Enfin une espèce à laquelle le changement climatique profite ! L'albatros hurleur, aidé par des vents qui s'intensifient, vole plus vite et ses voyages alimentaires sont ainsi plus courts ; augmentant son succès reproducteur. Mais qu'il en profite, car cela ne devrait pas durer...

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    Le grand albatros a la plus grande envergure parmi tous les oiseaux, avec une moyenne de 3,10 mètres. © Time Ellis, Flickr, cc by nc 2.0

    Le grand albatros a la plus grande envergure parmi tous les oiseaux, avec une moyenne de 3,10 mètres. © Time Ellis, Flickr, cc by nc 2.0

    Une fois n'est pas coutume, un être vivant profite du réchauffement climatique : il s'agit de l'albatros hurleur (ou grand albatros, Diomedea exulans). Dans le cas de cet oiseau, ce n'est pas l'augmentation de la température qui a une influence directe sur la santé de l'espèce, mais la variation de l'intensité des vents.

    L'albatros hurleur est en effet très dépendant du vent. Pour se nourrir, il effectue de longues sorties à partir de son point de départpoint de départ situé sur l'île de Crozet, au sud de l'océan Atlantique. Dans cette région, à cause du changement climatique, les vents se sont accélérés, si bien que la vitessevitesse de vol des albatros qui partent au large pour trouver de la nourriture a augmenté.

    Un temps de voyage en baisse de 22 %

    En analysant les vols effectués par ces grands voyageurs entre 1970 et 2008, les scientifiques se sont aperçu qu'ils parcouraient des distances relativement similaires, mais pendant bien moins longtemps : les temps de trajet ont diminué de 22 %, passant de 12,4 jours en moyenne à 9,7 jours. Les résultats sont détaillés dans Science.

    Évolution du succès reproducteur des albatros hurleurs (en % ; 100 % si l'ensemble des œufs donne des juvéniles) au cours de la période 1965-2010. © Weimerskirch <em>et al.</em> 2012, <em>Science </em>- adaptation Futura-Sciences

    Évolution du succès reproducteur des albatros hurleurs (en % ; 100 % si l'ensemble des œufs donne des juvéniles) au cours de la période 1965-2010. © Weimerskirch et al. 2012, Science - adaptation Futura-Sciences

    Par ailleurs, au cours de cette quarantaine d'années, le succès reproducteur des oiseaux a augmenté, en lien avec le temps de parcours. Cette correspondance a d'ailleurs été mise en évidence, car chez ces oiseaux, le succès reproducteur dépend essentiellement de l'incubation des œufs. Une période très critique qui, quand l'absence des parents se prolonge, a de grandes chances de ne pas être menée à terme. Ainsi, avec des voyages moins longs, la période pendant laquelle les nids sont abandonnés est plus courte et le succès reproducteur est meilleur.

    Enfin, les albatros ont globalement pris du poids au cours de cette période : 1 kgkg environ soit 10 à 12 % de leur massemasse corporelle, ce qui correspond clairement à une meilleure santé globale. Ce gain permet en outre aux albatros de mieux apprivoiser les vents dont la vitesse est croissante.

    Une tendance qui pourrait s'inverser pour les albatros

    Enfin, dernier avantage, le phénomène a poussé les albatros à aller chercher leur nourriture sensiblement plus au sud, évitant ainsi les filets de pêcheurs de thonsthons dans lesquels il n'était pas rare qu'ils se fassent piéger.

    Alors que de nombreuses espèces souffrent de la sécheressesécheresse, de la chaleurchaleur, et doivent migrer vers des altitudes et des latitudeslatitudes moins chaudes quand elles ne disparaissent pas tout simplement, les albatros hurleursalbatros hurleurs surfent tranquillement sur la vaguevague du réchauffement climatique qui améliore leurs conditions de vie.

    Toutefois, la situation pourrait ne pas durer. Ce renforcement des vents, qui était localisé au nord de Crozet il y a une trentaine d'années, est maintenant juste au-dessus de l'île. Mais le mouvementmouvement va continuer à dériver en direction du pôle si bien que vers 2050, les vents autour de l'île retrouveront l'intensité qu'ils avaient en 1970. Les albatros ne bénéficieront donc plus de ce phénomène ou bien, à l'instar de nombreuses autres espèces mais pour différentes raisons, devront se rapprocher du pôle pour continuer à en profiter.