Une famine survenue il y a 1.500 ans était restée jusqu’à présent inexpliquée. Elle pourrait avoir été provoquée par la chute d’une comète.
Sphérules similaires à celles collectées par Dallas Abbott, recueillies par une équipe japonaise dans d’autres forages du Groenland. Crédit Data Center for Glacier Research, 1990

Sphérules similaires à celles collectées par Dallas Abbott, recueillies par une équipe japonaise dans d’autres forages du Groenland. Crédit Data Center for Glacier Research, 1990

Divers documents historiques rapportent qu'à partir de l'an 536 de notre ère, le ciel a été obscurci durant dix-huit mois par un étrange nuage de poussière au point que le Soleil n'était pas plus brillant que la Pleine Lune des années précédentes. Selon les chroniqueurs de l'époque, les températures baissèrent considérablement et les récoltes furent nulles, entraînant une terrible famine.

Jusqu'ici, rien n'avait permis d'expliquer ce phénomène. Aussi, les hypothèses allaient bon train, évoquant des éruptions volcaniques dont on ne conservait pourtant nulle trace, ou une chute de météorite.

Dallas Abbott. Crédit <em>Université Columbia</em>

Dallas Abbott. Crédit Université Columbia

Cette dernière explication semble confirmée par les travaux de Dallas Abbott, spécialiste de géophysique et de géologie marine, chargée de recherche à l'Observatoire Lamont-Doherty de l'université Columbia (New-York), qui soutient l'hypothèse d'impacts de météorites et a présenté ses découvertes lors de la conférence annuelle de l'American Geophysical Union à San Francisco (en cours de publication).

Des sphérules vitreuses, témoins d'un impact

Ses conclusions s'appuient sur la découverte de multiples sphérules vitrifiées dans les carottes de glace régulièrement prélevées au Groenland, distribuées en plusieurs couches s'étalant sur plusieurs années et dont la plus ancienne remonte à l'an 536. Formées essentiellement de magnétite, de verre et de quartz, ces sphérules ne proviennent pas directement des météorites mais ont été produites par l'énergie cinétique dégagée lors des impacts et font partie des éjectas, ceux-ci ayant très bien pu être répandus sur l'ensemble du globe.

La comète Shoemaker-Levi fragmentée, avant sa collision avec Jupiter en 1994. Crédit Nasa/Hubble

La comète Shoemaker-Levi fragmentée, avant sa collision avec Jupiter en 1994. Crédit Nasa/Hubble

Selon Dallas Abbott, l'hypothèse de l'impact multiple accréditerait celle d'une comète plutôt que de météorites, celle-ci s'étant alors fragmentée avant de rencontrer la Terre à l'instar de la comète de Shoemaker-Levi qui a percuté Jupiter en 1994.

Avec son équipe, Abbott a identifié deux cratères sous-marins dont l'âge pourrait correspondre avec l'évènement. Le premier, situé dans le golfe de Carpentarie en Australie, aurait été formé par la chute d'un objet de 640 mètres de diamètre tandis que le second, plus petit, se situe en Mer du Nord, au large de la Norvège. Ces découvertes sont intéressantes car les sphérules mises au jour dans les carottages du Groenland sont souvent accompagnée de microfossiles qui pourraient avoir été transportés avec eux.