Depuis 1987, les baleiniers japonais sévissaient dans les eaux antarctiques à titre scientifique. Mais l’Australie avait accusé l’Empire du soleil levant de prendre ce prétexte pour pêcher les baleines à des fins commerciales. La Cour internationale de justice a donné raison à l’accusateur et somme le Japon d’arrêter ses expéditions dans les mers australes.

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    Le moratoire adopté par la Commission baleinière internationale (CBI)) court depuis 1982. Il précise que la chasse à la baleine pour des raisons commerciales est strictement bannie, mais qu'elle peut être menée à des fins scientifiques. Néanmoins, chaque pays demeure dans l'obligation de définir annuellement ses quotas de pêchequotas de pêche devant le comité scientifique, qui juge du bien-fondé du programme.

    Or, en 2010, l'Australie accusait le Japon de prélever bien trop de baleines pour de simples études mais qu'il s'agissait plutôt d'un prétexte pour remplir les étals des poissonniers nippons, puisque le cétacé occupe une place traditionnelle dans la gastronomie du pays. La Cour internationale de justice, basée à La Haye (Pays-Bas) s'est saisie du dossier et vient de rendre son verdict, à 12 voix contre 4 : le Japon doit retirer toute autorisation ou licence permettant à ses navires de chasser la baleine dans les eaux antarctiques délivrées dans le cadre du programme Jarpa II. Le tribunal juge en effet que des considérations financières sont rentrées en jeu.

    Beaucoup de baleines tuées, peu étudiées

    Le tribunal pointe notamment du doigt le « manque de transparencetransparence » dans l'établissement des quotas, jugés « non raisonnables ». Depuis 2005, ces quotas pour les baleines de Minke ont par exemple doublé, tandis que les Nippons ont demandé à pouvoir ramener 50 rorquals communs et 50 baleines à bosse en plus que les années précédentes. Or, depuis cette date, seule deux études scientifiques relues par des pairs ont été publiées, et portaient en tout sur 7 baleines de Minke, pêchées au tout début de cette période. Sur le même laps de temps, 3.600 de ces petits rorquals ont été ramenés par les baleiniers japonais.

     Les rorquals communs, occasionnellement ramenés par les baleiniers japonais, vont pouvoir désormais nager tranquillement dans les eaux antarctiques. © Visit Greenland, Wikipédia, cc by 2.0

    Les rorquals communs, occasionnellement ramenés par les baleiniers japonais, vont pouvoir désormais nager tranquillement dans les eaux antarctiques. © Visit Greenland, Wikipédia, cc by 2.0

    La cour reproche notamment au Japon de ne pas avoir adapté ses méthodes au cours du temps. Si elle est prête à reconnaître la nécessite de prélever un échantillon important d'individus pour mener à bien certaines recherches, elle accuse les Nippons de ne pas suffisamment prendre en compte les méthodes non létales au cours de leurs campagnes de pêche.

    Le Japon peut-il quitter la CBI ?

    Évidemment, le Japon se défend en précisant que cette cour de justice n'est pas habilitée à définir ce qui est de la science de ce qui ne l'est pas. L'État d'Extrême-Orient reconnaît aussi vendre la viande de baleine excédentaire sur les marchés locaux, mais signale que 75 % des stocks ne sont pas consommés. La preuve, à leurs yeuxyeux, que la pratique n'a pas d'utilité économique.

    Les baleiniers nippons ne sont pas revenus des dernières campagnes aussi chargés qu'ils auraient pu. Dernièrement, ils ont prélevé des océans deux fois moins de baleines de Minke que les quotas ne les y autorisait, 18 rorquals communsrorquals communs et pas une baleine à bosse. Et cela même avant que les activistes écologistes ne viennent les harceler et couper la route des bateaux de pêche.

    Le Japon a fait savoir qu'il accepterait cette décision, puisqu'il n'a pas le droit de faire appel. Néanmoins, il pourrait décider de quitter la CBI en signe de protestation et de ce fait ne plus être tenu de respecter le traité signé dans les années 1980. Autrement dit, il pourrait redevenir libre de pêcher les baleines pour des raisons économiques, exactement comme l'a fait l'Islande en 2006 avec l'autorisation de la commission.