L'être humain n'est pas le seul animal à être capable de convoquer ses souvenirs ou de se rappeler des lieux qu'il a visité... une autre espèce en est également capable : la chauve-souris ! Pour surprenant que ce soit, il semblerait que la roussette d'Égypte ait une mémoire d'éléphant, révèle une étude.
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Les chauves-souris ne cessent de nous surprendre pour leurs incroyables capacités. Car ces mammifères volants sont doués d'une intelligenceintelligence rare. Une étude israélienne, parue dans la revue Current Biology, affirme que les chauves-souris ont une mémoire épisodiquemémoire épisodique semblable à celle des êtres humains.
Pour rappel, la mémoire épisodique est celle des événements autobiographiques. C'est grâce à elle que nous pouvons nous projeter dans le temps et dans l'espace. On a longtemps cru que les êtres humains étaient les seuls à avoir cette faculté. Mais, ces dernières années, la communauté scientifique a découvert que certains animaux, dont les geais, en sont également pourvus.
Des chercheurs affiliésaffiliés à l'université de Tel Aviv affirment que les roussettes d'Égypte (Rousettus aegyptiacus), une espèce de chauves-souris commune en Afrique sub-sahélienne et dans la vallée du Nil, ont la notion du temps qui passe. Ils sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé le comportement de ces chiroptères dans le jardin zoologique de l'université de Tel Aviv, où ils vivent en liberté.
Un secret que seul la gourmandise pouvait révéler
Comme d'autres types de chauves-souris, les roussettes d'Égypte sont des frugivoresfrugivores. Elles raffolent tout particulièrement des fruits juteux et sucrés. Étant donné leurs préférences alimentaires, les scientifiques ont émis l'hypothèse que ces chiroptères se souviennent de la localisation des arbres fruitiers où ils peuvent se nourrir de leur mets de prédilection. Un postulatpostulat qu'ils ont voulu vérifier en attachant des traceurs GPSGPS sur plusieurs roussettes d'Égypte, afin de suivre leurs itinéraires de vol pendant plusieurs mois.
Il est apparu que les chauves-souris se projettent aussi bien dans le passé que dans le futur pour prendre des décisions d'ordre alimentaire. Elles n'allaient pas toujours vers les mêmes arbres fruitiers pour se nourrir. « Nous avons constaté qu'après un jour de captivité, les chauves-souris retournaient sur les arbres qu'elles avaient visités la nuit précédente. Cependant, au bout d'une semaine entière, les chauves-souris les plus âgées évitaient les arbres qui avaient cessé de porter des fruits depuis leur dernière visite, en se basant sur leur expérience passée », déclare Lee Harten, coauteur de l'étude, dans un communiqué relayé sur le site spécialisé Phys.org.
La mémoire épisodique n'est pas l'apanage des humains !
Les jeunes chauves-souris n'avaient pas le même réflexe, ce qui laisse penser que ce comportement est acquis, et non inné. De plus, les universitaires ont constaté que les roussettes d'Égypte ne quittent pas leur colonie sans avoir une destination précise en tête. Elles savent parfaitement où aller, à la nuit tombée, pour trouver de la nourriture. « Une analyse minutieuse des mouvementsmouvements des chauves-souris et de leurs choix en matièrematière de recherche de nourriture indique qu'elles anticipent le choix de l'arbre qu'elles visiteront quand elles sont encore dans la colonie, ce qui montre leur capacité à se projeter dans l'avenir et à différer leur besoin de gratification immédiate », écrivent-ils dans leur étude.
Autrement dit, les roussettes d'Égypte ne partent pas à la recherche de nourriture au petit bonheur la chance. Ces chauves-souris s'appuient sur leurs expériences passées - et donc sur leur mémoire épisodique - pour élaborer un plan d'action. Elles semblent avoir une carte mentale précise de la position des arbres fruitiers qui les intéressent, ainsi que de solidessolides connaissances botaniques. En effet, elles se souviennent de la production de fruits d'un arbre à l'autre, ce qui leur permet de savoir où se diriger pour ne pas revenir bredouille auprès de leurs congénères.
Les conclusions de cette étude nous laissent penser que la mémoire des événements n'est pas une compétence propre à l'être humain. Elle est bien présente dans le monde animal, comme le prouve le cas des roussettes d'Égypte. Une découverte qui nous poussera certainement à changer le regard que l'on porteporte sur les chauves-souris.