Nous avons tous entendu dire qu’un régime riche en viande n’était pas des meilleurs. Ni pour notre santé ni pour le climat de notre Planète. Mais à quel point mettre un steak dans son assiette coûte-t-il cher ? Ces chercheurs ont enfin la réponse.  


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    Depuis plusieurs années, les médecins ont mis à jour des liens entre la consommation (excessive) de viande, surtout de viande transformée, et l'apparition de certaines maladies. Des cancerscancers, parfois. Les climatologuesclimatologues, eux, s'inquiètent du poids de l'élevage sur le réchauffement climatique anthropique. En France, par exemple, l'agriculture représente 18,7 % des émissionsémissions de gaz à effet de serre. L'élevage est responsable de 60 % d'entre elles (près des deux tiers !). Deux bonnes raisons qui pourraient nous encourager à réduire notre consommation de viande.

    Le saviez-vous ?

    L’élevage, ce n’est pas seulement un poids pour le climat. C’est aussi une source de services en tout genre. Il permet la valorisation de la biomasse et des coproduits non comestibles par les humains, la fertilisation organique des sols limitant le recours aux engrais minéraux et de synthèse, la préservation des prairies permanentes (de précieux puits de carbone) ou encore l’entretien des paysages et de la biodiversité associée. Autant de leviers à actionner pour imaginer une agriculture plus responsable.

    Pour nous permettre de faire un choix encore plus éclairé, des chercheurs norvégiens, autrichiens et suisses ont décidé de calculer la quantité d'énergieénergie nécessaire pour produire les aliments que nous mangeons. Ils livrent leurs résultats, dont certains un peu surprenants, dans la revue PNAS Nexus.

    Sans surprise, manger de la viande coûte cher au climat

    Le premier chiffre à retenir de cette étude, c'est qu'entre 2015 et 2019, la production mondiale d'aliments d'origine animale - non seulement la viande, mais aussi le fromage ou les œufs - a été responsable de près de 60 % de la consommation d'énergie du secteur de l'agriculture. Une énergie qui provenait essentiellement des énergies fossiles.

    Mais les chercheurs, soupçonnant l'élevage d'être particulièrement inefficace, ne fournissant que 18 % des caloriescalories consommées dans le monde, ont voulu aller plus loin encore. « Nous produisons d'abord des produits comestibles, puis nous les donnons aux animaux pour obtenir une fraction bien plus faible des calories qu'ils consomment », remarque Edgar Hertwich, auteur principal de l'étude, dans un communiqué publié sur Norwegian SciTech News. Alors son équipe a calculé ce qu'il appelle le « retour sur investissement énergétique ». Une manière, selon les scientifiques, de vraiment se faire une idée de l'efficacité de l'élevage dans le monde. Parce que, si le résultat s'avérait inférieur à 1, cela signifierait tout simplement qu'il faut plus d'énergie pour produire les aliments que ce qu'ils nous fournissent finalement en calories.

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    Pour permettre une analyse plus précise, les chercheurs ont travaillé sur 10 groupes de produits alimentaires constitués au total de 123 produits différents. Ils ont divisé le monde en 20 régions. Ils ont enfin étudié les données sur deux périodes, l'une allant de 1995 à 1999 et l'autre, de 2015 à 2019. Et cela a porté ses fruits. Des tendances sont ressorties.

    L’efficacité énergétique de l’élevage laisse à désirer

    D'abord, bonne nouvelle, l'efficacité énergétique des systèmes alimentaires mondiaux s'est améliorée entre 1995 et 2019. Mais tout n'est pas parfait. Car même en 2019, le retour sur investissement énergétique mondiale n'était que de 0,91. Comprenez que « pour chaque calorie comestible fournie à la société, 10 % d'énergie supplémentaire était nécessaire pour la produire ».

    Et une fois n'est pas coutume, ce sont les pays les moins industrialisés qui tirent les chiffres vers le haut. L'Asie du Sud ou du Sud-Est. L'Afrique de l'Est aussi. Leur retour sur investissement énergétique est supérieur à 1. Et l'Afrique de l'Ouest fait encore mieux avec un score de 2,70 !

    Les pays à revenus élevés ont également progressé. « Une bonne surprise, commente Kajwan Rasul, chercheur à l'Université norvégienne de sciences et de technologie. Cependant, cela pourrait être dû à un passage à un régime alimentaire plus calorique ou à une dépendance accrue aux importations en provenance de régions qui ont de meilleures conditions pour produire des aliments de manière plus économe en énergie ». D'autres travaux seront nécessaires pour conclure sur ce point.