au sommaire
Etendue de la calotte Cook entre 1963 (gris foncé) et en 2003 (gris clair). On remarque que le recul glaciaire est asymétrique, en l'occurrence, plus important à l'est. © AGU 2009
Le plus grand glacier français n'est pas situé dans les Alpes mais très loin, aux frontières de l'Antarctique, dans les îles Kerguelen. La calotte Cook, au pied du mont Ventoux (dont le nom est volontairement identique à celui de la grande montagne du Vaucluse, régulièrement balayée par le Mistral), est surveillée de près depuis très longtemps par les équipes de scientifiques qui se sont succédé sur cette île inhabitée.
De 1800 à 1974, des observations sur place ont montré l'évolution de la couverture glaciaire. Les données recueillies par satellite ont ensuite pris le relais. Des glaciologues du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiale (Legos) se sont penchés sur l'évolution de ces zones glacées, en utilisant une carte IGN datant de 1963 puis, grâce à l'équipe Cryosphère satellitaire, aux images fournies par les satellites Spot et LandsatLandsat pour 1991, 2001 et 2003.
22% de volume perdu en quarante ans
En 1963, l'île principale de Kerguelen était recouverte par 703 kilomètres carrés, une surface qui s'est réduite à 552 km2 en 2001. En 1963, la calotte Cook occupait 501 km2. En 1991, il s'était réduit à 448 km2 puis à 403 km2 en 2003. En quarante ans, ce glacier a donc perdu 20% de sa surface et les scientifiques montrent que la diminution est deux fois plus rapide depuis 1991. Une animation visualise la régression du glacier Ampère, langue de glace faisant partie de la calotte Cook.
En plus de ces variations de la surface, les chercheurs ont pu déterminer les changements du volumevolume de glace. Selon les endroits, la profondeur s'est réduite de 300 à 400 mètres en quarante ans, soit 1,4 à 1,7 mètre par an, un taux très élevé pour un glacier. Les glaciologues estiment que le glacier a perdu 22% de son volume de glace durant ces quarante ans.
Quelle est la cause de cette fontefonte ? Depuis que les océanographes fréquentent cet archipel, on sait que la calotte Cook se réduit inexorablement. La première raison est donc à chercher loin dans le passé et, selon les auteurs, dans le réchauffement qui a suivi la fin du Petit âge glaciaire, maximum au dix-neuvième siècle et qui s'est achevé vers la moitié du suivant.
En revanche, l'accélération de la fonte observée depuis 1991 serait due, elle, à l'élévation des températures et à la baisse des précipitationsprécipitations qui affectent la région australe depuis la décennie 1980. ces résultats viennent conforter les conclusions des études effectuées sur l'ensemble des régions polaires australes.