« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons à la rencontre d’un poisson pas tout à fait comme les autres : l’épinoche.
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L'épinoche, c'est un petit poisson bardé d'aiguillons qui lui servent à se défendre contre les agressions. Plutôt efficace pour se protéger des prédateurs. À tel point qu'il était autrefois très commun en Europe. Dans tout l'hémisphère Nord, d'ailleurs. Mais il a aujourd'hui quasiment disparu de certaines régions de son aire de répartition. La faute, peut-être, pensent les chercheurs, à la pollution des eaux par des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens.
Il ne présente pas réellement d'intérêt commercial. Mais les scientifiques aiment étudier son comportement. Et c'est justement aujourd'hui, ce qui nous amène à lui. Parce que des biologistes et des mathématiciensmathématiciens de l'université de Swansea et de l’université d’Essex (Royaume-Uni) qui l'ont observé de près affirment qu'il est possible de mesurer de manière fiable, la personnalité des épinoches en se concentrant seulement sur la façon dont ils nagent.
Quoi ? Les animaux aussi auraient une personnalité ? Les chiens ou les chats, encore... Mais des poissons de guère plus de dix centimètres ? Eh bien oui. Il semblerait que les personnalités existent chez toutes les espècesespèces. Même s'il n'est pas nécessairement question ici d'intelligenceintelligence. Par le terme « personnalité », les biologistes entendent en effet des différences de comportement individuel qui se maintiennent dans le temps. On peut donc trouver toutes sortes d'animaux timides ou audacieux, aventureux ou pantouflards.
L’épinoche comme modèle pour les autres animaux ?
Alors, revenons à nos épinoches. Les chercheurs les ont filmés alors qu'ils nageaient dans un aquarium. Et ils ont noté comme des signatures, différentes et uniques à chacun des individus. Des signatures qui restent les mêmes lorsque des modifications simples sont apportées à l'environnement. Comme l'ajout d'une plante supplémentaire. À tel point qu'ils ont finalement été capables d'identifier les poissons uniquement à partir des données recueillies sur leurs mouvementsmouvements.
Le saviez-vous ?
Une étude menée par des chercheurs de l’Institut Leibniz d’écologie des eaux douces et des pêches intérieures (Allemagne) a montré récemment que la pêche élimine préférentiellement les poissons les moins timides. Car ils sont généralement les plus actifs.
Les plus audacieux des épinoches, ceux qui explorent le plus l'aquarium et s'aventurent dans les eaux libres, sont par exemple aussi ceux qui passent le plus de temps en mouvement. Ils préfèrent les approches directes aux déplacements « en rafale ».
Reste à vérifier tout de même si ces observations pourraient être reproduites dans la nature et sur une plus longue période. À vérifier également, les éventuels changements de personnalité qui pourraient intervenir au cours de la vie des épinoches ou en cas de changement brutal dans leur environnement. Ainsi, peut-être les biologistes seront bientôt en mesure de juger de la personnalité de n'importe quel animal sauvage en fonction simplement d'informations de base sur la façon dont ils se déplacent. L'occasion une fois de plus de démontrer que les animaux ne sont... pas si bêtes.
