Mardi 15 septembre 2020, la banquise arctique a atteint son étendue minimale annuelle. La deuxième plus basse jamais enregistrée. Avec les vagues de chaleur, les feux de forêt ou encore le dégel du pergélisol, ce n’est qu’une conséquence de plus du réchauffement climatique en cours.
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La banquise arctique est en quelque sorte vivante. En hiver, elle recouvre presque tout l'océan et les mers voisines. Au retour du printemps, elle s'amincit et se rétracte. Un peu comme si elle respirait. Un phénomène tout à faire naturel en somme. Malheureusement perturbé depuis quelques années par le réchauffement climatique initié par nos émissions de gaz à effet de serre.
La banquise arctique affiche son étendue minimale à la sortie de l'été, pendant le courant du mois de septembre. Et depuis deux décennies les chercheurs ont pu observer que celle-ci a tendance à considérablement diminuer. Cette année même un peu plus encore. Selon les chercheurs de la NasaNasa et du National Snow and Ice Data CenterData Center (NSIDC) de l'université de Boulder (Colorado, États-Unis), ce 15 septembre 2020, la couverture de la glace de mer en Arctique s'étendait sur seulement 3,74 millions de km2.
C'est, après celle de l'année 2012, la deuxième étendue de glace de mer la plus faible depuis le début des enregistrements à la fin des années 1970. La deuxième fois seulement qu'elle tombe en dessous des quatre millions de km2. Et 2,48 millions de km2 en dessous de la moyenne de 1981-2010 des étendues minimales annuelles ! En cause bien sûr : le réchauffement climatique.
Une banquise de plus en plus fragile
Mais à y regarder d'un peu plus près, on peut incriminer plus spécifiquement la vaguevague de chaleurchaleur qui a déferlé sur la région dès ce printemps 2020. Des records de température ont été battus. Jusqu'à 38 °C en Sibérie. La saisonsaison de fontefonte a commencé plus tôt qu'à l'accoutumée. « Et plus la saison de fonte commence tôt, plus vous perdez généralement de la glace de mer », commente Nathan Kurtz, chercheur au Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center de la Nasa dans un communiqué. Une situation qui tend à devenir de plus en plus fréquente sous l'effet du réchauffement climatique.
Autre déclencheur : la tendance générale à la fonte qui fragilise la banquise. Aujourd'hui, les zones où d'épaisses couches de glace se sont accumulées sur plusieurs hivers se font rares. Les zones plus minces fondent plus rapidement.
“C’est un double coup dur.”
De l'eau chaude remontée de l'océan Atlantique semble aussi -- même si c'est dans une moindre mesure -- participer au phénomène. Une récente étude montre en effet que cette eau se rapproche de la banquise. La réchauffant par le fond. Tout cela fait que la banquise perd à la fois de l'étendue et de l'épaisseur. « C'est un double coup dur », conclut Mark Serreze, directeur du NSIDC. Car rappelons que la banquise arctique a un impact non seulement sur les écosystèmesécosystèmes locaux, mais aussi sur les régimes météorologiques régionaux et mondiaux et sur la circulation océanique.
Banquise arctique : fonte historique en 2012 !
C'est officiel, la banquise arctique n'aura jamais été si peu étendue que cette année, du moins depuis la mise en place de son suivi par satellite en 1979. Et la saison de fonte n'est pas encore terminée !
Article de Quentin MauguitQuentin Mauguit paru le 29/08/2012
L'Arctique n'échappe pas au rythme des saisons : des hivers froids succèdent à des étés plus chauds. Ce cycle a bien évidemment une influence majeure sur la taille de la banquise. Elle grandit en automneautomne et en hiver et fond partiellement au printemps et en été. Depuis 1979, ce phénomène cyclique est constamment observé et quantifié avec une grande précision grâce à de nombreux satellites. Malheureusement, leurs précieuses données sont depuis quelques années la source de vives émotions et 2012 n'échappe pas à la règle.
Un record historique annoncé depuis plusieurs semaines vient d'être battu. La surface de la banquise en cette saison n'a jamais été aussi petite depuis la mise en place du suivi ! Les glaces recouvraient ce 26 août une superficie de 4,1 millions de km², soit 70.000 km² de moins que le 18 septembre 2007, année détentrice du triste record jusqu'alors. Mais la saison de fonte n'est pas encore terminée puisqu'elle prend habituellement fin durant la seconde moitié du mois de septembre...
Une banquise réduite de 40 % en 30 ans
Cette annonce a été faite conjointement par la Nasa et le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) basé à Boulder dans le Colorado (États-Unis). Elle repose sur l'analyse de données récoltées par des radiomètresradiomètres SSM/I (pour Special Sensor Microwave/Imager) embarqués à bord de satellites du « US Defense Meteorological Satellite Program » (DMSP).
En moyenne, la surface des glaces périannuelles (subsistant à la fin de l'été), tendrait à diminuer de 13 % par décennie. Ainsi, leur étendue aurait été réduite d'environ 40 % depuis le début des observations voici plus de 30 ans. Plusieurs modèles ont prévu la disparation complète de la banquise arctique en été d'ici la fin du siècle. Selon les données de cette année, cet événement majeur pourrait survenir plus tôt que prévu.
L’Arctique sensible aux activités humaines
À l'inverse de 2007, l'année 2012 n'a pas été marquée par des températures anormalement hautes. D'autres explications doivent donc être trouvées pour justifier cette fonte record. Les activités anthropiques sont bien évidemment pointées du doigt. L'Arctique est en effet particulièrement sensible aux conséquences du réchauffement climatique. Une autre problématique jouerait également un rôle important : la baisse de la réflexivité des glaces. La surface des étendues gelées devient de plus en plus sombre notamment suite à des dépôts de suiesuie insuffisamment recouverts par de la neige fraîche. Par conséquent, la banquise absorbe mieux la chaleur et fond plus rapidement.
Le record de cette année adresse un nouveau signal d'alarme aux scientifiques, mais il représente une aubaine économique dans d'autres secteurs. Plusieurs armateurs pourraient en effet ouvrir une nouvelle voie maritime pour rejoindre la Chine à partir de l'Europe en passant par le nord de la Russie et la mer de Béring. Ce raccourci de 7.000 km par rapport au trajet conventionnel leur permettrait de faire de précieuses économies de carburant, tout en augmentant le nombre de rotations dans l'année. D'autres bénéficiaires pourraient être... les baleines. Durant l'été 2011, certaines ont déjà profité de l'eau libre pour visiter le Canada, venant du Pacifique et de l'Atlantique.
De leur côté, les compagnies pétrolières ne sont pas en reste. Plusieurs navires d'exploration ont déjà pris la mer à la recherche de gazgaz et de pétrolepétrole au sein de régions fraîchement libérées par les glaces, pour dénicher des réserves que certains estiment colossales.