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Un bassin de rétention recueillait les effluves toxiques de l'usine de production d'aluminium Ajkai Timfoldgyar Zrt, près de la vile d'Ajka, en Hongrie. Une énorme brèche s'est ouverte le lundi 4 octobre. Elle était visible la veille sur des images prises par satellite, affirme Greenpeace. (© Image d'un reportage diffusé sur BFM TV.)
Un million de mètres cubes de boue rouge se sont déjà répandus dans les villages autour du site établi à 160 kilomètres de Budapest. On déplore quatre morts et plus d'une centaine de blessés. Sur place, des habitants désertent les lieux. Les boues toxiques ont provoqué des brûlures et irritations des yeuxyeux. Comment évaluer leur risque réel sur la santé ? Jacques Bureau, éco-toxicologuetoxicologue de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) répond à nos questions. « Il est fort probable que ces boues soient toxiques, même si nous n'avons pas de détails sur leur composition chimique. »
Dans les cas les plus graves, ces boues peuvent, outre les dégâts sur les sols, attaquer « les organes fonctionnels » de l'homme. L'association Robin des Bois précise que « le cumul des métauxmétaux et minérauxminéraux fait des boues rouges un déchet toxiquedéchet toxique pour la faune aquatique, les animaux domestiques et d'élevage ». Jacques Bureau ne veut pas s'avancer sur la dangerosité de la pollution en Hongrie, car « en plus de leur potentiel toxique, c'est surtout le degré d'exposition aux boues qui fait la dangerosité de ces résidus ».
Les habitants ont commencé à déserter la zone contaminée par ce déferlement de boue toxique. © BFM TV
D'où viennent ces « boues rouges » ?
Elles proviennent d'une usine de production d'aluminiumaluminium, Ajkai Timfoldgyar Zrt, située à Ajka. La digue d'un bassin de rétention d'eaux usagées a cédé, déversant brutalement un flot de boue. Pourquoi rouge et pourquoi toxique ? La production d'aluminium se fait à partir de la bauxite, un minerai importé souvent des régions tropicales et subtropicales.
La première partie du processus de production, qui consiste à transformer la bauxite en aluminealumine - ensuite transformée en aluminium - génère des résidus de boues. Pour une tonne d'aluminium produite, il faut compter trois tonnes de boue rouge. Selon L'Usine Nouvelle, « ces résidus contiennent des métaux lourds ainsi que du cyanure et de l'arsenicarsenic ». Mais selon Jacques Bureau, « la composition des boues et leur toxicitétoxicité peuvent varier en fonction de l'origine du minerai ».
Et en France ?
Il existe dans l'Hexagone une seule usine de production d'alumine. Elle appartient à l'entreprise Rio Tinto Alcan et est située à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Depuis 1967, ces boues rouges sont rejetées pour moitié en pleine mer et pour moitié stockées dans un bassin près de l'usine. Interrogé par Rue89, Alain Pavillon, directeur de l'usine de Gardanne, explique : « Ces boues sont nettoyées et séchées, avant d'être stockées dans un bassin qui fonctionne en circuit fermé. Ce procédé permet de gagner de la place et surtout de limiter les impacts environnementaux ».
Un comité scientifique, créé en 1995 par décision du préfet et composé d'experts indépendants, surveille de près les impacts des 250.000 tonnes de boues annuelles rejetées en mer.