L'annonce par Shell et Total de la découverte de pétrole au large de la Guyane française a suscité des réactions variées. Pour les uns, c'est une manne financière laissant envisager des retombées économiques et sociales importantes ; pour les autres, c'est un danger environnemental qui expose la biodiversité au risque de marées noires.

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    La découverte de pétrole au large de la Guyane inquiète les associations écologiques. Le souvenir de Deepwater au large de la Louisiane est toujours présent. © ideum, Flickr, cc by sa 2.0

    La découverte de pétrole au large de la Guyane inquiète les associations écologiques. Le souvenir de Deepwater au large de la Louisiane est toujours présent. © ideum, Flickr, cc by sa 2.0

    Le 9 septembre dernier, un consortium pétrolier formé par Shell, Tullow Oil, Total et Northpet a annoncé la découverte de pétrole au large de la Guyane française. Si cette découverte pourrait bien représenter une ressource financière pour la population locale, des forages supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer que les hydrocarbureshydrocarbures découverts sont effectivement exploitables, ce qui inquiète particulièrement les écologistes.

    Le forage du consortium pétrolier se situe à environ 150 km des côtes guyanaises où le plancherplancher océanique est recouvert par 2.000 m d'eau. Le forage, qui a débuté en mars dernier, a atteint une profondeur de plus de 5.700 mètres où il a rencontré environ 70 mètres d'huile. Les travaux doivent continuer en vue de l'exploitation des hydrocarbures. Or forer à cette profondeur n'est pas sans danger.

    Le pétrole découvert par le consortium se situe à 150 km des côtes de la Guyane française. © idé

    Le pétrole découvert par le consortium se situe à 150 km des côtes de la Guyane française. © idé

    Les associations environnementales ne sont donc pas rassurées. Dans un communiqué de presse, les membres de EELV (Europe Écologie Les Verts) avaient d'ailleurs déclaré : « L'avenir de la Guyane, ce sont l'écotourisme, la pêche artisanale, les énergies renouvelables, pas les marées noires ! » Pourtant, selon les propos d'un responsable de communication, Shell se veut rassurant et « s'engage à protéger les ressources naturelles de la Guyane française, sur terre et en mer : surveiller les activités qui pourraient concerner les mammifères marins, être préparé en cas d'incident, travailler avec les populations locales... »

    Une biodiversité menacée ?

    Un discours qui doit probablement sonner faux du côté de l'Écosse. Il y a environ un mois, au large d'Aberdeen, une fuite avait été détectée sur un des oléoducsoléoducs de la plateforme Gannet Alpha, exploitée par Shell. Elle avait causé la perte de l'équivalent de 1.300 barils de pétrolebarils de pétrole brut - soit environ 200.000 litres - qui s'étaient rependus dans la mer du Nordmer du Nord.

    Que se passerait-il en cas de fuite similaire au large de la Guyane ? Au-delà de l'impact que pourrait avoir une marée noire sur l'ensemble de la vie marine, c'est la mangrovemangrove qui est exposée. À peu près toute la côte est de l'Amérique du Sud en est recouverte. La Guyane française n'échappe pas à cette règle. Cet écosystèmeécosystème particulier est constitué principalement de palétuvierspalétuviers, un groupe d'arbresarbres particulièrement adaptés au littoral puisque leurs racines tolèrent d'être baignées dans l'eau de mer. La mangrove accueille une diversité abondante et variée. Cet écosystème serait directement menacé en cas de marée noiremarée noire et c'est un des aspects qui inquiètent les associations environnementales. En outre, des études ont montré que les mangroves étaient capables de fixer de grandes quantités de carbone et ainsi, étaient particulièrement importantes dans la lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique.

    La mangrove accueille une biodiversité riche et fixe efficacement le carbone. © rhum1legrand, Flickr, cc by nc 2.0

    La mangrove accueille une biodiversité riche et fixe efficacement le carbone. © rhum1legrand, Flickr, cc by nc 2.0

    Enfin, la pêche - essentiellement de la crevette et du vivaneau - est une des principales activités économiques du pays et serait fortement menacée en cas de fuite.

    Cependant, la découverte de pétrole est aussi une bonne nouvelle pour l'économie, dans une région où le taux de chômage dépasse les 20 %. Au ministère de l'Écologie, on assure d'ailleurs que « si une exploitation d'hydrocarbures se révèle possible, l'État veillera tout particulièrement à ce que les collectivités, les entreprises locales et plus généralement la population de la Guyane bénéficient des retombées économiques ».

    Une découverte douce-amère donc, entre manne financière et danger écologique...