alimentation qui dépendent, au moins en partie, de la pollinisation.
- 214 à 525 milliards d'euros : revenus annuels des cultures directement influencées par les pollinisateurs.
- 300 % : augmentation en cinquante ans de la production, en volumevolume, dépendant de pollinisation.
- Près de 90 % : pourcentage de plantes à fleurs sauvages qui dépendent, au moins en partie, de la pollinisation par les animaux.
- 1,6 million de tonnes : production annuelleannuelle de miel en Occident. 16,5 % : pourcentage de vertébrés pollinisateurs en danger d'extinction.
- Plus de 40 % : pourcentage d'invertébrésinvertébrés pollinisateurs (surtout les abeilles et les papillons) en danger d'extinction.
Rapportée par Le Monde, une réaction de scientifiques vient de mettre un peu d'ombre sur ce rapport. Elle souligne que deux des chapitres « sont sous la responsabilité de Bayer et de Syngenta », entreprises productrices de pesticidespesticides régulièrement accusées de participer au déclin des insectes pollinisateurs (pas seulement les abeilles domestiques).
Quoi qu'il en soit, le rapport apporte des faits instructifs et chiffrés montrant l'importance de protéger les populations animales participant à la pollinisation. Il servira de base à de futures politiques de protection de l'environnement.