Entre 1979 et 2009, les efforts pour sauver les baleines de l’Atlantique nord ont globalement été inefficaces. Des chercheurs ont étudié sur cette période les morts constatées de grands cétacés. Lorsqu'une cause est trouvée, deux fois sur trois, c'est une activité humaine, pêche ou trafic maritime. Quelques lueurs d’espoir existent cependant. 

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    L'Atlantique nord abrite plusieurs populations de cétacés en danger d'extinction. Le cas de la baleine franche Eubalaena glacialisEubalaena glacialis, ou baleine de Biscaye, est particulièrement préoccupant. Seuls 460 individus environ, dont certains peuvent mesurer jusqu'à 16 m de long, évolueraient encore au large des côtes canadiennes et américaines. Plusieurs activités humaines, comme la pêche et le trafic maritime, expliqueraient partiellement ce petit nombre.

    Les baleines de Biscaye, tout comme d'autres espèces, perdraient en effet régulièrement la vie après s'être enchevêtrées dans des engins de pêche. Ne pouvant plus remonter vers la surface, elles meurent par noyade. Les navires sont quant à eux responsables de nombreuses collisions occasionnant la mort ou de graves lésions chez les cétacés. Des mesures ont été prises pour en réduire l'importance. Les États-Unis ont ainsi interdit toute navigation, ou limité la vitessevitesse des embarcations de plus de 20 m à 18 km/h, dans certaines eaux fréquentées par ces mammifères marins. Mais est-ce efficace ? 

    Tous les décès survenus chez 8 espèces de cétacés dans le nord-ouest de l'Atlantique entre 1970 et 2009 ont été répertoriés par Julie van der Hoop de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI). Globalement, et selon les chiffres parus dans la revue Conservation Biology, les mesures de protection mises en place durant cette période ont été inefficaces ! Cependant, certains résultats locaux sont plus positifs.  

    Cette baleine franche de l'Atlantique nord a été lacérée par l'hélice d'un navire. © NOAA, DP

    Cette baleine franche de l'Atlantique nord a été lacérée par l'hélice d'un navire. © NOAA, DP

    Les filets et les hélices sont redoutables

    En tout, 1.762 décès ont été passés en revue, dont 122 de baleines franches de l'Atlantique nord, 473 de baleines à bosse (Megaptera novaeangliaeMegaptera novaeangliae)) et 257 de rorquals communs (Balaenoptera physalusBalaenoptera physalus). Les causes de la mort ont pu être déterminées pour 742 individus (environ 42 % des cas), et pour ceux-là, les activités humaines expliqueraient à elles seules 67 % des morts ! Près de 323 baleines auraient perdu la vie en s'empêtrant dans des engins de pêche, 248 seraient mortes de causes naturelles et enfin, le trafic maritime aurait causé 171 collisions mortelles. Une tendance temporelle s'est également démarquée : le rôle joué par l'Homme sur la mortalité des cétacés n'a cessé de grandir entre 1990 et 2009.

    Des mesures de protection ont été mises en place en 2003 en de nombreux lieux mais aucun effet probant n'a été observé en 2009 à grande échelle ! Des efforts locaux ont cependant payé. Un déplacement de la route maritime empruntée par les navires dans la baie de Fundy, entre les provinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle Écosse au Canada, aurait ainsi permis de réduire le nombre de décès causés par des collisions chez les baleines franches. 

    De nouvelles avancées vont être rendues possibles par les données spatiales fournies par Julie van der Hoop. Grâce à la connaissance précise des lieux propices aux accidentsaccidents, de nouvelles zones de protection vont être mises en place avec une précision accrue. Le plus grand nombre de collisions a par exemple été répertorié à proximité du cap Hatteras en Caroline du Nord (États-Unis), un lieu où aucune mesure de conservation particulière n'a été appliquée. Tout geste fait dans cette région ne pourra être que bénéfique. 

    De nombreux efforts de préservation ont été entrepris après 2009 sans que leurs effets soient pris en compte dans cette étude. Cependant, et selon Greg Silber de l'US National Marine Fisheries Service, la population des baleines franches de l'Atlantique nord serait actuellement en train d'augmenter. Cette tendance ne signifie pas pour autant qu'Eubalaena glacialis est sauvée, mais elle a le mérite d'augurer un meilleur avenir pour cette espèce.