Avec le réchauffement climatique, la glace de l’océan Arctique fond. À un rythme sans précédent, notent les chercheurs. À tel point qu’il est aujourd’hui possible que la région connaisse un jour libre de glace dès 2027 !


au sommaire


    Sur l'océan Arctique, il y a toujours de la glace et de la neige. Plus ou moins en fonction de la saison. Mais tout de même toujours. Sauf que peu à peu, le réchauffement climatique anthropique a fait fondre cette glace de mer. Elle disparaît même désormais à une vitessevitesse sans précédent de plus de 12 % par décennie. En 2024, la couverture minimale de glace sur l'océan Arctique a été mesurée à 4,28 millions de kilomètres carrés. C'est plus qu'en 2012, qui reste un record. Mais bien moins que la couverture moyenne de 6,85 millions de kilomètres carrés entre 1979 et 1992. Alors jusqu'où irons-nous ?

    Le saviez-vous ?

    Pour les scientifiques, dire que l’océan Arctique est libre de glace revient à dire qu’on y trouve moins d’un million de kilomètres carrés de glace.

    Pour l'heure, les projections s'étaient concentrées sur la prévision du moment où l'océan deviendra libre de glace pendant un mois entier. Compte tenu de la situation actuelle du réchauffement climatique et de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre, les modèles suggèrent que cela se produira presque inévitablement. Possiblement d'ici les années 2030. Et c'est la proximité de ce point de basculement - celui que certains qualifient aussi de point de non-retour - qui a encouragé des chercheurs de l'université du Colorado à Boulder (États-Unis) et de l'université de Göteborg (Suède) à aller un peu plus loin dans leurs prévisions. Ils présentent leurs résultats dans la revue Nature Communications et à l'occasion de la prochaine réunion annuelle de l'AGU, l'American Geophysical Union.

    À quand un jour libre de glace en Arctique ?

    Ils se sont demandé quand risquait de survenir le premier jour sans glace sur l'océan Arctique. « Le premier jour libre de glace dans l'Arctique ne changera pas radicalement les choses, concède Alexandra Jahn, professeur au Département des sciences atmosphériques et océaniques de l'université du Colorado. Mais ce jour-là est comme le symbole du fait que nous aurons fondamentalement modifié l'une des caractéristiques déterminantes de l'environnement naturel de cette région ».

    « Étant donné que le premier jour sans glace est susceptible de se produire plus tôt que le premier mois sans glace, nous voulons être préparés. Il est également important de savoir quels événements pourraient conduire à la fontefonte de toute la banquise dans l'océan Arctique », ajoute Céline Heuzé, chercheur à l'université de Göteborg.

    L’échéance se rapproche…

    Ce que montrent les modèles interrogés par les chercheurs, c'est que le premier jour libre de glace dans l'océan Arctique pourrait se produire dans les 9 à 20 ans après 2023. Et ce, quelle que soit la façon dont nous parviendrons à diminuer nos émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre.

    Dans un scénario un peu extrême, le premier jour sans glace pourrait se produire... dans seulement trois ans. Parce qu'une série d'événements météorologiques extrêmes pourrait faire fondre au moins 2 millions de kilomètres carrés de glace de mer arctique en peu de temps. Par exemple, un automneautomne inhabituellement chaud qui affaiblirait la glace de mer, suivi d'un hiverhiver et d'un printemps chauds qui empêcheraient la formation de glace. Si l'Arctique connaît un réchauffement aussi extrême pendant trois années consécutives ou plus, le premier jour sans glace pourrait se produire à la fin du troisième été. Ce scénario s'est déjà produit en 2022. Il ne s'est heureusement pas répété les années suivantes.

    … mais rien n’est encore perdu

    Et à ceux qui se demandent quelle est l'importance de cette découverte, les chercheurs expliquent que la glace de mer protège l'Arctique du réchauffement en réfléchissant la lumièrelumière du soleilsoleil. Ainsi moins de glace, ce sont des eaux océaniques qui absorbent davantage de chaleurchaleur, augmentant encore les températures dans l'Arctique. Et dans le monde. D'autant que le réchauffement de l'Arctique pourrait modifier les schémas des ventsvents et des courants océaniques, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes partout sur la planète.

    La bonne nouvelle que portent aussi les chercheurs, c'est qu'une réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre pourrait retarder le calendrier d'un Arctique sans glace et réduire la duréedurée pendant laquelle l'océan restera libre de glace.