Une nouvelle carte établie par Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) et Mars Odyssey indique, qu'aux pôles, la glace n’est qu’à quelques centimètres sous la surface. Une donnée qui a permis d'affiner le choix d'un potentiel site d'atterrissage et d'établissement d'une future colonie martienne.


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    Où les premiers Hommes devront atterrir sur Mars ? Voilà une question qui taraude la Nasa depuis longtemps. Une nouvelle carte, publiée dans la revue Geophysical Research Letters, pourrait restreindre les choix possibles. En effet, cette carte détaille les régions de la Planète rouge où la glace se situe à moins d'un mètre sous la surface. Mieux encore, à certains endroits, celle-ci n'est enfouie que sous 2,5 centimètres de poussière martienne ! Un élément supplémentaire qui a permis à la Nasa d'identifier une région propice à une future colonie martienne.

    La glace enfouie de Mars

    Les régions près des pôles de Mars intéressent les scientifiques depuis longtemps. Onze ans auparavant, l'atterrisseur Phoenix Mars LanderPhoenix Mars Lander avait égratigné la surface de Mars pour y découvrir de la glace. Une observation confirmée quelque temps plus tard par le Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter (MRO) qui avait photographié de la glace sous des impacts de météorite.

    Des images de la glace sous la poussière martienne prise le 15 et 19 juin 2008 par <em>Phoenix Mars Lander</em>. © Nasa, JPL-Caltech
    Des images de la glace sous la poussière martienne prise le 15 et 19 juin 2008 par Phoenix Mars Lander. © Nasa, JPL-Caltech
     Les images prises par MRO d'un cratère sur Mars qui dévoile de la glace (à gauche) le 18 octobre 2008, puis le 14 janvier 2009. © Nasa, JPL-Caltech
     Les images prises par MRO d'un cratère sur Mars qui dévoile de la glace (à gauche) le 18 octobre 2008, puis le 14 janvier 2009. © Nasa, JPL-Caltech

    Cette fois-ci, les scientifiques ont utilisé deux instruments sensibles à la température : le Mars Climate Sounder de MRO et la caméra ThemisThemis (pour Thermal Emission Imaging System) sur Mars OdysseyMars Odyssey pour établir une carte de la glace martienne. Ils ont ainsi pu détecter les changements de température de la surface de Mars induits par la glace enterrée. Concentrée le long des pôles, la glace est particulièrement proche de la surface, à moins de 30 centimètres en moyenne. Un peu plus en amont, la glace est enfouie sous 60 centimètres et plus de régolithe martien.

    Cette carte répertorie la glace prisonnière sous la surface de Mars. Les tons bleu-violet indiquent que la glace est située à moins de 30 centimètres et les tons vert-rouge qu'elle est située à plus de 60 centimètres de la surface. La forme blanche montre une région choisie par la Nasa pour un potentiel atterrissage sur Mars. © Nasa, JPL-Caltech
    Cette carte répertorie la glace prisonnière sous la surface de Mars. Les tons bleu-violet indiquent que la glace est située à moins de 30 centimètres et les tons vert-rouge qu'elle est située à plus de 60 centimètres de la surface. La forme blanche montre une région choisie par la Nasa pour un potentiel atterrissage sur Mars. © Nasa, JPL-Caltech

    Choisir un futur site d’atterrissage sur la Planète rouge

    Grâce à cette carte, la Nasa espère faire atterrir une future mission dans un endroit clément où la glace sera facilement accessible. Mais le choix est difficile ! Les latitudeslatitudes méridionales offrent les meilleures conditions météorologiques, l'ensoleillement y est plus important et les températures plus clémentes qu'aux pôles. Mais au pôle Nord, le terrain est moins accidenté et l'atmosphèreatmosphère y est plus épaisse, ce qui faciliterait un futur atterrissage.

    La région nommée Arcadia Planitia tire son épingle du jeu. Symbolisée par une forme blanche sur la carte, elle est située près du pôle Nord et possède une large zone où la glace est à moins de trente centimètres de profondeur. Cette glace fournira de l'eau à boire pour une éventuelle future colonie humaine sur Mars, mais aussi du carburant pour les fuséesfusées. Les colons martiens n'auront qu'à pelleter.


    Mars : découverte d’un des plus grands réservoirs d’eau de la planète

    Article publié le 28 mai 2019 par Xavier DemeersmanXavier Demeersman

    Deux nouvelles études démontrent qu'il y a plus de glace d'eau sur Mars qu'on ne le pensait. Les vestiges d'anciennes calottes glaciairescalottes glaciaires ont été découverts, enfouis sous le pôle Nord de la planète. Ces couches de glace renferment la mémoire du climatclimat passé de notre voisine.

    Y avait-il assez d'eau liquide sur Mars dans son passé pour qu'elle fût habitable ? À cette question posée depuis des décennies, les chercheurs pourraient bientôt pouvoir y répondre. En effet, dans l'édition du 22 mai de la revue Geophysical Research Letters, une équipe de planétologues des universités du Texas et de l'Arizona a dévoilé leur découverte - inattendue - d'un important stock de glace d'eau dissimulé sous la région du pôle Nord de la Planète rouge, actuellement coiffé d'un manteaumanteau de glace en surface. « Inattendue », car les chercheurs pensaient que ces vestiges des anciennes calottes polaires avaient disparu.

    Selon leurs premières estimations, Mars pourrait être globalement recouverte d'une couche d'eau d'1,5 mètre d'épaisseur au minimum, si cet immense réservoir caché venait à fondre. En réalité, il y aurait plus d'eau à cet endroit que dans la totalité des autres réservoirs détectés partout ailleurs dans le sous-sol de la Planète rouge - hormis les deux calottes glaciaires. Il s'agirait de la troisième plus grande réserve d’eau sur la planète.

    Superposition de couches de glace d’eau et de poussière exposées à la surface de Mars. © Nasa, JPL, université de l’Arizona
    Superposition de couches de glace d’eau et de poussière exposées à la surface de Mars. © Nasa, JPL, université de l’Arizona

    L’histoire climatique de Mars

    Les données moissonnées par le radar Sharad (Shallow Radar) de la sonde MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) ont révélé que cet ensemble enfoui est principalement constitué d'eau - de 66 % à 90 % autour du pôle - et de sablesable. Plus précisément, leur analyse - corroborée par une étude parallèle s'appuyant sur des données gravimétriques - plaide pour une disposition alternée de couches : vraisemblablement des dépôts éoliens de poussière martienne entre chaque stratestrate de glace formée lors des plages glaciaires précédentes (à l'instar de la Terre, Mars connaît aussi des changements climatiqueschangements climatiques causés par les variations de l'inclinaison de son axe de rotation). L'avantage de ces dépôts de sable est qu'ils auraient protégé ce qu'il restait des anciens glaciersglaciers des ultraviolets du Soleil et de l'évaporation lors de chaque période interglaciaire.

    Pour les planétologues, un tel gisementgisement est évidemment une manne considérable, une fenêtrefenêtre ouverte sur le climat du passé de Mars et sur l'évolution de ses ressources en eau. Et beaucoup rêveraient de les forer in situ pour en prélever des carottes de glacecarottes de glace qui raconteraient aussi l'histoire de son atmosphère sur plusieurs millions d'années.

    « Comprendre combien d'eau était disponible globalement par rapport à ce qui est piégé dans les pôles est important si vous voulez avoir de l'eau liquide sur Mars, explique l'auteur principal de ces recherches Stefano Nerozzi. Vous pouvez avoir les bonnes conditions pour la vie mais si la plus grande partie de l'eau est bloquée aux pôles, il devient alors difficile d'avoir une quantité d'eau liquide suffisante près de l'équateuréquateur ».

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    Mars : de la glace découverte en grande quantité sous sa surface !

    Article de Xavier Demeersman publié le 16 janvier 2018

    Des dépôts de glace d'eau avaient déjà été repérés sous la surface de Mars mais c'est la première fois qu'ils peuvent être observés sur le flanc de falaises, de véritables coupes transversales vues par la sonde MRO. Ces empilements de glace ont beaucoup à raconter sur les conditions passées sur Mars. Et ce n'est pas tout : peu profondes, bien localisées, ces réserves d'eau pourraient être très utiles aux futurs colons martiens.

    Les différentes couches de glace accumulées sont bien visibles sur les parois de cette falaise. Une véritable coupe transversale dans le sol de Mars. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS
    Les différentes couches de glace accumulées sont bien visibles sur les parois de cette falaise. Une véritable coupe transversale dans le sol de Mars. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS

    Depuis les années 2000 et les observations de la sonde spatiale Mars Odyssey d'abord, puis de Mars ExpressMars Express et de MRO (Mars Reconnaissance Orbiter) ensuite, les scientifiques savent qu'il y a de la glace d’eau sous la surface de Mars en de multiples endroits. En 2008, le robotrobot Phoenix, dépêché sur place au 68e parallèle, ne mit d'ailleurs pas longtemps à en trouver : il lui suffit d'égratigner la surface pour en découvrir aussitôt. Sur les pentes des bords de jeunes cratères d'impact, de la glace fut également repérée par les orbiteurs.

    Mais à présent, dans un article publié le 11 janvier dans la revue Science, une équipe de chercheurs décrit huit sites où des empilements de plusieurs couches de glace, hauts de plusieurs dizaines de mètres (jusqu'à 100 mètres pour certains), sont directement visibles. Il s'agit de falaises abruptes, dont les pentes sont inclinées jusqu'à 55°, qui sont situées dans les deux hémisphères de Mars, entre 55 et 58° de latitude. Elles ont pu être créées par la sublimationsublimation.

    Cette ouverture dans le sol martien s’est probablement formée par sublimation. Les glaciers sont en recul. La falaise au nord offre un point de vue sans précédent sur les différentes couches de glace qui se sont empilées au cours des cycles climatiques de la Planète rouge. Le site imagé par la caméra HiRise de la sonde MRO, est situé à 56,6° de latitude sud. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS
    Cette ouverture dans le sol martien s’est probablement formée par sublimation. Les glaciers sont en recul. La falaise au nord offre un point de vue sans précédent sur les différentes couches de glace qui se sont empilées au cours des cycles climatiques de la Planète rouge. Le site imagé par la caméra HiRise de la sonde MRO, est situé à 56,6° de latitude sud. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS

    Ce sont de véritables « coupes transversales à travers la glace qui nous donnent une vue en 3D avec plus de détails que jamais », a déclaré l'auteur principal de ces recherches réalisées avec MRO, Colin Dundas du U.S. Geological Survey au Astrogeology Science Center à Flagstaff. Des fenêtres ouvertes sur le sous-sol de Mars. Les analyses réalisées avec l'instrument Crism (Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars) ont confirmé qu'il s'agit bien d'eau gelée à tous les étages.

    Pour les chercheurs, c'est donc une excellente occasion de pouvoir étudier le passé géologique et climatique de la Planète rouge. Ces découvertes pourraient aussi être très profitables aux futures missions humaines en constituant des ressources en eau (entre autres) faciles d'accès.

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    Un livre ouvert sur le passé climatique de Mars

    Les précédentes découvertes de dépôts de glace aux latitudes moyennes suggéraient qu'ils sont ensevelis sous une couche de moins de 10 mètres d'épaisseur. À présent, dans leur étude, les chercheurs ont établi que la couche superficielle, qui se compose d'un mélange de poussière, de roches et de glace, n'est épaisse que d'un ou deux mètres seulement. Elle pourrait être l'œuvre du ventvent depuis des dizaines de milliers d'années. Certaines de ces coupes dans le sol martien atteignent 100 mètres de hauteur.

    L'obliquitéobliquité de Mars, à l'instar de celle de la Terre, change mais sur des rythmes de temps plus courts allant de centaines de milliers d'années à quelques millions d'années. L'inclinaison de son axe de rotation est actuellement comparable à celle de la Terre. Chaque fois que la planète était plus inclinée, la glace, estiment les planétologues, pouvait s'accumuler aux latitudes moyennes. Aussi, pour les chercheurs, ces millefeuilles de glace, qui pourraient être les restes de glaciers en recul, ont beaucoup de choses à raconter sur les conditions climatiques du passé : de par l'épaisseur des couches, leur étendue et aussi, par leur teneur en poussière...

    D’autres falaises observées par MRO où les empilements de glace sont visibles. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS, Colin M. Dundas <em>et al.</em>
    D’autres falaises observées par MRO où les empilements de glace sont visibles. © Nasa, JPL-Caltech, UA, USGS, Colin M. Dundas et al.

    Pour Leslie Tamppari, qui travaille sur la mission MRO au JPLJPL, envoyer une mission spéciale sur place, permettrait d'« obtenir une histoire climatique détaillée de Mars ». C'est en effet un livre ouvert sur ce passé, comme peuvent en rêver les planétologues. « C'est une partie de toute l'histoire de ce qui est arrivé à l'eau sur Mars : où va-t-elle ?, quand la glace s'est-elle accumulée ? Quand recule-t-elle ?, etc. »

    De la glace d’eau sur Mars, il y en a donc finalement beaucoup, « [...] sous environ un tiers de la surface martienne, estime Colin Dundas. Ce type de glace est plus répandu que nous le pensions auparavant ». Avec l'avantage que ces dépôts sont situés dans des endroits moins hostiles et moins froids que les régions polaires. « Les astronautesastronautes pourraient aller là-bas juste avec un seau et une pelle et obtenir toute l'eau dont ils ont besoin », a commenté son collègue Shane Byrne, du Laboratoire lunaire et planétaire de l'université de l'Arizona.


    Mars : de la glace très abondante, mais surtout très pure

    Article de Jean Étienne publié le 22 janvier 2009

    Les réserves de glace d'eau présentes sous les pôles martiens sont non seulement énormes, mais aussi d'une très grande pureté, selon une équipe de recherches travaillant sur les données de Mars Reconnaissance Orbiter.

    Une équipe réunissant des chercheurs du Laboratoire de planétologie de Grenoble (LPG, INSU, université Joseph FourierJoseph Fourier) vient de confirmer la très grande abondance d’eau martienne sous forme de glace, notamment au niveau de la calotte polaire sud de la Planète rouge. La pureté de cette glace est aussi remarquable, puisqu'elle atteint 95% dans les régions centrales, avec déplacement des impuretés à la périphérie.

    Le terme de calottes polaires est toutefois abusif, car il s'agit plutôt de dépôts stratifiésstratifiés. Constituant les plus grands réservoirs d'eau martienne, ils représentent une capacité évaluée à 2 à 3 millions de km³, selon les chercheurs dont l'étude est en cours de publication dans Geophysical Research Letters.

    Ces données ont été établies sur base de quelque 140.000 points de mesures acquis par le radar de subsurface Sharad, actuellement en orbiteorbite à bord de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter de la Nasa, notamment dans la région de Gemina Lingula, qui représente un quart de la surface totale de la calotte polaire nord.

    Image radar de subsurface (fig.A) au travers de la région de <em>Gemina Lingula</em> (fig.B), qui est comme une vue en coupe de la calotte polaire. En analysant la propagation du signal radar à l'intérieur de la glace, des scientifiques ont montré sa grande pureté. © <em>Mars Reconnaissance Orbiter, </em>Nasa, LPG
    Image radar de subsurface (fig.A) au travers de la région de Gemina Lingula (fig.B), qui est comme une vue en coupe de la calotte polaire. En analysant la propagation du signal radar à l'intérieur de la glace, des scientifiques ont montré sa grande pureté. © Mars Reconnaissance Orbiter, Nasa, LPG

    Des éléments pour la planétologie comparée

    Les propriétés physiquesphysiques de cette glace ainsi que sa distribution spatiale restent inconnues. Les mesures montrent tout de même une structure remarquable, en l'occurrence une variation brusque dans la constante diélectriqueconstante diélectrique au nord-ouest de Gemina Lingula. Elle peut s'interpréter comme une remontée d'environ 250 mètres de la base de la calotte, vraisemblablement provoquée par une extension de l'unité géologique sous-jacente, d'origine mal déterminée et probablement constituée de glace très sale.

    L'analyse de la pureté de la glace avec un haut pouvoir de résolutionrésolution est important afin d'en connaître la rhéologierhéologie, c'est-à-dire son comportement en fonction de sa plasticitéplasticité, son élasticitéélasticité et sa viscositéviscosité lorsqu'elle est soumise à des déformations, des contraintes et des pressionspressions. La distribution des impuretés est aussi un facteur du climat martien. Aussi, les données très précises aujourd'hui obtenues grâce au grand nombre de relevés va permettre de mieux caractériser la glace martienne, mais aussi sur ses interactions avec l'atmosphère de la planète.

    En planétologie comparée, la similitude entre les glaces martiennes et terrestres de même structure cristalline soumises à des environnements très différents (température et pression) pourra conduire à une meilleure compréhension des mécanismes d'évolution des calottes polaires.