À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme ce 2 avril 2017, c’est l’occasion de rappeler les différents visages de cette maladie. L’autisme est un trouble envahissant du développement (TED) qui apparaît dans l’enfance et gêne l’individu dans ses interactions sociales, ce qui tend à l’isoler. Mais certains autistes se révèlent être de vrais petits génies, capables de résoudre des problèmes bien au-delà des compétences moyennes. Souvent, ces aptitudes sont liées aux mathématiques. Mais d'où cela vient-il ? D'une réorganisation très particulière du cerveau, selon une étude américaine parue en 2013.

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    Article de Janlou ChaputJanlou Chaput paru le 23/08/2013

    Les troubles du spectre autistiquetroubles du spectre autistique, qu'on résume souvent sous le seul terme d'autisme, se caractérisent souvent par un fort déficit social et communicationnel, associé à un intérêt particulier pour un domaine ou un thème. De l'avis de beaucoup, ces troubles sont avant tout d'ordre neurologique, et le cerveau ne se câble pas de la même façon que chez le reste de la population. En découlent le plus souvent des difficultés d'apprentissage conduisant à un retard mental, plus ou moins profond.

    Cependant, il existe différents degrés dans l'autisme. Si, effectivement, certains patients ne décrochent pas un mot ni ne regardent leur interlocuteur, d'autres parviennent peu ou prou à s'intégrer dans la société, même si celle-ci leur paraît parfois illogique. Quelques-uns sont même atteints de ce qu'on appelle le syndrome du savant, et résolvent des problèmes d'une complexité extrême. L'exemple caricatural est celui de Kim Peek, ayant inspiré le personnage de Rain Man, incarné par Dustin Hoffman dans un film de Barry Levinson, qui, soit dit en passant, n'a jamais été diagnostiqué autiste.

    Ainsi, les troubles du spectre autistique ne se résumeraient pas qu'à des déficits cognitifs, mais pourraient parfois procurer des capacités intellectuelles supérieures à la norme, au moins dans certains domaines. Souvent, ceux-ci sont associés aux mathématiques. Mais pourquoi ? C'est la question à laquelle Vinod Menon, de l'université Stanford (Californie, États-Unis) et ses collègues ont tenté de répondre dans Biological Psychiatry.

    Des enfants autistes qui décomposent les mathématiques

    Ainsi, ils ont retenu 18 enfants de 7 à 12 ans diagnostiqués autistes (14 garçons et 4 filles, ces troubles étant très majoritairement masculins) mais avec un haut niveau de compétences, ceux-ci ayant un QI et des capacités verbales et de lecture tout à fait dans la norme. Ils ont été soumis à 18 exercices mathématiques, et leurs scores ont été comparés avec 18 enfants du même âge, des mêmes sexes et n'ayant pas ce trouble envahissant du développement.

    L'autisme, trouble affectant entre 1 et 2 % des enfants, est avant tout une maladie neurologique. Le cerveau n'ayant pas une croissance normale, du fait de facteurs génétiques et environnementaux, le patient ne développe pas les mêmes capacités cognitives. © Hepingting, Flickr, cc by sa 2.0

    L'autisme, trouble affectant entre 1 et 2 % des enfants, est avant tout une maladie neurologique. Le cerveau n'ayant pas une croissance normale, du fait de facteurs génétiques et environnementaux, le patient ne développe pas les mêmes capacités cognitives. © Hepingting, Flickr, cc by sa 2.0

    Effectivement, ces jeunes autistes ont obtenu de meilleures performances que les autres. D'après les entretiens qu'ils ont pu avoir avec les auteurs, ils ont expliqué leurs méthodes de calcul. Bien plus souvent, ils avaient recours à des stratégies de décomposition, contrairement à leurs homologues qui utilisaient davantage leur mémoire. Ainsi, pour déterminer par exemple le résultat de la somme 9 + 5, les autistes découpent plus volontiers l'équationéquation en 9 + 1 + 4, de manière à obtenir 10 + 4, pour rendre plus évident le résultat, 14.

    Un cerveau différent, un raisonnement différent

    Ce n'est pas tout. Ces exercices ont été réalisés sous IRM, afin de voir les régions du cerveau particulièrement actives au moment de la résolutionrésolution des problèmes. Les auteurs, surpris, ont noté une suractivation du cortex occipital ventral temporaltemporal, région normalement dédiée au traitement des informations visuelles.

    Ainsi, cela suggère que le cerveau des autistes se réorganise, et que cette stratificationstratification neurologique non conventionnelle pourrait, dans certains cas, favoriser l'émergenceémergence de capacités cognitives particulièrement exceptionnelles. Grâce à ce genre de compétences, les personnes atteintes peuvent tout à fait trouver leur place dans la société.

    Cependant, il faut rester prudent quant aux conclusions de cette étude et surtout éviter la généralisation. Les participants ont été triés sur le volet et ne sont absolument pas représentatifs de la population d'autistes. Mais ce travail prouve malgré tout que ce qui peut être considéré comme un handicap cache parfois un potentiel étonnant.