L'Agence spatiale européenne milite depuis plusieurs années pour une stratégie d'exploration commune avec notamment un système de transport spatial habité international. Elle décide maintenant d'apporter son aide au projet de Sierra Nevada Corporation. Cette société américaine développe un engin ailé capable de transporter jusqu'à sept astronautes. À l’avenir, l'Esa n'exclut pas de participer à d’autres projets de véhicules orbitaux.

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    Depuis l'abandon de l'avion spatialavion spatial HermèsHermès en 1992, le développement d'un système de transport spatial habité n'est plus une priorité pour l'Europe. Et pourtant, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) dispose d'un très large éventail de technologies dans le domaine du transport spatial qui lui permettrait aisément d'en développer un. Ces technologies, qui pour la plupart n'ont jamais servi, ont été acquises au gré de programmes certes ambitieux, mais dont aucun n'a donné naissance à un système opérationnel à l'exception de l'ATV, un engin automatique, mais à qui l'on a imposé des contraintes de sécurité du vol habité.

    Dans le schéma actuel des vols habitésvols habités, avec des capacités russes et américaines (jusqu'en juillet 2011) pour le transport d'astronautes vers une seule destination (la Station spatiale internationale)), la mise au point d'un troisième système de transport n'a jamais été justifiée. Au lieu de cela, l'Esa a pris le chemin de la coopération internationale (Orion-MPCV, par exemple). Aujourd'hui, elle poursuit sa stratégie d'acquisition de nouvelles technologies. Cette année, elle devrait tester en vol l'IXV, un démonstrateur de rentrée atmosphériquedémonstrateur de rentrée atmosphérique qui vise la maîtrise du retour d'orbite dans le domaine du transport spatial.

    L'Esa embarque dans le Dream Chaser

    C'est dans ce contexte que l'Esa et Sierra Nevada Corporation ont signé, à l'initiative de la firme américaine, un mémorandum d'accord qui court jusqu'à début 2015. Il prévoit « l'identification de technologies européennes susceptibles d'être adaptées au Dream Chaser », nous explique Marco Caporicci, conseiller spécial chargé des questions de transport et d'exploration auprès du directeur vols habités et opérations à l'Esa. À cela s'ajoute des « études sur des missions habitées au-delà de l'ISS » ainsi que la possibilité de créer un « un consortium industriel comprenant des partenaires européens » pour utiliser le Dream Chaser dans le cadre de missions européennes.

    En vue d'artiste, le Dream Chaser de Sierra Nevada Corporation amarré à la partie occidentale de l'ISS. Certaines technologies européennes pourraient être adaptées à l’appareil. © Sierra Nevada Corporation

    En vue d'artiste, le Dream Chaser de Sierra Nevada Corporation amarré à la partie occidentale de l'ISS. Certaines technologies européennes pourraient être adaptées à l’appareil. © Sierra Nevada Corporation

    Le Dream Chaser est un engin ailé en forme de mininavette, en compétition avec deux autres projets pour répondre à un appel d'offres de la Nasa pour le développement d'un système de transport spatial habité privé. Cet appel d'offres se fait dans le cadre d'un partenariat public-privé qui permet à la Nasa de financer ces projets à mesure que des étapes techniques préalablement définies sont franchies.

    Le Dream Chaser pour tester le matériel de l’Esa

    Cet accord permettra à l'Esa de tester « son matériel et ses technologies dans l'espace à bord de ce véhicule habité ». En retour, Sierra Nevada Corporation verra ses coûts de développement et délais de production réduits. Surtout, la firme américaine profitera à bon compte de l'expertise de l'Agence spatiale européenne dans ce domaine. Cependant, soucieuse de ne pas biaiser la compétition entre les trois projets, l'Esa s'est dite prête à travailler avec les deux autres projets et à fournir le même type d'assistance à Boeing et SpaceX, a tenu à préciser Jean-Jacques Dordain lors de sa traditionnelle conférence de presse de début d'année, qui s'est tenue ce vendredi.

    Dans ce contexte, l'Esa pourrait fournir « le mécanisme européen d'amarrage IBDM (International Berthing and Docking Mechanism) » initialement développé pour le X-38, un démonstrateur qui devait préfigurer le véhicule de secours des équipages de la Station spatiale internationale (CRV, Crew Return Vehicle). Ce programme a depuis été abandonné. Ce système d'amarrage a la particularité d'être le premier conçu selon « des standards communs à toutes les agences spatiales partenaires du programme de l'ISS » de façon à avoir une interface d'amarrage commune, « ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », souligne Marco Caporicci. C'est à l'initiative de l'Agence spatiale européenne, en 2007, que ces mêmes agences spatiales sont parvenues à identifier ce nouveau standard d'amarrage qui permet d'avoir un minimum de compatibilitécompatibilité. Outre ce mécanisme d'amarrage, l'Esa pourrait également fournir des éléments d'aménagements de l'habitacle, des systèmes d'aide au pilotage et d'autres technologies développées pour l'avion spatial Hermès.