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Si l'inlandsis du Groenland venait à fondre totalement, le niveau des océans pourrait s'élever de plus de 7 mètres, submergeant bien des régions continentales. On comprend aisément que les climatologuesclimatologues, et pas seulement eux, voudraient pouvoir prédire cette fontefonte et son ampleur, c'est-à-dire déterminer à quel point la calotte de glace du Groenland va être affectée par le réchauffement climatique en cours.
Notre Planète a déjà connu des périodes plus chaudes et certains des secrets du climat sont conservés dans les glaces. Les scientifiques cherchent ainsi à savoir ce qui s'est passé pendant l'Eémien, il y a un peu plus de 128.000 ans, c'est-à-dire pendant l'avant-dernière période interglaciaire précédant la glaciation de Würm. La température moyenne de la Terre était plus chaude de 2 °C par rapport au début de l'ère industrielle. A priori, ce serait donc un bon moyen de déterminer si les objectifs de la COP21 permettraient, s'ils étaient réalisés et respectés, de limiter les conséquences du réchauffement climatique.
Lors de la récente conférence annuelle de l'American Geophysical Union, le géochimiste du célèbre Lamont-Doherty Earth Observatory, Joerg Schaefer, a fait une présentation de son travail et de celui de ses collègues qui apportent des éléments de réponses à cette question. Bien que le flou demeure encore, il semble incontestable que le Groenland n'était pas recouvert de glace du moins pendant une certaine duréedurée quelque part, il y a moins de 1,25 million d'années.
La couverture glaciaire du Groenland est un vaste sujet d’étude pour les glaciologues du monde entier, qui ne l’observent pas que par l’intermédiaire des satellites. Sur place, ils analysent les mouvements de ces glaciers géants et entremêlés, ainsi que les phénomènes de fonte en surface mais aussi en profondeur, là où le glacier est en contact avec la roche. © Euronews, YouTube
Des isotopes radioactifs comme marqueurs des événements climatiques
Comment les chercheurs sont-ils arrivés à cette conclusion ? En revisitant des carottes rocheuses prélevées en dessous des kilomètres de glace lors de forages effectués en 1993 au cœur du Groenland. Plus précisément en mesurant les abondances de deux isotopesisotopes, l'aluminiumaluminium 26 et le bérylliumbéryllium 10. Instables et donc radioactifs, ils ont été détectés et leurs quantités mesurées dans des quartzquartz présents dans une épaisseur de roche de 1,55 mètre, recouverte par plus de 3.050 mètres de glace.
Les abondances de 26Al et de 10Be dans la roche sont influencées par les rayons cosmiquesrayons cosmiques qui la frappent. On peut donc déterminer si une couche de glace a été présente, puisqu'elle réduit fortement le flux de rayons cosmiques. C'est cette méthode qui a permis au chercheur d'atteindre partiellement leurs objectifs.
En effet, on ne peut pas encore dire si le moment où l'inlandsis du Groenland n'existait plus correspond bien à l'Eémien. Il existe par exemple des indications laissant entendre que le niveau des océans était plus élevé de 21 mètres il y a 400.000 ans, ce qui, si c'était bien le cas, pointerait vers une fonte importante aussi bien de l'AntarctiqueAntarctique que de l'ArctiqueArctique.